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Le Prophète
poèmes [ ]
5 - 8

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par [Khalil_Gibran ]

2004-07-16  |     |  Inscrit à la bibliotèque par lucia sotirova




5
La Boisson et la Nourriture


Puis un vieil homme, un aubergiste, dit, Parle-nous du Manger et du Boire.
Et il dit :

Puissiez-vous vivre du parfum de la terre, et comme une plante être rassasié de lumière.

Mais comme vous devez tuer pour manger, et dérober au nouveau-né le lait de sa mère pour étancher votre soif, faites-en alors un acte d'adoration.

Et que votre table s'érige comme un autel sur lequel le pur et l'innocent de la forêt et de la plaine sont sacrifiés pour ce qui est plus pur et encore plus innocent en l'homme.

Lorsque vous tuez un animal, dites-lui en votre cœur :

"Par cette même puissance qui te donne la mort, je suis mis à mort également ; et je serai aussi dévoré.

Car la loi qui t'a livré entre mes mains me livrera à une main encore plus puissante.

Ton sang et mon sang ne sont autre que la sève qui nourrit l'arbre des cieux."

Et quand vous croquez une pomme à pleines dents, dites lui en votre cœur :

"Tes graines vivront en mon corps,

Et les bourgeons de tes lendemains s'épanouiront dans mon cœur,

Et ton parfum sera mon haleine,

Et ensemble nous nous enchanterons en toutes saisons".

Et à l'automne, quand vous vendangez le raisin de votre vigne pour l'apporter au pressoir, dites en votre cœur :

"Je suis aussi une vigne, et mes fruits seront récoltés pour être pressés,

Et comme un vin nouveau je serai conservé dans d'éternelles amphores".

Et en hiver, lorsque vous tirez le vin, qu'il y ait en votre cœur un chant pour chaque coupe ;

Et qu'il y ait dans ce chant une pensée pour les jours d'automne, et pour la vigne, et pour le pressoir.


6
Le Travail


Alors un laboureur dit, Parle-nous du Travail.
Et il répondit, disant :

Vous travaillez afin de marcher au rythme la terre et de l'âme de la terre.

Car être oisif est devenir étranger aux saisons, et s'écarter de la procession de la vie, qui marche avec majesté et en une fière soumission vers l'infini.

Quand vous travaillez, vous êtes une flûte dont le cœur transforme en musique le chuchotement des heures.

Qui parmi vous voudrait être un roseau muet et silencieux, alors que le monde entier chante à l'unisson ?

On vous a toujours dit que le travail est une malédiction et que le labeur est une malchance.

Mais je vous le dis, quand vous travaillez, vous accomplissez une part du rêve le plus ancien de la terre, qui vous fut assignée lorsque ce rêve naquit.

Et en vous gardant proche du travail, vous êtes dans le véritable amour de la vie.

Et aimer la vie par le labeur est devenir intime avec le plus profond secret de la vie.

Mais si dans votre souffrance, vous considérez la naissance comme une affliction, et le poids de la chair comme une malédiction inscrite sur votre front, alors je réponds que rien d'autre que la sueur de votre front peut laver ce qui y est inscrit.

On vous a dit aussi que la vie est obscurité, et dans votre lassitude vous répétez ce que disent les las.

Et je vous dis que la vie est en effet obscure sauf là où il y a élan,

Et tout élan est aveugle sauf là où il y a la connaissance.

Et toute connaissance est vaine sauf là où il y a le travail,

Et tout travail est futile sauf là où il y a l'amour ;

Et quand vous travaillez avec amour vous attachez votre être à votre être, et vous aux autres, et vous à Dieu.

Et que veut dire travailler avec amour ?

C'est tisser une étoffe avec un fil tiré de votre cœur, comme si votre bien-aimé devait porter cette étoffe.

C'est bâtir une maison avec affection, comme si votre bien-aimé devait résider dans cette maison.

C'est semer le grain avec tendresse, et récolter la moisson dans la joie, comme si votre bien-aimé devait en manger le fruit.

C'est insuffler dans toutes les choses que vous fabriquez l'essence de votre esprit.

Et savoir que tous les morts vénérables se tiennent près de vous et regardent.

Je vous ai souvent entendu dire, comme si vous parliez dans votre sommeil, "Celui qui travaille le marbre, et dévoile dans la pierre la forme de son âme, est plus noble que celui qui laboure la terre.

Et celui qui s'empare de l'arc-en-ciel pour l'étendre sur une toile à l'image d'un homme, vaut plus que celui qui fabrique des sandales pour nos pieds."

Mais je dis, non en mon sommeil, mais dans le plein éveil du milieu du jour, que le vent ne parle pas avec plus de tendresse au chêne géant qu'au moindre des brins de l'herbe ;

Et que seul est grand celui qui, par son propre amour, métamorphose la voix du vent en un chant plus doux.

Le travail est l'amour rendu visible.

Et si vous ne pouvez travailler avec amour mais seulement avec dégoût, il vaut mieux quitter votre travail et vous asseoir à la porte du temple et recevoir l'aumône de ceux qui travaillent dans la joie.

Car si vous faites le pain avec indifférence, vous faites un pain amer qui n'apaise qu'à moitié la faim de l'homme.

Et si vous pressez le raisin de mauvaise grâce, votre rancune distille un poison dans le vin.

Et si vous chantez comme les anges, mais n'aimez pas le chant, vous voilez aux oreilles de l'homme les voix du jour et les voix de la nuit.


7
La Joie et la Tristesse


Une femme dit alors : Parle-nous de la Joie et de la Tristesse.
Il répondit :

Votre joie est votre tristesse sans masque.

Et le même puits d'où jaillit votre rire a souvent été rempli de vos larmes.

Comment en serait-il autrement ?

Plus profonde est l'entaille découpée en vous par votre tristesse, plus grande est la joie que vous pouvez abriter.

La coupe qui contient votre vin n'est-elle pas celle que le potier flambait dans son four ?

Le luth qui console votre esprit n'est-il pas du même bois que celui creuse par les couteaux ?

Lorsque vous êtes joyeux, sondez votre coeur, et vous découvrirez que ce qui vous donne de la joie n'est autre que ce qui causait votre tristesse.

Lorsque vous êtes triste, examinez de nouveau votre coeur. Vous verrez qu'en vérité vous pleurez sur ce qui fit vos délices.

Certains parmi vous disent : La joie est plus grande que la tristesse", et d'autres disent: "Non, c'est la tristesse qui est la plus grande.

Moi je vous dit qu'elles sont inséparables.

Elles viennent ensemble, et si l'une est assise avec vous, à votre table, rappelez-vous que l'autre est endormie sur votre lit.

En vérité, vous êtes suspendus, telle une balance, entre votre tristesse et votre joie.

Il vous faut être vides pour rester immobiles et en équilibre.

Lorsque le gardien du trésor vous soulève pour peser son or et son argent dans les plateaux, votre joie et votre tristesse s'élèvent ou retombent.


8
Les Maisons


Alors un maçon vint et dit, Parlez nous des Maisons.
Et il répondit et dit :

Construisez dans votre imaginaire une retraite dans le désert, avant de bâtir une maison dans l'enceinte de la ville.

Car de même que vous vous en retournez chez vous au crépuscule, ainsi en est-il du voyageur qui est en vous, l'éternel isolé et solitaire.

Votre maison est votre corps déployé.

Elle s'épanouit au soleil et dort dans le silence de la nuit ; et ne reste pas sans rêves. Votre maison ne rêve-t-elle pas, et rêvant, quitte la ville pour la forêt ou le sommet de la colline ?

O, si je pouvais rassembler vos maisons dans ma main et tel un semeur les éparpiller dans la forêt ou dans la prairie.

Que les vallées soient vos rues et les verts sentiers vos allées, que vous puissiez vous chercher à travers les vignes, et revenir avec les senteurs de la terre dans vos vêtements.

Mais le temps pour ces choses n'est pas encore venu.

Dans leur peur, vos aïeux vous ont rassemblés trop près les uns des autres. Et cette peur durera encore un peu. Encore un peu, les murs de vos cités sépareront vos foyers de vos champs.

Et dites-moi, peuple d'Orphalese, qu'avez vous dans ces maisons ? Que gardez-vous derrière ces portes verrouillées ?

Avez-vous la paix, la force tranquille qui révèle votre puissance ?

Avez-vous des souvenirs, ces voûtes scintillantes qui enjambent les sommets de l'esprit ?

Avez-vous la beauté, qui mène le cœur des choses façonnées dans le bois et la pierre vers la montagne sainte ?

Dites-moi, avez-vous ces choses en vos demeures ?

Ou n'avez-vous que le confort, ou la convoitise du confort, cette chose furtive qui se glisse dans la maison comme un invité, puis devient un hôte, et puis un maître ?

Oui, et il devient dompteur qui avec fourche et fouet fait des pantins de vos plus généreux désirs.

Bien que ses mains soient de velours, son cœur est de fer.

Il vous berce jusqu'au sommeil, afin de rester à votre chevet et se moquer de la dignité de la chair.

Il se moque de vos sens qui sont robustes, et les couche dans l'ouate comme des vases fragiles.

En vérité, le désir du confort assassine l'ardeur de l'âme, et suit en ricanant ses funérailles.

Mais vous, enfants des espaces, vous dont le repos est toujours tourmenté, vous ne serez ni capturés ni domptés.

Votre maison ne sera pas une ancre, mais un mât.

Elle ne sera pas une étoffe chatoyante qui couvre une plaie, mais une paupière qui protège l'œil.

Vous ne replierez pas vos ailes afin de pouvoir franchir les portes, ni ne courberez vos têtes de sorte qu'elles ne heurtent le plafond, ni ne craindrez de respirer, de peur que les murs ne se fissurent et tombent.

Vous ne résiderez pas dans des tombes faites par les morts pour les vivants.

Et même regorgeant de magnificence et de splendeur, votre maison ne retiendra pas votre secret, ni n'abritera vos désirs.

Car ce qui est illimité en vous demeure dans le palais du ciel, dont la porte est la brume du matin, et dont les fenêtres sont les chants et les silences de la nuit.

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