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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-08-24 | | « Nos corps aussi sont changés continuellement et sans aucun repos, et nous ne serons pas demain ce que où nous avons été hier, ou ce que nous sommes aujourd’hui. Ce jour-là fut, il y eut un jour dans lequel nous étions seulement des germes, espérance premières d'hommes ; nous avons habité dans le sein maternel. L'enfant produit à la lumière a été gisant sans forces ; bientôt après il a porté ses membres marchant à quatre pattes et à la manière des bêtes sauvages ; et peu à peu tremblant, et le jarret n'étant pas encore ferme, il s'est-tenu debout, ses nerfs étant aidés par quelque appui. Puis il a été fort et agile ; et la durée de la jeunesse passe, et les années du temps intermédiaire ayant fini leur service aussi, elle glisse par le chemin en pente de la vieillesse, qui est au déclin. Celle-ci mine et détruit les forces de l'âge précédent ; et Milon plus vieux pleure, lorsqu'il voit ces bras, qui avaient été semblables aux bras d'Hercule, par la masse de leurs muscles solides, devenus inutiles pendre flasques. La Tyndaride pleure aussi, dès qu'elle a vu dans un miroir ses rides de vieille femme, et elle se demande en elle-même, pourquoi elle a été enlevée deux fois. ¬Temps destructeur des choses, et toi, Vétusté jalouse, vous détruisez toutes choses, et vous consumez peu à peu par une mort lente toutes les choses endommagées par les dents de l'âge. » Ovide, Métamorphoses. Si l’enfant à la métaphore naturelle et facile, c’est tout simplement parce qu’il est lui-même un être en pleine métamorphose ! Il quitte à peine le liquide amniotique où il flottait entre deux eaux, pour se retrouver entre ciel et terre. Les bons mots, chassez-les, ils reviennent aussitôt au galop, parce que le jeu de mots est chez lui de nature nue, brute et spontanée, tout à la fois ! L’enfant est un être juxta linéaire où se côtoient sans cesse le passé et le futur dans l’immensité d'un instant présent ! De mue en transformations, sans cesse il change de peau ; il n’y a pas de frontière réelle, pas de no mans ‘land chez lui, dans cet espace de mutations qui est le sien ! Le fœtus y côtoie l’adolescent et déjà le vieillard. Joyeux, magiques, féeriques…, les mots d'enfant sont légers comme l’air, ils tracent sur les murs des marelles innocentes, des dessins aériens comme la poussière de craie blanche ; les mots d’enfant sont des métaphores limpides comme l’eau, comme un regard, tendres comme le verbe aimer, doux comme la voix qui raconte quelque histoire, ilsl sont colorés comme les fleurs du jardin. De tous ces mots d'enfant, de ces bijoux de poussières d’étoiles, égarées en d’étonnants regards étonnés, en de beaux souvenirs, je cueille les sucettes sur les arbres à sucer, parce que j’ai le cheveu blond bouclé comme des ressorts et la tête pleine d’imagination ; avec les maux je fais des gerbes, ce sont les mots d'un vieil enfant qui se souvient, avec nostalgie des odeurs et des mots de l’enfance. Je crois que de tout l'esprit du monde, de tout l’humour que je préfère, c’est encore celui qui jaillie des bouches de l’enfance. Avec ces merveilleuses perles, je ferais des bottes à nouer le sourire ; et quand je serais grand, si je le suis un jour, je serais cirque de clown, sur la foire de Notre-Dame-des-Anges, pour faire rire les parents et donner la joie aux poètes qui sont tristes. J’irai bicycler sur le papier blanc, et raturer sur la route, pleine de dessins bleus et rouges, et autour de la cour, comme un fou, j’irai courir après le temps pour tracer l’espace avec mon cheval blanc. Quand j’étais petit je me souviens très bien, je manger du lait de maman avec une cuillère à rêve; et sur le radiateur de la cousine, le chat sortait ses griffes pour me montrer ses dents. Au Zoo de Vincennes, l’enfant tout excité s’écrie ; le plus sérieusement du monde : « Pourquoi l’éléphant il a un bras entre les jambes ? », et les grands rhinopopotames marchent sur l’eau pour piétiner les gros codiles. (...) Hébergé à la campagne, l'enfant s'intéresse beaucoup à la reproduction des mammifères et autres bêtes de la ferme ; dans la basse-cour, les poules sont en récréation, le chien joue à saute montons avec la chienne, la cousine joue à touche pipi avec une personne, les coqs font du cheval et le cheval fait des bébés.., car entre nous, les poulains poussent dans les poulaillers, ainsi c’est le printemps et les bas-ventres qui se réveillent, avec les jeux, les questions et les cris. - Madame, monsieur, maman, papa…, regardez ! - Viens voir la vie ! - Viens vite, car le temps passe trop vite, - je crie et j’ai déjà vingt ans ! Le ballon rouge tombe dans le ciel et les saisons passent sur le scaphandrier ; c’est bientôt Noël, il neige partout des flacons, sur les arbres et sur la brèche. Marie, Joseph, et les trois marges veillent sur le Petit Jésus et sur mes os ; sur la radiographie j’ai vu les arêtes de mon ventre, et chez le docteur Roubbe montré mon phimosis ; il faut décalotter le chapeau pour enlever les adhérences, dit-il, décoiffer le grand pour découvrir l’extrémité des péniches. J’ai cinq ou six ans, je suis un végétal, une plante des bois, et comme pour le rouvre, la cupule est solidaire du gland. Sous le chêne, au cours du temps, prépuce et gland vont se séparer, car rouvre et Roubbe, se ressemblent et s'assemblent ! Entre le lointain passé et l'avenir, tout est lié, ainsi, l’enfant qui va vomir va « déborder », l’évier qui déborde va vomir ; car le verbe des enfants a des crampes de langues, des potagers de potaches, des vergers de verges roses, des jurons de langue verte et pas encore mure ; les fruits y poussent dans des arbres en fleurs, et le lait dans des vaches en génisse, car quand il fait triste dedans, les gouttes de pluie perlent sur les visages espiègles, et les eaux de l’enfant y sont des larmes d’anges. (…) fragments illustrés sur http://www.facebook.com/notes/roland-reumond/veilleurs-de-dhuis-extraits/10150275797307337 |
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