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agonia Textes Recommandés
■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2014-10-08 | |
apprenant à vivre sans toi?
rouillée la pluie traverse nos aortes par des nervures labyrinthiques elle nous fait des transfusions creusées dans la plaie de nos paumes chaudes nous ne protestons pas nous les recevons tout comme nous prenons les têtes baissées notre eucharistie à la première heure du matin bien que parfois nous en soyons affligés j’ai peur de ne pas perdre mes mots… je dirige toute mon attention au-delà de toi je veux ardemment te quitter pour toujours je veux redevenir moi-même je me trompe je crie je pleurs je m’endors je rêve de toi où es-tu? que fais-tu? est-ce que j’existe encore pour toi?! la pluie tombe les cloches ne sonnent pas la cathédrale s’est tue il fait tard toujours trop tard le jour glisse résigné sous le voile pénétrant de la nuit j’ai froid extrêmement froid la terre gonfle ses poumons elle apprend peu à peu à vivre sans cette habitude tout comme à un moment donné les racines savent naître dans des troncs ignorant la terre mon cosmos est aujourd’hui monochrome presque blanc des murs tombés dans le plancher tremblent ils se recroquevillent je me fractionne de plus en plus mon âme agonise encore de toi j’exerce le sourire oublié dans les champs sauvages de l’enfance les premiers pas les cantiques de noël l’expiation le premier baiser le premier vol… je divague j’emporte en moi-même les débris de ma pensée la pluie ne cesse pas ses piqûres collent sur mes épaules des chimères diluées qui me chassent qui me dissipent où suis-je ? qui suis-je !? j’arrache mes racines de ta terre je cherche des espaces fertiles pour que je continue la lutte ça me fait mal je crie je hurle je gémis alors quand je badigeonne mes blessures je chante j’appelle les cloches pour qu’elles sonnent plus tôt je m’abandonne aux bras de l’autre pour le moment je te vois toi mais le brouillard se dissipe la pluie ne cesse pas de tomber les cloches non plus elles ne sonnent plus mes mains son pleines d’algues de papillons ils portent ton parfum une racine la mienne est restée en toi-même des pierres pâles dans le lit de la rivière des organes en ébullition je caresse leurs attentes. la crème onctueuse de la moelle des arbres les fait tressaillir. des brindilles sèches pleurent le tronc perdu mes matins arrivent sans toi les nuits de plus en plus mortifiées des fenêtres murées s’agitent dans des ténèbres la douceur des pommes cuites glisse en dehors de moi-même me défiant j’ignore ce jour-ci : demain en sera un autre
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