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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-01-07 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt L’air est tiède, enivrant; le vent s’est arrêté Dans sa course rapide et sur la plaine douce Repose mollement. Le soleil a glissé Du haut du firmament; sa grosse boule rousse De ses derniers rayons a coloré les cieux Et rougi le clocher de la petite église. On dirait que le monde est recueilli, pieux Et fait l’acte d’amour qu’emporte au loin la brise, Vers le Dieu Tout-Puissant, dans l’infini bleuté. Et moi, toujours rêveur, vers le vieux cimetière J’ai dirigé mes pas. Ah ! quel beau soir d’été Ah ! que le ciel est beau ! Ah ! que la terre est chaude ! Et que le cimetière est tranquille et pensif ! Le soir est violet et la brise qui rôde Sur les prés endormis, sur les roseaux chétifs, Est lente comme un rêve. Et la plaine repose. Le cimetière est doux et calme; le vieux mur Est couvert de lierre et sur la porte close Un oiseau s’est posé pour chanter dans l’air pur Sa chanson aux accents mélodieux et tendres. Sur les tombes, les fleurs se penchent lentement Et parlent d’une voix que nul ne peut entendre À ceux qui sous leurs pieds reposent doucement. Ah ! quel séjour de paix ! tranquillité qui grise ! Je me suis arrêté et longtemps j’ai rêvé… J’ai pensé que les soirs, après les journées grises Et pleines de douleurs et de tourments glacés, Que les soirs apportaient un repos à la terre. Et j’ai pensé aussi, qu’après ce jour trop gris Que nous avons vécu, voyageurs solitaires, Nous viendrons reposer, loin des tristes soucis, Dans le vieux cimetière… Et la nuit est venue Me surprendre à rêver dans la douceur du soir. Je m’en suis retourné, tout seul, le long des rues. Ah ! que le cimetière est calme, dans le soir ! Poème inédit Ce lundi, 5 novembre 1928 (Hector de Saint-Denys Garneau, Mémorial. Inédits de Saint-Denys Garneau de parents et d’amis, 1996)
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