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Les deniers de Judas
prose [ ]

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par [erableamots ]

2005-07-13  |     | 



LES DENIERS DE JUDAS


On achète. On achète. On ne cesse de nourrir la grande gueule du vide. Il y a sur la balance du partage un énorme veau d'or et quelques miettes de pain. Il y a tant d'objets pour si peu d'amour. Il y a tant d'habits pour si peu d'hommes dedans. Chaque monnaie d'échange est un denier de Judas. Les visages dans la foule échangent leurs grimaces. Leurs yeux effacent les images qui reflètent la vie. Les mains se touchent à peine.

Il n'y a plus ni glace ni brûlure mais du sec et du mort. Plus d'arcs-en-ciel non plus. Il n'y a plus d'espoir qui traverse les murs mais d'anciennes répliques qui rampent sous les ordres. Il n'y a plus de passion mais des excuses valables. La bouche est grande ouverte mais le bâillon solide. Les yeux sont grand ouverts mais la cagoule est close. On veut laver la mort comme une tache de naissance et on oublie de rire.

On achète. On achète. Tout se vend, même Dieu, la forme des nuages avec le bleu du ciel, les châteaux de cartes et le soleil. On confond les berceaux avec les potences, l'espoir avec le fric, l'amour avec le cul, les phrases avec le sens. Le monde n'est plus qu'un édifice qui vacille. On ajoute pour la forme des fissures aux fissures et la fission de l'atome à la fiction des hommes.

Je ne sors presque plus de la forêt des mots, de mon île lointaine, de la case des ancêtres, de mon arbre simiesque. Je n'ai plus besoin de voler, j'ai inversé la pesanteur. Je suis du côté de la mer, des étoiles et des bêtes. Je reconnais mes yeux dans les yeux de mon loup, ma soif dans l'eau fraîche, ma bouche dans un pain. Je fais de mes pas des pierres de mosaique, fragments éparpillés, tessons de lumière, galets naïfs. Je voudrais que ma vie soit au dessin d'un enfant.

Il y a tant de mots pour si peu de langage. On croit faire tourner le monde en prenant la même rue sans savoir où elle mène. Les rivages de l'amour sont si bas, la haine les submerge. Ceux qui sont déjà morts en se croyant vivants nous entraînent à la guerre. Les larmes craquent sous les pas et des sourires défoliés colorent le mensonge. La lucarne descend lentement vers la cave pour ne plus voir le monde. Il faut laisser les papillons remorquer la planète.

On achète. On achète. On ne donne plus rien sauf des coups de pied au cul, le coût de la vie et le prix des caresses. Perdu sur l'autoroute, je pousse ma brouette et son unique roue. Je transporte les mots qu'on a laissé tomber, les poupées orphelines, les sentiments cachés, un air de Chopin échappé de la lune. Les autos klaxonnent sans comprendre. C'est la guerre des minutes, le flux et le reflux. Sous la cadence du profit, on ne danse plus, on court en écrasant les autres.

On achète. On achète. On vend tout, même la mort, le sel de la mer, la plage à tant le grain de sable, l'eau de pluie à la goutte et de l'air en bonbonne. On vend son âme pour un salaire, ses fesses au patron, ses fillettes à la mode, son fils à l'armée, le bonheur au gramme, l'espérance en sachets et ses rides à la science. Les grandes surfaces servent d'église. On communie au guichet de banque. Si tant est que nous devons survivre, que ce soit sans marchand, sans banquier, sans réclame.

Il y a 4 milliards d'hommes sur terre qui se parlent en monnaie. Big Brother est un mythe, c'est le Dow Jones qui règne. J'écris sur l'infini avec un grain de sable. Je dessine la mer sur une goutte de pluie. Je crie je t'aime aux oiseaux de passage. Je salue le soleil qui persiste à briller, les poètes qui signent, la peau qui saigne, les yeux qui pleurent. Je grimpe encore aux arbres en m'écorchant les mains et pisse dans mon froc à la vue d'un fusil. Un jour, peut-être, nous deviendrons plus doux. La chaleur des îles rejoindra les banquises. Je vous écrit ces mots sur du papier volé, à l'encre de mon sang, sans un sou pour le timbre. Je laisse en post-scriptum les larmes d'une mère et la faim des enfants.

13 juillet 2005

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