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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-06-16 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
au landgrave de Hombourg
Est proche Et rude à saisir le dieu. Mais où est le péril, croît Le salutaire aussi. Dans les ténèbres habitent Les aigles et sans crainte vont Les fils des Alpes franchissant l’abîme Par des passerelles légèrement bâties. C’est pourquoi, comme sont amoncelées à l’entour Les cimes du temps, et que les bien-aimés Habitent proches, s’exténuant sur Les monts les plus séparés, Donne ainsi l’eau innocente, Ô donne-nous les ailes du sens le plus fidèle Pour traverser et pour revenir. Ainsi parlais-je, comme m’enleva Plus rapide que je le présumais, Et loin, là où jamais je Ne songeais venir, un Génie, Hors de ma propre maison. On voyait poindre Entre chien et loup, comme je passais, La forêt ombragée Et les ruisseaux nostalgiques De chez nous ; jamais n’avais-je connu ce pays ; Bientôt cependant, en une fraîche splendeur, Mystérieuse En une buée d’or, fleurit Rapidement épanouie, Avec la course du soleil, Avec mille sommets embaumant, Pour moi l’Asie, et ébloui cherchais- Je quelque chose que je connaissais, car inhabituelles M’étaient ces larges avenues où descendant Du Tmolos roule Le Pactole paré d’ors, Et le Taurus se dresse, et le Messogis, Et, rempli de fleurs des jardins, Un calme feu, mais dans la lumière Fleurit bien haut la neige argentée, Et témoin de la vie immortelle Aux parois inaccessibles Immémorial pousse le lierre, et sont supportées Par de vivantes colonnes, cèdres et lauriers, Les majestueux, Les palais divinement bâtis. Mais bruissent autour des portes de l’Asie S’étirant ça et là Dans la plaine marine incertaine Bien assez de routes sans ombre, Cependant il connaît les Îles, le marin. Et comme j’entendis Que l’une des proches Était Patmos, Me prit le très fort désir D’y aborder et d’y Approcher la grotte obscure. Car ce n’est pas, telle que Chypre La riche en sources, ou L’une des autres, Avec magnificence que réside Patmos, Mais hospitalière Dans une plus pauvre maison Est-elle néanmoins, Et quand d’un naufrage ou pleurant Après le pays ou L’ami défunt L’approche quelque Étranger, l’écoute-t-elle volontiers, et ses enfants, Les voix du brûlant bocage, Et, où le sable dévale et se fissure La surface du rocher, les sons, Elle les écoute et affectueusement résonne En écho des pleurs de l’homme. Ainsi prit-elle soin Jadis du bien-aimé de Dieu, Du Voyant qui dans une heureuse adolescence était Parti avec Le Fils du Très-Haut, inséparable, car Il aimait, le porteur d’orages, la candeur De l’adolescent et il voyait, l’homme attentif, Le visage de Dieu exactement, Comme, au mystère de la vigne, ils S’asseyaient ensemble, à l’heure de la Cène, Et dans la grande âme, pressentant paisiblement, la mort Qu’annonça le Seigneur, et le suprême amour, car jamais assez N’eut-il, pour dire quelque chose de la bonté, De mots, à ce moment-là , et pour divertir, comme Il la voyait, la colère du monde. Car tout est bon. Puis il mourut. Beaucoup serait À dire là -dessus. Et ils le virent, les amis, regarder en vainqueur, Ce plus joyeux, une dernière fois encore, Cependant s’affligeaient-ils, comme maintenant Était venu le soir, étonnés, Car une grande décision avaient-ils dans l’âme, Ces hommes, mais ils aimaient sous le soleil La vie, et ne voulaient pas délaisser La face du Seigneur Et leur pays. Était enfoncé, Tel le feu dans le fer, cela, et allait À leur côté l’ombre de l’aimé. C’est pourquoi leur fut envoyé L’esprit, et certes trembla La maison et l’orage de Dieu roulait Au loin tonnant au-dessus Des têtes pressentantes, comme, gravement pensifs, Étaient réunis les héros de la mort, À l’instant, comme il les quittait Encore une fois leur apparut-il. Car à l’instant s’éteignit le jour du soleil, Le royal, et se brisa Le rayonnant-tout-droit, Le sceptre, souffrant divinement, de lui-même, Car cela doit revenir En un meilleur temps. Cela n’eût pas été bien Maintenu, plus tard, et eût été brusquement rompue, infidèle, L’œuvre des hommes, et ce fut une joie Dès lors, D’habiter dans une nuit plus aimante, et de garder Dans les yeux candides, fixement, Des abîmes de sagesse. Et verdoient Au fond des montagnes aussi de vivantes images, Cependant est redoutable comment ça et là Sans cesse il disperse au loin le vivant, Dieu. Car déjà la face Des plus chers amis est à délaisser Et bien loin par-delà les monts faut-il aller Seul, où doublement Reconnu, unanime Était l’esprit céleste ; et ce n’était pas prédit, mais Ça empoigne les cheveux, présent, Quand vers eux soudain Se hâtant au loin regarde en arrière Le dieu, et prêtant serment, Afin qu’il retienne, comme à des cordes dorées Entravé désormais, Le mal en le nommant, ils se tendirent les mains — Mais quand meurt ensuite Celui à qui le plus souvent La beauté s’attachait, qu’en cette forme Était une merveille, et les célestes la montraient Du doigt, et quand, une énigme éternelle l’un pour l’autre, Ils ne peuvent se saisir L’un l’autre, ceux qui vivaient ensemble Dans la mémoire, et ce n’est pas que le sable ou Les saules qui étaient emportés au loin et les temples Empoignés, quand la gloire Du demi-dieu et des siens Se dissipe et que sa face elle-même, Le Très-Haut la détourne En outre, qu’il n’est plus nulle part un Immortel à voir au ciel ou Sur la terre verdoyante, — qu’est-ce ? C’est le lancer du semeur, quand il saisit Avec la pelle le froment, Et le jette vers la clarté, le balançant par-dessus l’aire. Lui tombe la balle aux pieds, mais À la fin vient le grain, Et ce n’est pas un mal, si quelques uns Vont s’égarer et que de la parole Expire le son vivant, Car l’œuvre divine ressemble aussi à la nôtre, Le Très-Haut ne veut pas tout à la fois. En vérité le fer, le produit la mine, Et la résine incandescente, l’Etna, Ainsi aurais-je la richesse, Une image à imager, et de même À contempler, tel qu’il fut, le Christ, Mais si quelqu’un s’éperonnant lui-même, Et parlant tristement, en chemin, comme j’étais sans défense, M’assaillait, que j’en fusse surpris, et de ce dieu L’image, que pût l’imiter un valet — En colère manifestement vis-je une fois Les seigneurs du ciel, non que je dus être quelque chose, mais Pour apprendre. Bienveillants sont-ils, mais le plus haïssable leur est, Aussi longtemps qu’ils règnent, le faux, et elle ne vaut Alors, l’humanité entre les humains, plus rien. Car eux ne gouvernent pas, mais gouverne Le destin immortel et se transforme leur œuvre D’elle-même, et va-t-elle en hâte vers sa fin. Quand en effet plus haut ira la céleste Marche triomphale, sera nommé, à l’égal du soleil, Par les forts, l’exultant Fils du Très-Haut, Un signe de ralliement, et ici est la baguette Du chant, qui pointe en bas, Car rien n’est commun. Les morts sont éveillés Par elle, ceux qui ne sont pas encore captifs De la matière brute. Mais attendent Bien des yeux timides Pour contempler la lumière. Ils ne veulent pas Fleurir sous un rayon acéré, Quoique cette bride d’or maintienne leur courage. Mais quand, ainsi Que de sourcils froncés, Du monde oublié La force calmement lumineuse descend d’un écrit sacré, peuvent-ils, Se réjouissant de la grâce, S’exercer à ce calme regard. Et quand les Célestes à présent, Comme je crois, m’aiment ainsi, Combien plus encore Toi, Car je sais une chose, Qu’en effet la volonté Du Père éternel prévaut Pour Toi. Calme est son signe Dans le ciel tonnant. Et quelqu’un se dresse là -dessous Sa vie durant. Car vit encore le Christ. Mais ils sont, les héros, ses fils, Tous venus, et les écrits sacrés, De lui, et l’éclair, l’élucident Les actes de la terre jusqu’à présent, Une course irrésistible. Mais il est là . Car ses œuvres Lui sont toutes conscientes depuis toujours. Depuis longtemps, trop longtemps déjà est La gloire des Célestes invisible. Car ils doivent presque nous guider Les doigts, et honteusement Nous ravit le cœur une violence. Car le sacrifice est voulu par chacun des Célestes, Mais quand l’un commence d’être négligé, Cela n’apporte jamais rien de bon. Nous avons vénéré la Terre Mère, Et nous avons plus récemment vénéré la lumière du soleil, Ignorant, mais le Père aime, Lui qui partout gouverne, Le plus souvent, que soignée devienne La lettre immuable, et l’existant bien Interprété. À cela se plie le chant allemand. (Friedrich Hölderlin, traduction française de Patrick Guillot du poème « Patmos») |
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