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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-03-27 | | On me critique ouvertement ou bien l’on m’ignore carrément ! On me dit « abscons » comme un Conconbre masqué, en me jugeant, sur pied de guerre pour mon hermétisme. Kafar nahum ! Même si ma poésie est un lieu de grandes batailles et de grande pagaille, renfermant de multiples concepts, entassés les uns « dans » les autres (horreur !), elle est pour moi comme un terreau fertile, une figure à quatre dimension, tels les objets hétéroclites d’un cabinet des curiosités ou les piles de livres d’occasion entre les mains d’un doux rêveur. Dans le désordre, l’ordre s’organise ! Maux à mots, je suis pêle-mêle comme je suis corps accord, avec mes outils, comme uniques témoins de tous mes efforts, et comme observateurs peu scrupuleux de mes « torpeurs enivrantes », celles qui semblent si chères à Arthur, j’aménage l’espace comme l’illumination vient aux hasards de la vie. Ils me soupçonnent et cela est bien navrant ! D’apposer partout des Majuscules et des Pluriels majusculés comme des mâles obscènes, mais, c’est pour marquer le mot comme on marque le coup. Ils m'usent, me sucent la moelle et me suspectent de consommer des encres avec surabondance, de marier mes logorrhées de grandes marées aux plages de papiers crus saturés de galets ; de mettre du désordre dans l’ordre établi, et de prendre mon établi pour un grand Bateau ivre. On me reproche encore de voir des liens partout, et même d’organiser de sémantiques partouzes de rapports dialectiques ! On juge mes excès de langage et mes contrepèteries trop spirituelles, alors que ce ne sont que de grand Eckhart de verbe, de simples Maîtres mots, pour tenter vainement d’atteindre d’autres rives, en des Ailleurs brillants, d’ailleurs trop improbables pour être vrais ! Néologismophile, abuseur de superlatif, des plus jeunes au plus vieux, on veut me trainer devant les tribunaux pour attentat aux bons mots ; on veut boucher mes schizophréniques failles, avec un mastic du genre "académique". On souligne de rouge vif mes jeux de locutions alors qu’ils ne sont que de pauvres tentatives pour dire l’ineffable. Autour de moi, ils estiment sans poésie mes séquelles de style, effets, qui ne sont pourtant que les conséquences douloureuses de l’épreuve du temps sur l’usure des plumes, et les effets secondaires d’une crampe de s’écrire dans une position trop humaine, celle de notre triste condition. Et c’est là pourtant, les secrets et les méandres calligraphiés d’une écriture qui me donne du bonheur autant qu’elle me donne du souci. Dans le monde, les cœurs fermés ne montrent rien de leurs secrets intimes, et les corps enclos de cuirasses diverses, cachent leur profonde intériorité, c’est ainsi que l’écriture, quand elle se veut ouverte aux autres, ou tout simplement à la vie, à la mort, est une opération à cœur ouvert, un acte à ciel béant, une trace libre d’aller et de venir entre les lignes et les ratures de l’espace-temps. Et c’est bien pourquoi j’écris, d’un cri que se fait rauque ! L’écriture donnée en partage n’est-elle pas un corps livré en pâture, et je me donne comme se donne Les raisins de la colère et la raison du raisin pour en extraire un vin des plus vraisemblable. Je ne suis qu’un pauvre parterre de mots, qui dans les maux puise sa source, des mots déviés par le moindre vent et la moindre allusion, triturés et piétinés que je suis, par la critique acerbe comme par les compliments sirupeux. L’écriture d’un cœur ouvert ne se distingue-t-elle pas de celle d’un cœur de pierre, par la texture même des veines ? Par le grain, la trame…, car la pierre à aiguiser est froide et elle n’aiguise que les rancœurs au lieu d’élever les âmes. Afin d’atteindre la plus parfaite des écritures, il me faut parfaitement jouer le jeu chaotique, perdre le sens, errer le mot; l’enjeu, en vaut la peine d’écriture, et c’est le seul moyen de dire l’humanité et sa folle et géniale quête de sens. Entre l’oratoire et le laboratoire, il y a le bureau du poète et l’atelier d’artiste ! C’est dans cet entre-deux que s’opèrent d’une manière plus ou moins chaotique l’alchimie et la mystique du verbe. Comme dans tout l’Univers, toute forme de spiritualité, toute graphie qui dit l’être, trouve son énergie dans cette incessante lutte entre l’ordre et le chaos. Mante areligieuse, rapace hors norme, la plume y puise ses encres à coup de bec dans la sève même des expressions plurielles de la vie. C’est la biodiversité de l’écriture qui explose ses encres de toutes les couleurs et de toutes les formes de la vie (...) Pour que l’écriture s’enracine dans les méandres de la nature et du corps, comme la danse s’ancre dans le mouvement, il faut avoir beaucoup de révolution en soi même. C’est dans l’acide « ascétique » que l’écriture dissout ses encres, dans la discipline du chaos et l’alchimie des graphies, qu’elle se fait arts pour organiser ce désordre en graphies. Je me rappelle, pelle, pelle…, avec, en arrière-fond, la voix de Gil Roman, incarnant le rôle de Nietzsche dans Zarathoustra, le Chant de la Danse. Je me souviens, viens, viens…, des détails de cette chorégraphie dansée par la compagnie de Maurice Béjart, sur une musique de Wagner et de Beethoven. C’est le gai savoir de se savoir si riche en de telles pauvretés ! Dans l’écho des couloirs, loir, loir…, je me souviens aussi loin que remonte mes souvenirs aux méandres des mémoires, comme d’un coup de poing, point, point…, de cette superbe phrase de Nietzche qui fait encore écho, cho, cho …, en moi, moi, moi …, Le philosophe ne disait-il pas que pour accoucher d’une étoile qui danse, l’une de ces inaccessibles étoiles de super guinguette céleste, celle que chante avec tant de talent Jacques Brel, il faut avoir beaucoup de chaos en soi, soi, soi…, je suis d’accords avec cela, là , là , là . Ecce écho, ecce homo, mot, mot…, il faut beaucoup d’équipées sauvages à son actif, beaucoup de traversées de marges périlleuses derrière soi, de ratures et d’entres noires en de sombres paysages toujours devant soi ! Ainsi parla Zarathoustra, ainsi le chantait Brel, ainsi le pensait Nietzche…, à quel sacrifice suis-je encore disposé, afin d’enfanter d’une telle étoile qui danse, d’astres que se gravent dans l’espace aussi bien que Rudolf Noureïev sur scène ; qui se glissent dans le temps, aussi légères que Nyjinski au grand Opéra des cieux ? Combien de tohu-bohu me faudra-t-il encore supporter, tel Sisyphe dans l’escalade, avant que l’homme au monde ne soit ? Combien de Big bang en cours de procréation universelle, combien de fleuves de sang et de sirops saturés de somnifère (cf. nos Baxter pour survivre) me faudra-t-il boire à la coupe de vie ? Combien de neuroleptiques pour apaiser la douleur des visions, réduire les ratures, failles, fractures et hallucinations ? Dieu danse, le Roi danse, la matière danse, l’écriture danse…, dans tout l’Univers dansant ! Nietzsche le répète : Zarathoustra comme Dionysos sont des danseurs nés. Dionysos mon frère, frère, frère…, Né du corps à moitié consumé de Sémélé, ta mère ; arraché par les dieux des entrailles de la mort, élevé par les nymphes infirmières, entre les Ménades et des joueurs de flûte portant le thyrse ; te livrant nu aux jeux des Bacchantes, à des danses frénétiques comme à de folles calligraphies, t’écrivant en d’amoureux transports comme une écriture désordonnée, tu es la vie vivante, la vie errante. Ma plume voudrait danser ainsi, avec toi, mais le feu l’étreint ! Dieu du Théâtre, de la Danse et de l'extase des graphes, en mille mouvements, en couleurs, en traits et en cris tu t’exprimes, tu es la vie même, même, même…, En de multiples métamorphoses, telle la plante fragile, entre les cuisses des dieux tu poussas pour devenir toi-même, frappé toi aussi de démence tu erras avec moi dans les couloirs de ce Pavillon des fous ; la lie de ton vin, l’ivresse de tes chairs, l’encre de tes yeux, la sève de ton corps, tout voudrait passer par ta plume énamourée. 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