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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2018-11-06 | | Il y a si longtemps Quelque part en Nouvelle-France Aboujakan et sa Belle… Oui, il y a si longtemps Quelque part en Amérique Entre les deux grands lacs Témiscouata et Matapédia… Ô cette belle Malécite à crinière de panthère ! Ô cette jolie daine à rondelette bedaine Biche Ravissante C’était son nom Écrit sur le dos de tous les hérissons Du canton Il y a si longtemps Quelque part en terres malécites Entre nos deux cœurs… C’était au mitan De notre verte jeunesse follette Tu n’avais que seize printemps à peine Et tes yeux pers de pivert Un tantinet pervers On aurait dit deux perles de verre… C’était au temps Du dégel et des bourgeons Moi, Aboujakan, si jeune et si fringant, Guerrier en royaume de Madawaska, Chasseur et traducteur Pour les Visages Pâles à mes heures, Toi seule, Biche Ravissante, Tu m’appelais par mon vrai nom ABOUJAKAN ! ABOUJAKAN ! « Collier de Coquillages ! » Il y a si longtemps Quelque part en Nouvelle-France Aboujakan et sa Belle… C’était au printemps Qui fait gonfler nos rivières Et crever nos lacs et étangs… C’était au temps Où fleurissent les sureaux et les anémones Souviens-toi, ma belle Biche Ravissante, Nous étions à la lisière de la forêt De bouleaux et de pimbinas À deux doigts du torrent bouillonnant d’écume Tes yeux pépites de feu et de flamme Tes cuisses lisses nues et dodues Ta crinière de panthère flottant dans le suroît Moi, Aboujakan, près de toi, Les bras entourant ta taille Les mains pétrissant tes seins Les lèvres épousant tes lèvres Nus étions-nous Dans les nues logions-nous Baisers et étreintes En haut des rochers et buissons Puis Glissement et roulement De nos deux corps enlacés En bas dans le torrent broyeur… Depuis ce jour Quelque part en Nouvelle-France Aboujakan et sa Belle… Fraient comme touladis Dans les eaux froides et gelées De nos claires rivières Quelque part en Nouvelle-France Entre nos deux grands lacs Témiscouata et Matapédia
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