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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-01-14 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt L’enfant du bûcheron était devenu pâle. On ne sait quelles voix les appellent aux cieux, Tous ces doux oiselets ! mais avant la rafale Ils se cachent là -haut dans des nids plus soyeux. Le soir quand il allait près de la porte, Les femmes en passant disaient : « Il va mourir ! » Et tout au fond des bois, où dort la mousse verte, Le pauvre bûcheron s’enfuyait pour gémir. Les arbres onduleux pleuraient sur son passage, Car ils avaient frôlé les cheveux de l’enfant ; Les fleurs avaient aimé la fleur de son visage, La source avait baisé son pied rose et charmant. -Où sont les cheveux blonds ? demandaient les gros frênes ; -Où sont les yeux d’azur ? s’inquiétaient les fleurs ; -On n’entend plus sa voix, disaient en chœur les chênes ; -On ne voit plus d’enfant, disait la source en pleurs. Le pauvre bûcheron comprenait leur prière. -« S’il venait, criait-il, me le guéririez-vous, Ô sève des forêts, brise, chaude lumière, Souffle des hauts sapins et fraîche odeur des houx ? » Un matin de printemps le petit être blême Dit tout bas : « Père, il faut que vous me conduisiez Bien loin comme autrefois dans la forêt que j’aime Où neigent au soleil les jeunes cerisiers. » Son père l’emporta, qui respirait à peine, Sous les arbres couverts de blanches floraisons L’enfant mourut joyeux auprès d’une fontaine… Alors au fond des bois reprirent les chansons… Les chênes, les bouleaux parlaient de feuille à feuille ; -« Il nous est revenu cet enfant tant pleuré ; Dans toute la forêt son âme qu’on accueille Désormais passera sur un rayon doré. Son regard fleurira l’iris et la pervenche, C’est vers notre splendeur que tout son être a fui… Le ruisseau qui frémit, l’arbre que le vent penche Répéteront toujours quelque chose de lui ! Viens chercher ton enfant le soir sous nos ramées Il y parle à voix basse, au cœur des liserons, Sa présence a rempli nos retraites aimées, Viens nous le demander, nous te le donnerons ! » Et c’est pourquoi la nuit, quand la forêt sommeille, Le pauvre bûcheron s’y glisse avec émoi, Car une voix d’enfant lui murmure à l’oreille Douce comme jadis : « Père, c’est encor moi ! » Brest, 25 novembre 1902 (Jeanne Neis Nabert, alias Sijenna, Humble moisson, 1903, pp. 6-8)
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