…chaque jour auprès de toi je vivais apprenant
des leçons de plus en plus terribles
je savais que dès ce soir-là toutes les fenêtres
seraient complètement murés contre les sourires des anges

… que des vergers de pommes entiers fleuriraient tous secs
que le matin ne serait qu’une autre nuit
que l’herbe irait perdre ses ailes vers le soleil

… les icônes iraient tomber sous la main trop humaine
sans aucune vocation. sans aucun sens. au-delà des saints.
au-delà de la croix. trop tard. trop éphémère.

le vin et le blé succombent dans des troncs onctueux
qui parient toujuors en faveur du charnel

… que le rayon bleu serait mort avant de naître
que rien n’est pas grave. que tout vient. que tout passe.

c’est aujourd’hui que nous nous couronnons mais nous ne sommes
que les maîtres illusoires et drôles d’un univers défunt

cette année l’automne n’est plus arrivé
l’été non plus… ni le printemps
les sapins de Noël sont décapités. jamais ornés.

j’ai oublié deux petits cloches sur l’escalier brun
deux cloches muets exilés au-delà du son
maudits à trouver un autre destin. tout à fait différent.

je n’ai plus cueilli les feuilles de chêne
c’est pourquoi je n’ai plus crocheté de petits panniers

les escargots sont pétrifiés dans des feuilles rompues

la bardane s’accroche au blanc de mes joues
– offrande refusée dans le ciel. même dans la terre


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dans des miroirs de brouillard mes yeux me cherchent
donne-moi tes mains, doux souvenir, et ne me quitte pas!