L'horreur ne fait grandir personne ! Elle souille les regards, piétine les fleurs et ferme l’horizon ; elle arrête d’un coup les horloges sur les images, hurle dans la nuit froide des cris de panique, rend hostiles les plus chaleureux et honteux les plus fragiles. Elle est la bête immonde qui gronde dans la rue ; hyène affamée de sang, elle affadit l’amitié et fatigue l’amour ; elle donne la nausée aux gargouilles de pierre et empreinte le cœur des anges d’une répugnance de glu.

L’horreur est une erreur de la nature qu’il faut supporter comme l’épreuve qui vient, tel l’événement qui coule de source ; pauvrette ! C’est une pauvreté de l’homme quand il arrête un seul instant de quêter le beau et de guetter le bien.

Cette sombre répulsion éloigne le ciel de la Terre, et l’intérieur invisible de l’extérieur visible ; c’est comme un mal à vivre comme un vide plein d’effroi ; c’est en un seul mot l’horreur pour signer les maux, l’épouvante à même la fleur des peaux tendres et affamées d’amour ; une fissure de l’âme qui saigne à tout jamais de la douleur de toutes les consciences blessées, un jour de pluie ou une nuit d’angoisse, par quelque frayeur.

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(Dissentiment, mai 2001)