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agonia Textes Recommandés
■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2023-06-04 | |
Le ravin avait sur ses versants abrupts quelques touffes fleuries. Les ombres des oiseaux planeurs venaient manger leurs couleurs, et la vallée écoutait le chant des pierres et de l’eau. La rivière souveraine muselait ses vassaux, l’étroitesse et l’obscurité baissaient la tête.
Avec sa botte, il écrasa son mégot profondément dans la terre et continua à longer la gorge. Après un long périple, il se trouva dans un endroit ouvert. Les prairies ouvraient leurs bras avec leurs parfums enivrants ; les arbres respiraient dans l’abondance de leur feuillage. L’homme avait dans sa besace le gibier qu’il avait piégé avec des collets. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front, le soleil avait percé l’écran des nuages. La rivière continuait d’onduler avec des reflets d’or sur sa robe. Il s’agenouilla au bord et puisa avec ses mains pour se rafraîchir, et finalement y plongea la tête. Puis, comme un lion secoue sa crinière, il secoua sa chevelure brune et s’allongea sur l’herbe en souriant et en respirant comme un être délivré des ronces et des noirceurs. Il continua son chemin, traversa une petite forêt, et au sortir, il aperçut sa maison. C’était une vieille habitation en pierre, une ancienne bergerie. Comme des yeux enfoncés, il y avait deux petites fenêtres en façade, ce qui donnait un aspect sombre et mystérieux. L’homme ouvrit la porte et déposa ses provisions sur la table. De grosses poutres habillaient le plafond, la maison n’avait qu’une pièce : une table, des chaises, une cheminée, et un coin lit. Sur le lit, une femme était assise. Une femme ni belle ni laide. Une femme étrange, au visage diaphane, avec de grands yeux. Une femme qui ne disait jamais rien. Parfois, de la lave coulait sur ses joues. Parfois, des lumières inondaient son front. Elle ne bougeait pas du lit, elle attendait que l’homme revienne. Avec son regard clair, elle l’observait quand il dépeçait le gibier, mettait du bois dans la cheminée, faisait à manger ou se lavait avec l’eau de la rivière. L’homme avait tout quitté pour cette bergerie. Il s’était séparé des lois de l’orgueil, des fruits âpres, des oiseaux mécaniques, des machines rutilantes, des foires impénitentes. Il avait fui l'enfer d'un monde à la dérive. Il avait laissé son armure et ses armes à la lisière de la grande ville. Et, quand la femme étrange lui souriait, elle pansait ses blessures. Après avoir mangé, il se mit à ranger, dépoussiérer et balayer son logis. Il sortit et mit ses peaux à sécher sur le vieil enclos où bêlaient chèvres et moutons. Puis il alla fendre du bois. Quand il s’assit sur le perron pour fumer, les étoiles avaient déjà jeté leurs filets sur les silences des montagnes. Et les silences avaient beau se débattre, ils étaient prisonniers des clartés. L’homme fut réveillé par le bruit assourdissant des voitures. Il se leva étonné. Et vite, il comprit que ce n’était qu’un rêve. Un désir enfoui au fond du cœur.
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