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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-08-28 | |
Illustration : Eglise Saint-Martin de Torgny
AVANT-PROPOS Les bons lieux sont comme de bons vœux ! Ce que l’on nomme "Le Cœur de Dieu", n’est-il pas comparable à ces lieux que nous aimons plus que tout ! Ces "Bons Lieux" que nous affectionnons tout particulièrement; ceux que nous aimons retrouver corps et âme, là où nous aimons vivre et aimer pleinement, pour être ensemble pleins de désirs et comme tout remplis de rêves ; là où nos propres cœurs sont tout brûlants et palpitent devant des personnes et des lieux retrouvés, des yeux croisés et des feux toujours allumés, comme autrefois. "Autrefois", ce mot béni qui élève haut les cœurs et donne sens aux souvenirs. Mais, tout en restant fidèle à soi-même, on ne peut quand même pas garder de tels lieux pour soi tout seul, égoïstement; alors, on les livre aux autres, on les prodigue avec tendresse, comme on partage avec des hôtes de passage une tarte dorée qui aurait la topologie du sacré et les contours de l’amour dispensé au monde. (...) Entre Luc-sur-Mer et Torgny mon coeur chavire ! Si une partie de moi-même me tire vers la Côte de Nacre, en ces terres normandes qui goûtent la pomme surette et la teurgoule de ma grand-mère maternelle, cette terrinée bien de chez nous, une autre part de mon être me ramène toujours ici même, en Lorraine Belges, là où mes ancêtres paternels les Sindic ont été des meuniers de génération en génération, et où les Loupe d’Espagne on trouvés refuge après avoir été chassés par l’Inquisition… Car le pays de mes origines, c’est là où toutes les latitudes de mes longitudes me ramènent sans cesse, me rejoignent dans ma propre histoire et me portent à garder la mémoire familiale comme un veilleur ; une histoire patiente et patente qui me relie à la terre d’ici, et aux cieux de tous les temps, et qui m’étire comme une corde raide, entre des lieux d’ici et des lieux d’ailleurs, entre le lointain passé et l’avenir qui vient. Oui, des cordes raides, et parfois même, des cordes avec des nœuds qui sont comme des nœuds de mémoire. (...) Des portes d’entrée ou de sortie, des huisseries qui grincent, des trappes qui se referment renfermant quelques secrets de famille ; des portes parfois condamnées par le regard des autres ; des portes entrouvertes par des mains innocentes, car c’est toujours dans l’entrebâillement de quelque chose que l’on passe à autre chose, dans les ébrasures que l’on entend des voix, dans des ouvertures ou des percées sur quelques paysages que l’on discerne un visage, une silhouette qui raconte quelque chose de notre histoire… C’est toujours des choses que l’on cause, car « le causer » et « les choses » ont souvent les mêmes causes !Que l’on quitte ses origines ou que l’on retrouve son passé, pour mieux regagner son présent, c’est toujours pour devenir soi-même. De passage en traversées, à travers le temps et l’espace, nos familles, c'est-à-dire « nos fondements » sont toujours là ; car une famille, c’est une origine, et c’est toujours des soufflets face aux événements, des claques face au temps, des torgnoles de vie, des portes cochères qui claquent parce qu’elles s’ouvrent sur quelques nouveautés, ou des portes qui se ferment avec fracas parce qu’il est trop tôt, ou toujours trop tard… Avec des mots nostalgiques, qui disent malgré tout notre désir d’avancer plus loin, si nous sommes ici même, c’est que nous avons traversés le temps, labourés les champs de l’espace, celui de la préhistoire, et que nous traversons ensemble notre propre histoire pour la tracer là où nous sommes plantés, avec des encres indélébiles et des souvenirs impérissables. Le pays retrouvé, c’est un peu notre axe redressé, notre terre et notre centre de gravité reconquis, c’est là où les aveugles voient de nouveau la beauté d’un paysage, jusqu’au vol des papillons ; là où les boiteux retrouvent le plaisir à marcher le long des chemins campagnards ; où les sourds entendent le stridule des cigales et le zinzinule des mésange, jusqu’au vrombissement léger des abeilles sur les fenêtres fleuries… C’est là où les édentés recouvrent le goût de mordre la vie ; là où les perclus du désespoir courent de nouveau vers le bonheur ; où les lépreux eux-mêmes sont purifiés par l’eau fraiche de l’endroit ; où les morts de faim salivent de ravissement et ressuscitent même devant la roustiquette au rouyot et le ragoût de biquin. Le pays, c’est là, où même le vent et la pluie parlent d’amour ; là où tout nous semble bien meilleur, où l’on se retrouve pour mieux repartir ; là où l’on se remplit de force afin de se dépasser ; où l’on peut aimer la vie, et rencontrer les autres dans notre commune quête de bonheur. Mais retourner « au pays des mémoires retrouvées » ou même le quitter, c’est toujours un dilemme ! Si le pays des origines, c’est là où l’on retrouve les parfums d’antan et les gastronomies perdues ; là que l’on recouvre les souvenirs d’amis et les petits sentiers oubliés, là où partir, même en quête d’un saint Graal, vers d’impossibles ailleurs et une autre étoile qui nous semble plus brillante, c’est quand même et toujours quelque part, mourir un peu à soi. (...) Dans les années 70, aux archives royales d’Arlon, plongé de tout mon cœur dans les registres paroissiaux de Torgny et de Velosne, j’ai pleuré de toutes mes fibres familiales sur des documents originaux vieux de plus de trois siècles. Je m’en confesse aujourd’hui devant vous, afin que ces ondes moites écrivent encore et toujours mes souvenirs torgnolais, pour immortaliser le sang des encres. Au cours de leur longue histoire, les villages de Torgny en Belgique, et de Velosnes en France, de par la Chiers semblent être liés comme les doigts de la main. (…) Pourquoi, dès le XVe siècle et probablement même plus tôt, les Reumond (Reumont/Remond/Rémon et autres Raymond) ont poussés là comme la mandragore au pied de ces coteaux, des lieux qui semblent-ils, ont été le véritable berceau de la famille. Si Torgny, en tant que joyaux, figure entre autres sur la liste des « Plus beaux villages de Wallonie », c’est qu’il le mérité bien ! J’estime même qu’il devrait paraître au Patrimoine mondial de l’Unesco, au même titre que Xidi et Hongcun, ces anciens villages du sud du Anhui, ou comme Hahoe et Yangdong deux villages historiques de Corée ; car Torgny et Velosne sont liés entre eux dans le temps et l’espace par des mémoires familiales. Tout ça parce que Torgny est le nombril du monde, et que la Chiers y coule tel un fleuve sacré du Yunnan, pour abreuver le Paradis, ce village et son lavoir n’ont d’égal que les pyramides de Guizeh. Et si Torgny détient encore ce privilège d’être le village le plus méridional de Belgique, avec un microclimat exceptionnellement chaud et sec, dû à son orientation, il le doit avant tout à Dieu lui-même, qui un jour de chômage est venu s’y reposer et s’y faire dorer en écoutant les cigalons, à l’abri d’une agréable crête boisée, comme sur une Montagne sacrée, un véritable coteau divin. Une partie de l’intérêt que le village de Torgny suscite est là, dans son idéale orientation vers le sud, avec son sol calcaire, granuleux, qui se réchauffe très vite au printemps pour garder le plus tard possible dans son giron toutes les calories de l’été et de l’automne ; c’est ainsi que Torgny fait penser au sud-est de la France ; même que les insectes, les poètes et les plantes s’y trompent gaiement ; d’ailleurs, ses tuiles romaines et son climat si singulier participent à l’illusion à tel point que cette ressemblance lui a même valu l’appellation incontrôlable de “ Provence belge ” Effectivement, ses maisons aux murs de pierre jaune du Pays et ses toits de tuiles creuses, telles les maisons du Sud, offrent de remarquables jeux de couleurs sous le soleil gaumais ; et sur le plan de l’urbanisme, on ne compte pas moins de 50 maisons millésimées entre le XIIXème et le XIXe siècle qui méritent la visite. (…) Au croisement de la grand-rue et de la rue de la Croix Labore, mon ancêtre Jean Reumont a dressé là un calvaire, comme pour marquer d’une pierre d’autel cet ombilic cosmique ; je vous invite à venir recharger vos âmes fatiguées en ce lieu respectable où Torgny diffuse toujours et gratuitement comme un subtil mélange d’énergie tellurique et de manne céleste. Jean, le sculpteur est maître menuisier charpentier à Torgny même. Son épouse Marguerite, en 1772, est élue sage-femme, et a juré devant la communauté paroissiale de Torgny, de respecter la loi civile et de l'Église. Elle meurt le 2 janvier 1801 à l’âge de 66 ans. Pendant 26 ans, elle a mis au monde 569 enfants à Torgny même et dans les villages environnants. Son corps fut enseveli dans le cimetière communal de Torgny le 12 Nivôse de l'an X. Ce calvaire dit « Croix Labore » est orné d’inscriptions sur le socle et sur le fût. Sur le socle, on peut lire : Croix Labore (Torgny - Belgique) détail. “1794, cette croix est faite et érigée par moi Jean Reumont bourgeois de Torgny et Marguerite Loupe, ma femme, bénie par Messire Lambert curé au dit Torgny » ; et sur le fût, l’inscription latine suivante : « O crux, Ave spes unica », (O croix bonjour mon unique espoir 1741). Ces deux dates soulignent que cette croix érigée par mon ancêtre Jean, a été élevée en pleine révolution française. De plus, on pourra remarquer que le fût de la croix est antérieur à la partie basse (l'autel). Marguerite Loupe son épouse devant Dieu et les hommes est née à Tintigny en avril 1735, et Jean Reumont à Allondrelle en septembre de la même année. Le couple fut uni par les liens sacrés du mariage en décembre 1759 à Saint-Mard, et de ce mariage naquirent six enfants. Oui, Torgny est bien un « haut lieu » ! (…) Exactement ! Voila bien pourquoi ce jardin du Nord de l’Hexagone, a attiré l’attention, non seulement des entomologistes curieux de sauterelle et papillons méditerranéens, qui sautent et volent d’un côté à l’autre de la Chiers, mais aussi toute l’attention exercée, toute l’intention et même la plus tendre affection de mon cousin Robert Joffet (1900-1991), conservateur en chef des jardins de Paris. À l’instar du compositeur français Pierre Rousseau, alias Pierre Vellones (1889 - 1939), qui fut séduit à ce point par ce coin de pays qu’il décida de l’adopter comme pseudonyme de compositeur. Robert Joffet en fit son paradis du Nord. (...) Il nome della rosa, Le Nom de la rose était “Mme Robert Joffet”, somptueux mélange Rouge Floribunda (floraison), une rose rouge élevée en 1956 en France par Georges Delbard pour son ami Robert dont il admirait tant le travail et la vocation pour les parcs. En maître della rosa, Georges avait élevé Mme Joffet avec beaucoup d’amour, comme on élève avec soin un enfant fragile. Mais pour Robert Pierre Denis Joffet, (né en 1897 à Mont-de-Marsan, dans les Landes), les deux sœurs Reumond de Torgny, Maria-Aline et Louise étaient les plus belles roses du village. Alors, en février 1922, Robert épousera à Torgny même l’ainée des deux sœurs ; puis, après le décès de cette dernière, il convolera en août 1948, en secondes noces, Louise Reumond, en son lieu de résidence principale, à Boulogne-sur-Seine. Ce Boulonnais, unique en son genre, ce maître et franc connaisseur des parcs et jardins de France, sera le premier parisien à posséder sa résidence secondaire en ce merveilleux village de Torgny qu’il adulait tant, au point d’en devenir un jour l’un des conseillers communaux. Alors chaleureusement, je lève mon verre de vin à la santé de ses 230 et quelques Torgnolais bien sympathiques, et je relève mon verre en mémoire de Robert et de mes ancêtres et cousins de Gaume, car Torgny possède également ses vignobles ! Si la terre de Torgny produit du vin comme la vigne produit la joie, et si tout le pays gaumais présente un réel intérêt botanique et ornithologique, c’est que cette terre porte en elle une faune et une flore abondante digne des senteurs plurielles d’un beau roman provençal, aux couleurs de l’été : plus d’une dizaine de sortes d’orchidées sauvages, le thym et le serpolet, entre autres ; et comme nous l’avons déjà souligné, nous y trouvons même la Cicadetta montana, cette petite cigale qui un jour où le mistral soufflait vers la Lorraine à en perdre haleine, a décidé avec la complicité de quelque Pagnol, de migrer, comme Robert Joffet, en remontant le Rhône jusqu’à la bajocienne, en ses lieux bénis de soleil, où la cuesta de Gaume leur rappelait probablement d’autres reliefs où chantent encore aujourd’hui leurs cousins méridionaux. (…) Torgny, torgnolais, torgnolles... Si les mots ne sont pas des sujets de désir, le verbe ne peut rien pour eux, il ne peux rien y faire ! Il ne peut pas les conjuguer avec application, ni au présent, ni au passé de la tendresse, car l’objet du désir ne suffit pas pour faire du futur, il faut « du sujet », du je et du tu. Sans cette nécessaire relation, la chose insupporte le temps et l’espace, alors, le verbe ferme la porte aux intrus. Pour écrire bel et bien, ou pour dire le meilleur et parfois même le pire, il faut que le sujet soit désirable et le verbe désireux, que le sujet soit enviable et en vie, et que le verbe lui-même soit envieux, désirant ou enviant, c'est-à-dire tout gourmand de sujets, comme l’Ogre de l’enfant, et la terre assoiffée, dévorée d’un désir qui désire l’impossible eau du Graal. Il faut donc des sujets qu’on voit pour que les verbes convoitent; des sujets passionnants pour que des verbes passionnés conjuguent leurs qualités et leurs défauts ; il faut des sujets appétissants à souhait, pour que tous les souhaits des verbes alléchés se réalisent en cet instant de grâce... Point d’exclamation, tiret…, telles ces taches de rousseur sur un visage aimé, entre guillemets, point et virgules ponctuent le paysage, guilleret, c’est là, la vision des encres, et le tracé sinueux des plumes en excursion, pour partager la joie d’aimer et la douceur de vivre, afin que tous les sujets soient conjugués avec le même soin, beaucoup de soin, et qu'ils s’envolent ainsi le plus loin possible, entre les parenthèses d’un oiseau migrateur. Dehors, le soleil dédicace ses rayons d’or sur les toitures de tuiles rouges, car c’était la chronique d’été d’un village, sujet de mes émois. Avec grâce, délicatesse et douceur, telle la main attentionnée d’une mère, la brise souffle sur les dictionnaires; c’est le don léger du verbe être qui souffle, c’est l’esprit du verbe aimer et le sujet du verbe qui ferme la page. Je vous quitte sur un point d’interrogation ; car il faut mieux briser les mots que les cœurs ! Torgnoles d'encres - extrait |
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