Oyez-vous braves gens, le chant des gargouilles,
Entre le Ciel et la Terre aux grands champs des églises,
Quand les toits gouttent après de torrentiels orages ?

Les gargouilles ne sont pas Sirènes séductrices,
Mais elles chantent quand même aux crêtes de la pluie,
À plein poumon, à pleine gueule elles dégueulent,
Et pissent dans mon lit, se renversent sur ma page,
Remplissent mes encriers de larmes poétiques.

Quand goutte le temps aux microsillons des pierres,
Taillées dans la chair même de diables nus et vils,
Elles se mettent à vivre et leurs ailes s’animent.

Oyez-vous pénitents,
Le chant sacré des gargouilles, ces esprits vifs
De la nuit et du jour, aux champs des églises dressées,
Quand les toits gouttent après de torrentiels orages ?

Démons de toutes heures, dragons de roche taillée,
De gothiques délires de sculpteurs enivrés
D’inspirations célestes aux murs des cathédrales.

Oyez-vous pèlerins, chercheurs de réel,
Elles gargouillent comme siphons d'éviers,
Ou goutte à goutte, pissent, comme tour de Pise,
D’un débit métaphysique comme montent marées
D’en l’entre-terre, aux bordures de l’infini.

Et vous, pleuroirs, pleuvoirs, dégorgeoirs …,
Dégueuloirs et gueuloirs à flot,
Vendangeoirs du Ciel,
Égouttoirs de douches et de baignoires …
Entendez-vous le cri de l’homme ?

Oyez-vous chercheurs d’absolu,
Distinguez-vous le chant des gargouilles,
Aux champs des églises et des lieux saints ?

Quand les toits gouttent après de torrentiels orages
Quand tombent la neige, la grêle et la pluie,
Les anges et les Saints comme parole se sèment

Siphons de tous pays
Robinets gothiques de cathédrales
Vidangeurs d’abbayes,
Bénitiers géants,
Mitigeurs vidangeurs,
Bouilloires d’eaux consacrées,
Menneke pis and love,
Pisseuses de tous crus,
Éboueurs de tous poils,
Sages et prophètes,
Nettoyeurs à jet haute pression,
Balayeuses, car Wash
Psychologiques et spirituels …,

Tous frères et sœurs de gargouilles,
Unissons nos jets flux et reflux
Pour nettoyer et faire l’Homme

Que s’écoule l’Amour et
jaillisse l’Humanité.