Une note ou deux de musique sacrée,
un poème récité sur un ton de circonstance;
dans mes artères de glace, le monde
s'éveille à la flamme qu'était ma voix.

Rumeurs d'un passé sans lendemain
chargées de fougue et d'humour,
tout à mon image au fond de tes yeux.
Il n'y aura plus de drap
entre mon désir et le corps que j'aime;
nos coeurs battent sans trève.

Chaque mouvement est doux, imprécis,
une branche de saule qui glisse
sur la surface déjà ancienne de notre étang.

J'aurais encore eu tant à te dire.
Comme tu avais raison!
Les anges et les démons n'existent pas,
le ciel est pour les oiseaux et les superstitieux.
Désormais je contemplerai le temps,
détachée de son effeuillement linéaire.
Rien ne s'arrête sous le soleil de minuit.

L'immobilité invite le vent à la fête:
que ceux qui croient au pouvoir de la parole
me soufflent un dernier adieu.

Campagne paisible ou ville fourmillante,
je suis partout, ici et ailleurs,
moineau, rivière, pivoine, nuée de poussière
revenue à la chaleur de la terre.