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Gisèle Vanhese sur Claude Vigée
communautés [ écrivains israéliens d`expression francaise ]
Phénix de cendre et de neige

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par [marlena ]

2004-11-12  |     | 



Un poème de Claude Vigée évoque les « saisons du coeur »(1) (L'intarissable été, p. 112) et sans doute l'auteur fait-il ici allusion à l'été comme saison privilégiée de sa poésie. L'été coïncide, chez lui, avec l'amour - célébration des noces avec le monde et avec la femme - et, bien des années plus tard, avec la découverte de la Judée et de son paysage archétypal. Pourtant nous croyons que l'hiver possède aussi, pour Claude Vigée, une magie qu'il a évoquée dès ses premières oeuvres et qu'il a continué à ressusciter jusque dans ses plus récents poèmes.
En opposition au paysage sensuel et solaire de la maturité méditerranéenne, le paysage neigeux et froid de l'Alsace est indissolublement lié à l'enfance(2). L'enfance et ses souvenirs sont toujours associés à une saison pour Bachelard qui observe qu'ils « se logent [...] dans le zodiaque de la mémoire, d'une mémoire cosmique ». Pour Vigée, cette saison est celle de l'hiver qui constituera ainsi une « saison totale, parce que toutes ses images disent la même valeur, parce que avec une image particulière on en possède l'essence »(3). Nous nous interrogerons sur la valeur primordiale que recèle l'hiver de l'enfance, à l'origine d'un réseau thématique très dense, chargé de sens et enraciné dans l'imaginaire le plus profond.
Considérée comme le cinquième élément de la cosmogonie naturelle, la Neige est bien l'une de ces « substances mères », pour reprendre une expression de Gaston Bachelard(4), qui polarisent une profonde rêverie en anima. C'est cette image matricielle que nous allons suivre au cours de ses diverses réincarnations dans le trajet destinal du texte.

La Neige sanglante

Appartenant à la Onzième porte, le poème Les pas de l'oiseau dans la neige (1993) semble condenser tous les grands thèmes vigéens autour du coeur nocturne et mémoriel de la grande image - blancheur marquée par le sang:

Les pas de l'oiseau dans la neige

Traces de sang, traces du temps: vers quelle nébuleuse
boitent les pas blessés de l'oiseau dans la neige?
Sur la montagne obscure
deux étoiles filantes
s'enfoncent dans la nuit d'hiver retentissante.
Du côté du matin, déjà son coeur de braise
agonise et s'éteint.

Le rire du faucon fend l'espace inutile.
Que reste-t-il de lui quand le temps se retire?
A peine une buée,
un souffle qui s'efface
sur le miroir gelé du sombre ciel d'exil.
Nul oeil vivant ne peut suivre la trace
de la foudre qui meurt là-haut dans la nuée.

Et pourtant nous y danserons jusqu'à l'aube future,
joueurs de flûte au bec léger,
crânes d'oiseaux chanteurs en fête
aux frêles osselets dévastés par le vide:
un peu de cendre blanche, essaimant des étoiles
sur la langue muette (p. 331).

Dès le début, apparaît une constellation symbolique qui n'a cessé d'aimanter, depuis Chrétien de Troyes, l'imaginaire des poètes: noces de la neige et du sang, du froid et de la chaleur vitale, du rêve et de son déchirement, de la pureté et du Mal. L'équivalence entre le temps et le sang indique clairement que ce dernier est ici l'emblème de notre finitude, de notre être voué à la mort, l'épanchement du flux vital étant homologue à l'écoulement temporel. Le verbe « boiter » relie aussi ce texte au grand thème vigéen du combat de Jacob avec l'ange, qui traverse toute son oeuvre. Hypostase terrible de la lutte du poète avec un indicible qu'il tente pourtant de nous restituer par la parole. Boitement, stigmate de la rencontre avec le Tout autre dont il porte irréductiblement la trace:

Tout poème, en se réalisant hors de l'absence, du chaos, de la solitude, mime le combat de Jacob avec l'ange. (5).

La rencontre du sang et de la neige devient ainsi un véritable intersigne situé au seuil d'un invisible dont il conserve l'empreinte. En fait, apparaît la « nébuleuse » toujours souterrainement unie, dans l'inconscient, à la Neige qui possède la même blancheur que la voie lactée. "Viennent converger, remarque Gilbert Durand, en une philosophie de la neige et la clarté doucement supra-terrestre des astres, et les réminiscences des nébulosités hivernales ». En fait, l'image de l'étoile - tracée par les pattes de l'oiseau - surgit immédiatement dans le texte.
« L'image symbolique de la neige c'est l'étoile »(6) continue Gilbert Durand. Ne sont-elles pas toutes les deux une matière céleste, une anti-terre? Neige, écrit Vigée, « unique fleuron de la terre invisible » (L'oiseau de givre, p. 68). Pourtant, leur lumière ne réussit pas à franchir l'opacité de la montagne et de la nuit qui semble ici absolue. Nuit qui se transmute en mort avec l'agonie de l'oiseau dont le coeur « s'éteint ».
Le faucon, responsable de la mort de l'oiseau, symbolise la supériorité ou la victoire du principe mâle, diurne, solaire. Il présente toujours, chez Vigée, un caractère agressif avec son rire, qui réapparaît ailleurs dans un contexte de guerre:

le rire tranchant et bref
des jeunes faucons roux
qui tournent là-haut sur les pointes des cyprès
dans les murs de Jérusalem
en guerre (Le rire des faucons, p. 300).

Il a comme homologue la Foudre qui manifeste l'irruption violente de la transcendance. Illumination soudaine qui est aussi une théophanie porteuse du fascinans et du tremendum. Transcendance que transissent cependant le gel et l'absence: le ciel est d'exil et l'éternité inutile. La présence du sang, du coeur qui agonise, semble évoquer un obscur sacrifice. Qu'il soit, selon les thèses de Georges Bataille et de René Girard, dissipation de la « part maudite » ou expiation d'une violence fondatrice, le sacrifice témoigne toujours d'une vision tragique de l'existence, mais aussi de la croyance - étudiée par Mircea Eliade - que toute création est un fragment de la vie que l'homme a projeté hors de lui et pour laquelle il a sacrifié ce qu'il a de plus cher. De même, la mort de l'oiseau est porteuse d'une renaissance à travers la parole de poésie.
Avec le « pourtant » de la troisième strophe a lieu en effet le retournement paradoxal, celui qui transformait déjà, dans le poème précédent, « l'exil en présence » (La descente des corps, p. 330). Pour Vigée, notre finitude nous condamne à rester dans le silence du Dieu caché ou absent, jusqu'à la révélation apocalyptique de l'Aube future. La « danse » de l'humanité est alors assimilée au boitement de l'oiseau, lui-même analogue au pas blessé de Jacob: « Comme ton pas blessé / ce pays est devenu dansant / boiteux / instable », (Délivrance du souffle, p. 198). Le poète (et avec lui tous les hommes) n'est que fragiles ossements, mais il a le coeur profond. Semblable aux « oiseaux chanteurs en fête » même s'il se sait voué à la destruction. Semblable au « joueur de flûte » qui symbolise certainement pour Vigée la joie la plus haute. Tel dans ces fresques étrusques où « danse l'homme nu, près du joueur de flûte / Entre l'oiseau-soleil couleur de brique crue / Et l'olivette obscure... » (Sous une étoile morte, p. 66).
« Un peu de cendre blanche, essaimant des étoiles » condense, dans l'espace métaphorique exigu de l'image, la cendre et l'étoile, toutes deux réunies par la blancheur et la pureté. Totalité où convergent les contraires: fugacité de la cendre et pérennité de l'étoile. On sait toutes les connotations historiques et tragiques que la cendre revêt chez Vigée, mais à la différence de Paul Celan chez qui ne brille aucun espoir, elle devient ici « séminale » (La maison des vivants, p. 72): elle peut se transmuter en étoiles qui fécondent la langue muette dans la maternité du poème.
Parlant de la danse, une des grandes métaphores qui thématise l'oeuvre poétique, Claude Vigée reconnaît que deux mouvements l'animent - vers l'idéal et le terrestre, vers l'intemporel et le devenir mortel:

D'un côté le rêve d'une oeuvre parfaite, comme une colonne de pierre flamboyante jaillie d'une seule pièce hors du temps; mais aussi, devant moi, la flamme vive, fragile, mortelle, qui s'abîme aussitôt dans la nuit dont elle avait surgi, - une torche vacillante faite de sang et de braise, charriée sans loi par le fleuve sauvage du devenir qui nous emporte tous vers l'abîme (p. 18).

Phénix masqué

La présence d'un oiseau mourant, de la braise et de la cendre fait irrésistiblement surgir, pour nous, l'image d'un « Phénix masqué » ou phénix implicite, oiseau magique que Bachelard distinguait déjà dans plusieurs autres poèmes de Vigée (7) (FPF., p. 97). En particulier, dans Le sommeil d'Icare, « la résurrection de la Pâque, dans la fulgurance des images ailées, s'exprime - écrit le philosophe - comme « feu du renouveau », qui provoque finalement les « désirs endormis' d'Icare » (FPF., p. 98).
Le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance traverse aussi, pour nous, Les pas de l'oiseau dans la neige. La « cendre blanche » est à la fois indice de mort et semence stellaire, oscillation significative reprise dans Délivrance du souffle (p. 194): «Est-ce notre foyer futur / ou seulement / cendre / scories / traces du feu ancien / couvant sous nos décombres? ». Elle coïncide surtout visuellement avec la neige. Pour Gilbert Durand, « la clarté du Phénix nécessite la cendre, nécessite la mort. La neige va joindre ici le grand mythe cyclique de l'hiver »(8). La résurrection phénicienne sera celle du poème-étoile, une des traces - pour Claude Vigée - du passage de l'homme sur cette terre.
Nous reconnaîtrons alors dans les vers vigéens, à la suite de Bachelard, «l'oiseau de feu sous les transpositions d'un chant qui dort et qui s'éveille » (FPF., p. 86). Le philosophe semble en effet établir une homologie entre le Phénix qui jaillit des cendres et le poème qui jaillit du mutisme: « l'oiseau qui renaît de ses cendres est déjà marqué par le chant qui renaît du silence à chaque verbe nouveau » (FPF., pp. 87-88). Chant du coeur qui renaît à la vie et que le Phénix thématise magnifiquement chez de nombreux poètes.
Chez Yves Bonnefoy, dont l'oeuvre était l'objet des commentaires à peine cités de Bachelard, le Phénix choisit de « se déprendre » définitivement de son immortalité pour participer à notre finitude. Il l'insuffle, au contraire, à son compagnon le Feu qu'il semble nourrir de sa propre substance dans L'éternité du feu (9). Geste sacrificiel qui redouble celui du Je: « le poète est celui qui 'brûle' »(10) nous dit Yves Bonnefoy. Une fois de plus, l'auteur de Dans le leurre du seuil sauve ce qui appartient à l'instant, au hasard et à la mort - existence sensible, vérités de la terre. Il refuse de sacrifier Autrui et le réel au nom de l'Idéal, château de l'Idée, fondé sur la lumière, l'ordre des nombres et l'intemporel. Poésie du temps qui coule avec le fleuve ou brûle avec le feu, pour faire entendre « la vérité de l'existence sous la vérité d'écriture »(11).
Pour Claude Vigée, l'élan résurrectionnel est prépondérant et lui permet de transformer explicitement l'exil en retour, le monde du souci en terre de l'Un originaire, l'errance en extase, le sacrifice en poème. Bachelard ne reconnaît-il pas, à propos d'un des textes vigéens, que « cet incendie-résurrection est la grande leçon que l'on reçoit quand on rêve sans réserve à la grande image du Phénix » (FPF., p. 99). Phénix qui symbolise ici la victoire de l'espoir sur le désespoir comme dans Saeta (p. 60):

Semblables à l'oiseau
Qui brûla cinq cents ans,
Oserons-nous au coeur,
De tant de nuits descendre,

Guettant sous les bois morts,
Dans la neige et la cendre,
Les feux annonciateurs
De la nuit de printemps?

« Archétype de l'imagination du feu » (FPF., p. 94), le Feu phénicien rencontre aussi, chez Vigée, le bûcher d'Isaac qui forme un autre puissant réseau thématique couvrant toute son oeuvre, où il se lie à la poésie et au sacrifice, comme dans Les idoles de Taré (p. 116). Il est par ailleurs surprenant que l'on retrouve la même constellation biblique, symbolique et poétologique chez Paul Celan. En effet, au moment où il se sent sombrer dans le désespoir qui le mènera jusqu'à la folie, il confie à sa femme, Gisèle Celan-Lestrange, quel fut pour lui le terrible choix : « Devant l'alternative, entre mes poèmes et notre fils, j'ai choisi : notre fils»(12).

La poésie comme Feu

Chez Vigée, la réflexion poétologique est toujours reliée au Feu comme cette définition - à notre avis capitale - nous le laisse deviner: « Le poète est passeur du feu de l'origine » (Le passeur d'étoiles, p. 105). Il partage certes cet imaginaire du feu avec d'autres poètes de la modernité. En tout premier lieu Yves Bonnefoy qui, dans Le leurre des mots, appartenant au recueil Les planches courbes, écrit à la fin d'une longue méditation désirante sur les images et la poésie, errance dans l'écriture reflétée par celle d'Ulysse sur la mer:

Et si demeure
Autre chose qu'un vent, un récif, une mer,
Je sais que tu seras, même de nuit,
L'ancre jetée, les pas titubants sur le sable,
Et le bois qu'on rassemble, et l'étincelle
Sous les branches mouillées, et, dans l'inquiète
Attente de la flamme qui hésite,
La première parole après le long silence,
Le premier feu à prendre au bas du monde mort.(13).

De même, le poète américain Lance Henson parle d'un feu qui ne se consumera pas: « my words shaping a remembered fire / that will not diminish » («mes mots modelant un feu inoublié / qui ne s'affaiblira pas ») (14). Veiller - comme l'écrit Yves Bonnefoy - « sur quelques mots éteints dans l'âtre de nos coeurs »(15), pour maintenir la parole parmi nous, tel est le destin du poète dans le temps de la détresse. Claude Vigée relie lui aussi la poésie à un feu:

Qu'est-ce donc que la poésie? Un feu de camp abandonné, qui fume longuement dans la nuit d'été, sur la montagne déserte (La poésie, p. 186).

La poésie est le Feu central, noyau pulsant qui la relie à l'Un primordial. Pour Vigée, elle est homologue au Phénix appelé ici « l'oiseau de l'origine » et associé, comme chez Nietzsche, à la musique (« Nietzsche plaçait la musique sous le signe du Phénix, le 'phénix musique' redoublant l'image de la régénération », FPF., p. 88):

Le Phénix de Mozart

Surgi de quelle enfance
l'oiseau de l'origine? Au plus noir des enfers
il chante avec la bouche des anges.

Et seule cette voix nous sauve du silence,
nous qui voulions le suivre et mourrons avec lui,

et n'entendons jamais que nos cris dans la nuit,
quand les anneaux du vent, sur nos poignets ouverts,
tournent leurs feux étranges (p. 135).

Dans La Faille du regard, Vigée rappelle comment la découverte de la musique mozartienne fut, pour lui, épiphanie et délivrance du souffle poétique. Instant où l'apparence se déchire dans l'opacité du monde, tendu vers la révélation d'un sens à venir. Nous pensons que la présence de Mozart dans Délivrance du souffle (p. 199) et Le Phénix de Mozart, d'un côté, et, de l'autre, celle de la foudre dans le même poème de Délivrance du souffle (p. 199) et dans Les pas de l'oiseau dans la neige placent ce dernier texte au centre d'une constellation phénicienne occultée, mais irradiante, où « l'homme extrême [...] chante pour rédimer le temps » (p. 199).
Parlant du Phénix chez Vigée, Bachelard note que « La poésie est ici un foyer; les images sont le combustible qu'il faut sans cesse apporter pour que l'imagination reste à son sommet » (FPF., p. 99). Le philosophe précise ainsi remarquablement le mouvement même de la parole vigéenne qui ne se fige jamais sur la contemplation idolâtrique des images, mais leur imprime un mouvement sans cesse jaillissant. « La parole poétique est un lieu de passage, un support pour l'épiphanie »(16) affirme Claude Vigée.
C'est ainsi que la neige, cendre blanche des Pas de l'oiseau dans la neige, devient promesse de renouveau en se transmutant en fleurs d'amandier. Dans L'amandier sous la lune, l'arbre refleurit, au coeur noir de l'hiver, pour écouter le rouge-gorge qui chante « dans le buisson de givre » (p. 298). L'union tragique de la neige et du sang s'euphémise à nouveau dans le dernier poème d'Aux portes du labyrinthe, intitulé Le secret. Mariage de l'« oiseau chanteur en fête" avec « la floraison blanche » d'un amandier:

comme le cri du rouge-gorge
caché au coeur de l'hiver
dans la floraison blanche
de l'amandier invisible (p. 343).

Claude Vigée y décèle comme la figure de l'acte poétique même qui se fonde à la fois sur l'occultation et la révélation d'un invisible:

Abrité sous un ciel de neige, il absorbe l'espace neigeux en lui-même, mais il le change en floraison, et le rouge-gorge c'est le feu qui couve dans son for intérieur, et qui chante, tout seul dans la grande nuit blanche, presque invisible. (17).

En une complémentarité des contraires, l'union de l'arbre et de l'oiseau, du rouge et du blanc rassemble en quelques mots la plénitude ontologique et du poème et de la condition humaine. La neige, qui nous projetait hors du temps profane et de son usure, se transfigure à présent en un élément du terrestre par l'abandon de son immatérialité et de son immortalité. Le chant, invisible et insaisissable, devient feu de finitude:

Mais qui cherche la braise, il doit creuser la cendre
jusqu'au noyau de feu qui pulse dans la neige (L'obstination des morts, p. 304).

Un feu qui veille dans l'hiver et nous réchauffe de sa promesse. Feu magique du sapin de Noël, découvert chez les voisins durant l'enfance alsacienne: « vers trois ou quatre ans, l'arbre de Noël de nos voisins en Alsace: la porte de la chambre magique soudain ouverte, le flamboiement immédiat du buisson ardent! » (p. 16) (18) qui se conjugue ici avec l'épiphanie du Buisson ardent. Mais aussi, pour nous, avec celui du bûcher d'Isaac. Feu qui anime toute parole essentielle, située au confluent de l'invisible et du visible, de l'éternité et de l'instant, de l'idéal et de la finitude où doit oeuvrer le peuple des poètes:

en élevant sur le bûcher l'oeuvre future du souffle
le peuple du chant déjà pris par les cornes dans les fourrés du temps (Les idoles de Taré, p. 116).

1. Claude Vigée, Aux portes du labyrinthe. Poèmes de passage (1939-1996), Paris, Flammarion, 1996. Toutes les citations seront suivies du titre du poème et de la page.

2. Voir à ce sujet le commentaire d'Emmanuel Levinas dans Enracinement ou fidélité: les quatre terres (in Hélène Péras et Michèle Finck (ed.), La terre et le souffle. Rencontre autour de Claude Vigée, Paris, Albin Michel, 1992, pp. 53-54).

3. Les citations proviennent de Gaston Bachelard, La poétique de la rêverie, Paris, P.U.F., 1978, resp. p. 101 et p. 100.

4. Gaston Bachelard, La terre et les rêveries du repos, Paris, Éd. J. Corti, 1979, p. 331.

5. Claude Vigée, La Lune d'hiver. Cité par Hélène Péras, Figures de l'ange dans l'oeuvre de Claude Vigée, in Hélène Péras et Michèle Finck (ed.), op. cit., p. 276.

6. Les citations sont extraites de Gilbert Durand, Psychanalyse de la neige, Mercure de France, no.1080, août 1953, resp. p. 635 et p. 633. Repris dans Bulletin de l’Association des amis de Gaston Bachelard. No. 5, 2003. pp. 8-37

7. Gaston Bachelard, Fragments d'une poétique du feu (FPF., Paris, P.U.F., 1988. Chaque citation sera suivie de l'abréviation de cette oeuvre et de la page.

8. Op. cit., p. 627.

9. Yves Bonnefoy, Poèmes, Paris, Mercure de France, 1978, p. 140.

10. Yves Bonnefoy, L'Improbable et autres essais, Paris, Mercure de France, 1980, p. 183.

11. Yves Bonnefoy, Le nuage rouge, Paris, Mercure de France, 1977, pp. 122-123.

12. Paul Celan / Gisèle Celan-Lestrange. Correspondance, éditée et commentée par Bertrand Badiou avec le concours d'Eric Celan, Lettres, t. I, Paris, Seuil, 2001, p. 687. Le critique note que "D'après un témoignage oral de GCL rapporté par André du Bouchet, PC aurait exprimé cette alternative en des termes explicites, durant des moments de délire, en disant que la poésie exigeait de lui qu'il refasse 'le sacrifice d'Abraham'" (Commentaires et illustrations, t. II, p. 449).

13. Yves Bonnefoy, Les planches courbes, Paris, Mercure de France, 2001, p. 80.

14. Poète et dramaturge d'origine cheyenne, Lance Henson a publié de nombreux recueils écrits "in the enemy's language", présentés en grande partie sur Internet: In a dark mist, Another song for America, Another distance, A cheyenne sketchbook: selected poems 1970-1991 (1991), Strong heart songs (1993). La citation est extraite de Canto di rivoluzione. "Another train ride" e altre poesie, Milan, Auditorium ed., 1998, p. 26. La traduction de l'anglais est nôtre.

15. Yves Bonnefoy, Poèmes, op. cit., p. 212.

16. Débat, in Hélène Péras et Michèle Finck (ed.), op. cit., p. 290. Pour le statut de l'image dans cette poétique, consulter - dans le même volume - Michèle Finck, La poétique du son dans l'oeuvre de Claude Vigée: de "La Vallée des ossements" à "Noyaux pulsants", op.cit., pp. 297-307.

17. Claude Vigée, Vision et silence dans la poétique juive. Demain la seule demeure, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 240.

18. Sur l'association du feu et de l'ange, voir Hélène Péras, Figures de l'ange dans l'oeuvre de Claude Vigée, in Hélène Péras et Michèle Finck (ed.), op. cit., p. 274.

Gisèle Vanhese - poète dont l'oeuvre est publiée chez Gallimard; dirige des émissions à France-Culture

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