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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2019-11-06 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt La jeune fille revient de la campagne Au déclin du soleil, Portant sa botte d’herbes ; et elle tient à la main Un petit bouquet de roses et de violettes, Dont, comme à l’accoutumée, Elle se propose de parer, Demain, jour de fête, son sein et ses cheveux. Elle s’assoit avec les voisines Dans l’escalier, pour filer, la petite vieille, En se tournant du côté où se perd le jour ; Et elle se met à raconter toutes ses belles années Alors qu’aux jours de fête elle se parait Et qu’encore vive et souple Elle allait danser, le soir, avec ceux Qui étaient les compagnons de son bel âge. Déjà l’air s’embrunit, Le soir s’azure, et l’ombre coule Des collines et des toits Dans la blancheur de la lune neuve. Maintenant la cloche annonce La fête qui approche ; Et à son tintement on dirait Que le coeur s’apaise. Les enfants crient Sur la petite place, en bandes, Et en sautant çà et là Font une rumeur joyeuse : Et pendant ce temps retourne à sa pauvre table, En sifflant, le laboureur, Et il songe en lui-même à son jour de repos. Puis quand s’éteignent partout les autres flambeaux, Et que tout se tait, On entend le marteau cogner, on entend la scie Du menuisier qui veille Dans son atelier fermé, à la lampe, Et qui se hâte, et s’efforce D'achever son ouvrage avant le point du jour. De toute la semaine, c’est le jour le plus aimable, Plein d’espoir et de joie : Demain les heures ramèneront La tristesse et l’ennui, et chacun par la pensée Retournera à la peine accoutumée. Jeune garçon enjoué, Ton âge en fleur Est comme un jour plein d’allégresse, Jour clair, serein, Qui prélude à la fête de ta vie. Réjouis-toi, mon enfant : c’est un doux état, Une saison heureuse que la tienne. Je ne te dirai rien d’autre : mais si ta fête Tarde à venir, que cela ne te pèse pas. (Giacomo Leopardi, Canti)
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