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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-11-18 | |
Lorsque j’ai écrit à Jean Starobinski en janvier 2005 pour lui demander l’autorisation de publier ces trois lettres à Max Bilen, il m’a répondu qu’il avait « un sentiment de dette » à l’égard de Bilen : « comme si je n’avais traité qu’incidemment les problèmes de fond qu’il voulait affronter. »
Jean Starobinski nous a encore envoyé quelques lignes pour clore ce dialogue inachevé: D’une très brève rencontre avec Max Bilen en Israël je garde le souvenir de l’extrême éveil de sa pensée, et de l’ampleur de son horizon. Les lettres que nous avons échangées étaient une suite, trop brève encore, de cette conversation. Notre correspondance se serait sans doute poursuivie si des ennuis de santé, en 1980, ne m’avaient obligé à des restrictions durables. Ses remarques m’étaient précieuses. Je les retrouve en rouvrant ce livre d’explorations qu’est Ecriture et Initiation. Un problème m’occupe toujours : celui de la théologisation de la littérature, qui représente en miroir une esthétisation du religieux. Les fameux stades de Kierkegaard pris à rebours. C’est ce qui caractérise tout un courant que je dirais « apophatique » de la littérature française du siècle dernier. Les lettres de Max Bilen n’ont pu être retrouvées, car la correspondance reçue par Jean Starobinski a été déposée dans un dépôt privé d’archives en attendant d’être transférée dans une bibliothèque. 12, rue de Candolle Genève, le 13 sept 1965 Cher Monsieur, Je vous remercie très vivement de m’avoir envoyé votre très intéressante étude sur Kafka . Votre texte est d’une grande richesse de pensée. Je crois que vous touchez là un aspect important de la « culpabilité vécue ». La densité de votre exposé fait parfois souhaiter de plus amples développements. La dernière page, en particulier, m’apparaît comme un « concentré » qui pourra donner lieu à toute une vaste discussion. Vous aurez sans doute pris connaissance, dans le numéro de juillet-août 1965 du Mercure (le denier fascicule de cette revue désormais disparue) d’un bel article de Marthe Robert qui confirme vos vues sur l’allégorie de l’artiste. Je ne puis donc que vous encourager à produire vos analyses dans le sens qu’indiquent votre lettre et votre étude. Très cordialement à vous, Jean Starobinski *** 12, rue de Candolle Leysin, le 25 juillet 1968 1205 Genève Cher Monsieur, Vos remarques me frappent par leur richesse, et je suis persuadé qu’elles définissent des problèmes d’une grande importance. Ce que je disais de Baudelaire était resté, à mes yeux, d’application limitée. Mais vous me rendez conscient d’une extension possible. Ici encore Baudelaire aurait fonction d’initiateur… De fait, les moments successifs que j’ai tenté de décrire chez Baudelaire sont ceux que parcourt toute « relation critique » digne de ce nom, et je suis enclin (vous m’y encouragez) à reconnaître une relation très étroite - dans la littérature moderne entre critique et création. – Le hasard me met sous les yeux, dans le dernier numéro (6) de la revue l’Ephémère, la traduction d’un très beau texte de Hugo von Hofmannsthal, Deux lettres du voyageur à son retour, qui peuvent parfaitement être versées au dossier de votre recherche. (Si vous le désirez, j’ai la référence de ce texte dans l’édition allemande). Il s’agit, dans la première de ces lettres, du saisissement soudain devant l’oeuvre de Van Gogh, survenant après une période d’expérience de la « déréalisation » du monde. Je suis heureux d’apprendre que vous avez mené à chef votre étude sur Kafka. J’avais répondu, avec beaucoup de retard, à votre envoi. Je m’étonne que ma lettre ne vous ait pas atteint. Aurez-vous une prochaine occasion de venir dans notre pays ? Notre conversation s’y prolongerait plus facilement. Très cordialement à vous, Jean Starobinski *** 12, rue de Candolle 1205 Genève le 2 avril 1988 Cher Max Bilen, Merci encore pour la très belle soirée que vous nous avez offerte à Tel Aviv. Ce fut l’un des très beaux moments de notre voyage. Vos textes viennent aviver ce souvenir, et offrir l’occasion de prolonger la conversation. Je tiens à vous dire combien j’ai aimé vos poèmes en prose, qu’à la lumière de votre remarquable étude je nommerai des méditations mythiques – à la condition que je me risque à étendre la notion du mythique jusqu’à la « poésie de la poésie ». J’ai eu souvent le sentiment que ce genre de poésie pouvait être l’aboutissement, à la fois légitime et risqué, de l’activité « critique »… Le dossier Mehlmann est intéressant. Les documents cités prouvent bien que l’antisémitisme, pendant très longtemps (cela a-t-il cessé ?) était une « idée reçue ». […] Jacqueline vous dit avec moi, à tous les deux, mes pensées très affectueuses et fidèlement attentives. Jean Starobinski *** Nous remercions Jean Starobinski pour nous avoir donné l’autorisation de publier ces lettres. |
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