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agonia Textes Recommandés
■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-12-10 | |
Une niche dans le chaos
Première niche Je me creuse une niche dans le mur Qui s’écroule je creuse et je creuse et je peins même en blanc et j’y taille des tiroirs et j’y enfouis presque tout mon corps je m’y cache pour un court instant je me blottis dans une fossette à l’abri du torrent Deuxième niche Je suis trop grande Et me plie Dans la niche Où se trouve Une petite valise à roulettes à manche Une valise habitée De la jeune fille en caoutchouc Obéissante Que je suis Troisième niche Et moi la toute petite maintenant Je tâche de me réchauffer en toi Tâche de me frotter contre toi Remuant la queue Je tâche même De te jouer un tour : Nichechaos Que tu es Et j’échoue Quatrième niche Niche innocente et chaleureuse Petite et mignonne Etroite et rose Et tout autour déferlement assourdissant Petite niche dans Le chaos et je voyage je voyage en toi regardant le chaos à travers toi pliée d’effroi voyageuse clandestine Traduit par Marlena Braester Les mots écrasés Les mots s’écrasent – caméléon écrabouillé sur la route – Réduits à un chiffon pâteux déchiré Quand j’essaie de les arracher Syllabe après syllabe Des lambeaux du réel Broyé En une plainte Quand j’essaie de les retirer De la nuit pâteuse S’emparant aussi du royaume du jour Titubant depuis longtemps déjà sur ses béquilles Ange Nous nous sommes rencontrés sur une terre dure Un ange aux ailes coupées Fatigué d’un lourd Sommeil argileux Grâce à son talent Il s’envole soudain Vers les cieux Vers l’endroit d’où tu vois Notre terre comme une boule de jeu Minuscule misérable Roulant entre les sabots d’animaux domestiques Aux dimensions galactiques Ange voyant si invisible Mais louchant tellement et aussi Suant, affamé et encore souffrant De pressions dans la poitrine Et bégayant Et si humain Ayant le don de bien flotter Mais se noyant souvent Dans tout ça Si proche et si charnel Hélas si fatigué Et là , là où devraient être Tes ailes – Deux moignons Depuis longtemps Ne saignent plus Amputé Animé de tant d’espoir Et ton regard diaphane Et ton corps presque transparent Et toi, esclave de ton corps Et toi, brûlant d’un feu divin Presque Calciné Attiré vers les cieux En gravitation inversée Tu tombes Tu planes Tu tombes Esclave et seigneur de la gravitation Traduit par Isabelle Dotan-Robinet Organisme, chaos La mer les rochers les mouettes – En un éclair je sentis comment nous tous Sommes un seul organisme La mer la femme qui mange un kébab A la table en face De moi Ou ce que j’essaie en vain de fixer Comme étant moi Dans le remous de la mer intérieure La grande tasse de café chaud qui fait la cour à mon âme Comme un petit Satan Et surtout la mer la mer Donc en un éclair je sentis Mais sur le champ J’oubliai Ce que j’ai Senti Et la femme sévère penchée sur son assiette Avec un zèle obscène Les mouettes posées il y a une seconde sur les rochers Se dispersèrent dans l’air comme un éventail Et le temps que je mis à écrire « les mouettes » Elles étaient déjà posées sur un autre rocher Et la mer la mer est lointaine séparée Grosse bête autonome Organisme géant La femme gloutonne lève son bras Et le pose sur son ventre â â âhh Quant à moi moi moi répugnant A être du même organisme qu’elle Et qu’en est-il de ce pan de ciel lumineux D’où viennent de se détacher quelques nuages Et alors ? Ces lignes-ci Plus déchirées encore que ces lambeaux de nuages Elles aussi sont du chaos Et alors ? alors ? Suis-je moi aussi affalée au-dessus de l’assiette éphémère évanescente Avec un zèle obscène ? Là -bas en face par-delà la vitre une église magnifique paternelle-maternelle Couleur moutarde avec une grille couleur turquoise Et à l’autre en face M’appelle la mer Et où suis-je moi Traduit par Shlomo Elbaz Les marches de l’Obscur Là -bas les marches de l’Obscur Rayonnant dans un espace illuminé Je savais bien qu’elles étaient Les marches de l’Obscur C’était une bribe Dans un temps béant Et un écho semblait dire Les marches de l’Obscur Et c’était un instant plus fragile que minceur Avec la longue et douce traînée d’un blanc silence Et un écho semblait dire Et rien qu’un son Raisonna Dans les ondes d’air et de lumière: Les marches de l’Obscur Et j’étais là debout Somnolente Absente Au pied Ou au sommet Des marches d’ombre et de lumière Ne sachant Si je devais Monter Les marches de l’Obscur Ou bien les Descendre Traduit par Ruth Amar Poème inédit de Rahel Khalfi Attente Je dis que c’est un excès de fierté Qui pousse l’homme à s’installer dans cette attente Comme une fillette assise sur son lit attendant Que ses jambes grandissent touchent le plancher Attente douloureuse Due à une contraction des muscles de l’imagination attendant autre chose – Mais est-ce même possible ? attendant attendant attendant tirant le fil enroulé sur le fuseau de l’infini Me tirant moi-même d’un fil… je n’en peux plus je n’en peux plus de cette attente écrasée sous le flux de la lave et le tremblement de terre a déjà cessé et maintenant j’attends sur des amas de basalte refroidi cela fait mille ans déjà qu’elle a jeté la ligne dans l’océan de l’existence pour pêcher un seul petit poisson de tout ce qu’elle aimerait mais la ligne elle aussi s’est déjà figée en pierre noire pécheresse durement sculptée de matière finie sculptée à jamais dans le temps infini sculptée à jamais dans le temps qui attend la voilà déjà monument de d’elle-même Traduit par Marlena Braester |
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