Biographie George Sand
5 juin 1804 : mariage à Paris de Maurice Dupin et de Sophie Delaborde. Le 1er juillet naissance d’Amantine, Aurore, Lucile Dupin, leur fille, qui deviendra George Sand. Sa famille paternelle appartient à la grande bourgeoisie cultivée, et par sa grand-mère elle descend du maréchal Maurice de Saxe, allié par sa nièce Marie Josèphe, dauphine de France, à la famille royale. Sa famille maternelle au contraire appartient au petit peuple de Paris mais George Sand ne reniera jamais aucune de ses origines, où elle puise une expérience multiple et originale.
1808 : Maurice Dupin, lieutenant-colonel aide de camp du prince Murat, accompagne son chef en Espagne. Au mois d’avril, sa femme et sa fille le rejoignent. Le 12 juin, naissance d’Auguste Dupin à Madrid. Fin juillet, toute la famille arrive à Nohant, chez la mère de Maurice Dupin. Le 8 septembre, mort d’Auguste. Le 16 septembre, Maurice Dupin se tue en tombant de cheval. Après bien des discussions, Sophie Dupin abandonne la garde de sa fille (28 janvier 1809). L’enfant fera quelques séjours à Paris pour voir sa mère mais elle est élevée principalement à Nohant, ce qui lui apporte aussi l’expérience directe de la vie à la campagne, autant celle des paysans que des châtelains ; pour faciliter ses déplacements et économiser ses robes, son précepteur la fait habiller en garçon.
18 janvier 1818 : Aurore entre comme pensionnaire au couvent des Augustines anglaises, à Paris. Premiers essais littéraires pour ses camarades. Elle en reviendra le 12 avril 1820 après avoir connu une véritable crise mystique ; adulte, Sand continuera à se rattacher à une foi globalement chrétienne, mais s’éloignant de la pratique religieuse et devenant de plus en plus anticléricale.
26 décembre 1821 : mort de sa grand-mère
1822 : Au printemps, Aurore séjourne chez des amis de son père, les Roëttiers du Plessis, près de Melun. Elle y rencontre François Casimir-Dudevant qu’elle épouse le 17 septembre. Malgré la naissance de leur fils, Maurice, le 30 juin 1823, le mariage est un échec, à un tel point que l’on peut penser que Solange Dudevant, née le 13 octobre 1828, serait plutôt la fille de Stéphane Ajasson de Grandsagne, un jeune noble des environs de Nohant, amant d’Aurore pendant quelques mois.
30 juillet 1830 : Aurore fait la connaissance, chez ses amis Duvernet, de Jules Sandeau, qui devient son amant. Après avoir découvert en novembre un testament fait par son mari et particulièrement injurieux pour elle, elle obtient de partager son temps entre Nohant et Paris, où elle part le 4 janvier 1831. Elle y retrouve Jules Sandeau et parvient à placer quelques articles au Figaro, journal du Berrichon de Latouche. Après avoir écrit ensemble Le Commissionnaire sous le nom d’Alphonse Signol, un romancier décédé, Jules Sandeau et Aurore Dudevant rédigent Rose et Blanche, paru en décembre sous le pseudonyme commun de J. Sand. Elle reprend le costume masculin qui lui permet de se déplacer en toute tranquillité.
1832 : Aurore écrit et publie seule Indiana (18 mai). Elle choisit alors de signer George Sand. En novembre, parution de Valentine, premier roman berrichon.
Eté 1833 – 6 mars 1835 : liaison tourmentée avec Alfred de Musset. Ils partent ensemble à Venise : séjour gâché par des maladies et des tromperies réciproques. Musset rentre en France le 29 mars, laissant George Sand en compagnie du médecin vénitien Pagello. Ce séjour inspirera à George Sand des contes vénitiens et les premières Lettres d’un voyageur. Le 18 juillet 1833, parution de Lélia, roman du désenchantement, et de la mélancolie romantique.
16 février 1836 : séparation des époux Dudevant. En septembre, voyage en Suisse avec ses enfants en compagnie de Franz Liszt et Marie d’Agoult. Sous l’influence de Liszt, Sand s’intéresse aux idées de Lamennais qui prône un christianisme social.
Juin 1838 : liaison avec Frédéric Chopin ; à partir d’octobre, séjour aux Baléares, avec son compagnon et ses enfants (retour le 1er juin 1839)
Dans l’hiver 1839-1840, Sand se lie d’amitié avec Pauline Viardot, cantatrice de premier plan, qui lui inspire de nombreux aspects de l’important roman Consuelo, et sa suite La Comtesse de Rudolstadt, qui paraîtront en 1842 – 1844. Le 29 avril, Sand s’essaie au théâtre avec Cosima, qui est un échec. Chopin et George Sand organisent leur vie, l’hiver à Paris et l’été à Nohant : Chopin composera pendant ces années de vie commune la majeure partie de son œuvre.
1844 – 1848 : Sans négliger d’autres thèmes, Sand écrit la plupart de ses romans d’inspiration rustique (Jeanne, Le meunier d’Angibault, La Mare au Diable, Le Péché de Monsieur Antoine, La Petite Fadette, François le Champi). L’influence du penseur socialiste Pierre Leroux est déterminante dans l’évolution de son engagement politique autant que dans sa création romanesque.
1847 : année difficile sur le plan personnel ; sa fille Solange, juste fiancée avec Ferdinand de Preaulx, rencontre en février le sculpteur Clésinger qui doit faire le buste de G. Sand ; le 16 avril, Clésinger vient à Nohant ; Solange rompt ses fiançailles et l’épouse le 19 mai. Chopin n’approuve pas ce mariage ; fin juillet, lettre de rupture de George Sand à Chopin. Brouille avec les Clésinger. Pour distraire sa mère, Maurice invente le théâtre des marionnettes, qui atteindra par la suite un perfectionnement extraordinaire et comptera jusqu’à trois cents personnages, pris dans toutes les couches de la société et toutes les traditions littéraires et théâtrales.
22 février 1848 : Début des mouvements révolutionnaires qui mèneront à la proclamation de la deuxième République. Influence réelle de George Sand sur la vie politique ; sur demande du ministre de l’Intérieur elle participe à la rédaction des Bulletins de la République. Choquée par la répression de juin, elle rentre à Nohant et quitte la scène politique. Publication de pamphlets : Aux riches, Histoire de France écrite sous la dictée de Blaise Bonnin, Paroles de Blaise Bonnin aux bons citoyens. Le 28 février, sa fille Solange a mis au monde une fille qui n’a pas vécu.
10 mai 1849 : naissance de la seconde fille de Solange, Jeanne (Nini). En novembre, on inaugure le petit théâtre de Nohant, où Sand pourra expérimenter grandeur nature ses recherches dramatiques.
En 1850 : début de la liaison avec le graveur Alexandre Manceau, un ami de son fils, venu passer quelques semaines à Nohant.
En 1851 : George Sand se consacre au théâtre : Claudie et Le Mariage de Victorine sont des succès. Son opposition au coup d’Etat et à la proclamation de l’Empire se manifeste par l’aide qu’elle apporte aux Républicains poursuivis et exilés, pour qui elle demande à l’Empereur et à son entourage indulgence et remises de peine.
En 1853 : Parmi une importante production romanesque, paraissent Les Maîtres Sonneurs, dernier des romans dits « champêtres », même si le Berry ne disparaît pas complètement de l’œuvre de George Sand.
1854 : Sand commence à faire paraître ses mémoires, Histoire de ma Vie. Graves problèmes dans le ménage Clésinger, qui se sépare officiellement le 16 décembre. George Sand obtient la garde de sa petite-fille.
13 janvier 1855 : mort de Jeanne Clésinger. George Sand, sur les conseils de son fils et de son compagnon, part en Italie pour combattre son chagrin (28 février – 17 mai). Malgré sa douleur elle écrit Sur la mort de Jeanne Clésinger : elle y raconte une sorte de rêve où elle dit avoir vu l’âme de sa petite-fille, ce qui lui permet d’affirmer sa foi en une immortalité de l’âme et une vie éternelle, détachées cependant de l’orthodoxie catholique. Fin de la parution d’Histoire de ma Vie.
Après s’être surtout consacrée au théâtre en 1856, George Sand fait paraître en 1857 La Daniella, roman inspiré de ses souvenirs d’Italie, qui déclenche une polémique franco-italienne : Sand y décrivait avec vigueur une Italie bigote et corrompue. Au cours du printemps, elle redécouvre Gargilesse, et s’y plaît tant que Manceau y achète une petite maison.
1858 et 1859 : voient naître une importante production romanesque, et ses séjours à Gargilesse lui inspirent Promenades autour d’un Village.
Un voyage en Auvergne en juin 1859 lui inspire plusieurs romans situés dans les lieux de ses villégiatures (La Ville Noire, Le Marquis de Villemer, Jean de la Roche) : c’est un procédé créatif fréquent chez elle. D’ailleurs, après une sérieuse maladie en oct-nov. 1860, George Sand fait un séjour près de Toulon (à Tamaris, de la mi-février à la fin mai) d’où elle rapportera le cadre des romans Tamaris et La Confession d’une Jeune Fille.
17 mai 1862 : mariage de son fils Maurice.
1863 : naissance de son petit-fils Marc-Antoine ; publication de Mademoiselle La Quintinie, roman dont les prises de position fortement anticléricales susciteront de vives réactions. On n’utilise plus le grand théâtre de Nohant mais Maurice construit le castelet des marionnettes sous sa forme définitive, d’une grande ingéniosité technique et qui constitue encore un ensemble unique en Europe.
1864 : année difficile : à la suite de brouilles entre Maurice et Manceau, George Sand et son compagnon s’installent à Palaiseau. Le petit Marc-Antoine meurt au mois de juillet. George Sand présente l’adaptation théâtrale du Marquis de Villemer, tirée du roman, qui obtient un grand succès dû davantage à la récente polémique à propos de Mlle La Quintinie qu’à la qualité de la pièce, simplement honorable.
21 août 1865 : mort de son compagnon Alexandre Manceau.
10 janvier 1866 : naissance de sa petite-fille Aurore ; retour à Nohant près de ses enfants. Voyages à Croisset chez Flaubert, devenu un ami fidèle ; leur correspondance est extrêmement intéressante.
1868 : naissance de sa deuxième petite-fille, Gabrielle. Par réaction contre l’église catholique, les enfants de Maurice sont baptisés selon le rite protestant.
George Sand suit depuis le Berry les évènements de 1870-1871 ; elle se désole de l’occupation et ne comprend pas la violence de la Commune.
A partir de 1873, les romans se font plus rares. George Sand s’occupe surtout de ses petites-filles et écrit pour elles les Contes d’une grand-mère, dont la première série paraît le 15 novembre.
8 juin 1876 : mort de George Sand à Nohant ; elle est inhumée dans le cimetière familial. Quelques jours après sa mort paraissent ses derniers romans : La Tour de Percemont et Marianne, et quelques mois plus tard la seconde série des Contes d’une grand-mère.
(Nous n’avons mentionné dans cette esquisse biographique que les œuvres qui marquaient des étapes importantes de la carrière littéraire de Sand ou qui accompagnaient des évènements marquants. Pour les autres œuvres, nous vous renvoyons à sa bibliographie).
Texte Marielle Caors - Vandekerkhove
Source: Bicentenaire George Sand
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