la nuit filmée sur les lèvres du jour
les odeurs du minuit qui avalent l’écume de la caméra
le décor titubant sous les talons hâtés
d’un chat long et limpide
qui lèche les arcs désuets
des regards de l’amour
le téléphone, trapèze volant de la musique
la pluie qui s’égoutte sur les cils des réflecteurs
les rails longs et parfumés
s’accrochant à l'équinoxe de la pellicule humide
les mains qui ne retrouvent pas leurs corps
les empreintes affadies des pas
les rires fardés
sillonnant les artères des sons de la rue
le rêve en noir et blanc d’un enfant à plasma
les dentelles pétrifiées
par les cierges du carnaval
le déguisement de la mort sous la neige
l’affiche des paroles truquées
les cadres crus du ventre de la passion.


Photo - Jacqueline Bisset et François Truffaut dans "La nuit américaine"