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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-01-13 | | Je connais déjà les vides juridiques, les pompes à vide qui vous sucent la moelle, les trous de mémoire qui vous creusent du dedans et les caries qui vous évident jusqu’à l’os. De même, je connais les vides de la vie, les vies vides de sens comme peut l’être l’absence douloureuse d’un être aimé ; c’est là , dans le vide que se creuse le doute. C’est là encore, entre deux eaux, que l’écart entre exister et être se courbe en sa réfraction, et qu’une frontière se tisse entre les lourdes contingences de la condition humaine et la virtualité d’être en puissance. Je sais aussi par cœur, les déserts abandonnés, les forêts sans le moindre chant d’oiseau, les villages dépeuplés de beaux vieillards et les rues tristes sans cri d’enfants joyeux …, mais, entre le ciel et la terre, rien ne ressemble plus à la vacuité de l’Orient, à l’éternel infini, à cette solitude pleine de sollicitude et de lumières chaudes, à cette dépossession de soi et à ce déblaiement des choses sans importance, que cette délectation d’une expérience unique à la frontière des ailleurs. C’est en cette belle après-midi ensoleillée que j'ai reçu le coup du lapin, avant de sombrer dans les eaux profondes, mais c’était en fait un coup du sort ! N.D.E ou E.M.I, quelque soit la langue parlée ou le pays traversé par les âmes en partance, c’est toujours une expérience limite ! Un état très limité à la limite de soi, bien plus qu’à la frontière de la mort comme on le raconte trop souvent. Il y avait dans ce grand écart, quelque chose de l’ordre du pèlerinage comme un voyage initiatique. Sur ce chemin d’eau, comme mon frère Abraham, j’ai cru entendre en ma propre conscience, une voie qui était ma voix, me dire à plein amour et à mi-mots : Roland, quitte cette tragédie, ces contrées, le lieu de ton enfantement premier, tes croyances et la maison de ton père, et va vers ce pays lointain, cette terre promise que je te montrerai. Genèse de genèse, c’était avant le G.P.S., et c’était comme une nouvelle naissance, mais cet enfantement était endogène, comme on retourne ses chausses pour toujours. Cette expérience; ça vient de l’intérieur profond, du cœur même de la matière; comme la conscience est la réflexion de l’univers, les motions comme les sentiments évidés de tout semblant, viennent du dedans ! À l’extérieur, je n’ai croisé ni Dieu, ni ange ni démon ; pas le moindre ancêtre pour me guider ; car il n’y a pas de Dieu extérieur, il n’y a que des images et des croyances intérieures qui s’incarnent et font chair. L’extérieur est au plus profond de nous, au plus intime et au plus ultime de nous. Pour s’incarner, il faut « faire lieu », c’est l’enjeu, le jeu par excellence pour devenir plus conscient de nos pauvretés, plus lucide de notre non-être, néant que nous encombrons interminablement de quoi combler le manque. Dans le reflet d’un corps dédoublé en miroir, comme un long ruban de Möbius, dans une sorte de topologie ontologique, en une surface complexe et compacte à la fois, contenant tous les états de conscience sous la forme de toutes les images du Monde, j’ai vu avec désagrément, tout le chemin qu’il me restait à parcourir à la brasse. Dans ce recul, en cette apesanteur, dans cette excavation, j’étais une barque volante ; derrière le voile déchiré du temple, j’étais le témoin et l’acteur d’une extase ; j’étais la rame et l’aiguille qui pourfendent l’espace et le temps, dans le va-et-vient sans fin de mon histoire toute défaite. De cette expérience à mi-chemin entre une expérience transpersonnelle et individuelle, dans une sorte de rêve hybride parmi la réalité et l’imaginaire, la mise en distance par les images et les mots, s’impose, comme les métaphores en poésie, la mise à distance s’impose comme une véritable « distanciation », pour pouvoir aborder les quais du cœur des choses. Et nos gros cortex n’y sont pour rien et n’y peuvent rien, ils sont parfaitement impuissants et inutiles pour saisir l’essentiel, pour discerner la réalité la plus spirituelle, c'est-à -dire la moins évidente. Désencombré de tous ces raisonnements qui nous encombrent, l’animal le plus basique semble plus compétent que nous pour saisir tout ce qui est primordial à l’être. (…) Extrait de Oraison |
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