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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2017-01-02 | | Avant-propos Fasciné depuis l’enfance par les mécanismes d’horlogerie et quelques années plus tard par cette représentation du Grand Horloger, je me permets virtuellement de franchir votre espace personnel pour vous livrer avec humilité quelques réflexions poétiques sur l'art, la vie et le temps. Pantins du temps, les marionnettes « font, font, font » trois petits tours d’horloge « et puis s’en vont » le temps d’une gestation, d’une enfance, d’une vie et d’un nouveau départ. De partout, les choses semblent en attente, comme en suspens sous l’œil vigilant du temps, en attendant l’heure d’une rencontre insolite et de cet Homme premier qui viendra à nous pour nous sauver de nous-mêmes, tendresser l'humanité et réconcilier tous les inconciliables . À la différence d’un Salvador Dali, je secoue ma montre dure, telle une boule de neige, je l’agite comme je m’agite entre potales et pendules ; dehors comme dedans, il neige sur Liège des flocons de complexité. Dans cette boule verte, malgré le Monstre à gousset, il y a comme une présence, tel un signe de vie à venir, une germination ; c’est un vent nouveau qui souffle déjà par-delà les clepsydres et divers sabliers, tel un véritable signe des temps. C’est toujours ainsi qu'à chaque millésime j’ai les boules, non pas celles de noël, bien que, mais des boules de nœuds, des boules de nerfs, dures, vives et crues, des boules de mots qui me viennent en bouche et descendent dans la gorge, y roulent comme un boulet dans la tête et dans le ventre. Et chaque année c’est pareil, c’est la crainte au ventre que je traverse le portail temporel, de crainte que l’an nouveau soit aussi le dernier, ou même l’avant-dernier. Aurais-je le temps de … J’ai beau me dire que le temps réel n’existe pas, et que tout est illusoire autour de nous, de temps en temps les aiguilles de l’horloge m’acuponcturent. Alors faute d’arrêter le vol des coucous et la course des horloges sur pied, à grands coups de mots, de pixels ou d’acrylique, je dépeins les choses couleur sépia pour mettre comme de la distance entre elles et moi ; la pliure c’est un retrait bien nécessaire pour survivre, un recul qui face aux murs du temps et de l'espace permet une abstraction temporelle, comme le regard d’El Greco, ses formes allongées et ses couleurs vives permettent une abstraction de l’espace. La couleur sépia met donc une distance, de la même manière qu’on se sent plus proche des personnes lointaines ou même inconnues que de personnes ou de parents trop familiers. Étant donné que même la peinture Pompier n’a jamais éteint les flammes du temps et réduit l’espace en pièces, chez moi, pauvre coloriste, alors quand les couleurs me manquent, la couleur sépia établit une réelle distance, comme une barrière monochrome qui tient en respect nos émotions. Oui, tout peut être dit en sépia, et plus encore dans tous les bruns, en vers comme en prose, car tout est poussière et sable. Entre le beige et la couleur brique, les mots s’élèvent et les murs s’écroulent, Jéricho, Jéricho où est ton orgueil ! Sur la toile de lin, l’ocre et la rouille font un tabac, les couleurs pendulent entre hier et demain, les palettes se laissent mordorer pour dire quelque beauté. C’est ainsi qu’un coucher de soleil sépia s’invite dans notre quotidien, sans savoir s’il peut se satisfaire de terre d’ombre ou de Sienne, quand le temps passe à travers le filet des palettes sur son chevalet de chêne vermoulu. Qu’importent les réponses plus ou moins colorées, au-dessus des peintres et des poètes, des nuages un peu mordorés se déploient dans un ciel en aplat, à la limite du grège, le chant des feuilles mortes et le fauve des ombres se fondent en lavis, et dans ces noces intemporelles qui ressemblent à des eaux-fortes, entre les nostalgies fauves et les rêves sépia, les écorces ruisselantes de vernis se reflètent dans les bronzes du parc. L’ambre et le sépia se disent l’un et l’autre dans cette subtile intrication entre le ciel et la terre, c’est l’implication même du temps et de l’espace, de la chair et de l’esprit, des mots et des couleurs, de l’art et de la poésie qui s’enchevêtrent en une seule féerie. C’est ainsi que le temps psychologique et le temps biologique se mélangent en nous, que le champ quantique et le chant védique se rassemblent, car tout est lié, relié, comme confondu dans l’éternité et l'Infini. Pour livrer le passage à l’œil et l’espace aux mots, les impasses comme les murs de la ville de Liège se couvrent d’un flou de surface, tel un léger bitume, flou, quasi aérien où les marges s’effacent, où le cadre s’estompe, où les formes disparaissent pour que les poètes et les peintres eux-mêmes disparaissent derrière cette œuvre aux sépias intemporelle et non locale. Comme les Gymnopédies d’Erik Satie, l’ambiance des sépias brave le temps et l’espace ; à la manière de sonorités et de couleurs légères qui sont celles d’un engrenage sans âge, selon le rythme d’une horlogerie bien huilée ou d’une peinture bien léchée. Les palettes du peintre, les engrenages de l’horloger et les touches du piano connaissent les mêmes spasmes, bougent d’un même désir, tournent d’une seule voix, tout comme les rythmes de la nature et de la vie sont voisins et voisines des mouvements musicaux, de même les couleurs sont proches des harmonies musicales et du tic-tac léger des pendules bien démontées. Entre le café du matin et le chocolat du soir, la plume et le pinceau, les bruns légers unissent les formes comme les sonorités éthérées de Satie forment un espace sonore où tous se fond, comme si tout le Cosmos et le Logos étaient faits d’épousailles, là où le Verbe est comme un Grand Horloger à l’œuvre. (…) |
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