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Badawi
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par [verite ]

2011-06-29  |     | 



« Badawi » Mohed Altrad collection « Babel » éditions Actes Sud



D’une écriture sobre, élégante, l’auteur nous fait découvrir le parcours d’un bédouin qui brave les traditions, se découvre une autre vie. Les premiers pas de « Maïouf « (son nom)


Fréquentant l’école, habillé de sa djellaba usée. Les autres élèves l’observent avec
méfiance.

Le jeune élève apprend rapidement et devient la convoitise des autres, ils supportent mal que ce garçon pauvre, fils d’une femme répudiée, pût être leur égal ; « t u travailles bien, je suis fière de toi, dit le maître. » La joie se dessinait sur le visage du jeune élève. Dans ce monde étrange du soleil, la jalousie ne tarde pas à ce manifester, quelques élèves l’attrapèrent par le bras, destination le désert de sable ou l’attendait un profond trou. « Ça ‘t'apprendra à être ami avec le maître ! dit une voix. « Maïouf attendait qu’une main généreuse vienne le délivrer de ce cauchemar, mais personne ne vint. Dans un sursaut de rage, il se fendit, le sable s’ouvrit, il se dégagea, roula sur le côté.

Désormais se promit –il, il serait le meilleur.

Maïouf était convoqué, il devait rejoindre son père. Il était inquiet, il ne savait pas comment se tenir. « On m’a dit que tu m’avais fait honneur à l’école «. Grâce à l’école l’horizon de Maïouf s’était ouvert à perte de vue, le serment qu’il s’était fait le jour ou ses camarades en l’ensevelissant dans le sable, avaient voulu fléchir sa volonté, il avait tenu. Il est maintenant au collège, sa rage de travail ne le quitte pas …

Il vient d’être reçu au Brevet.

Il lui faut à présent trouver un logement à Raqqh, il trouva (à sa surprise) l’hospitalité, il se disait que son père n’était pas étranger à cela. Au lycée, il doit fournir des efforts. Le couple qui l’hébergeait avait deux filles, l’une d’elles n’était pas indifférente à notre jeune lycéen. Ils se rencontrèrent à maintes reprises. Maïouf n’avait pas l’habitude de rencontrer des filles, il était un peu gauche. Cela faisait à présent deux années que Maïouf était dans cette ville.

Tout à coup, il entendit le bruit d’une voiture qui s’arrêtait devant la porte.

Le conducteur lui fit signe de venir, il eut à peine le temps de prendre quelques affaires. La voiture démarra à toute hâte pour s’arrêter dans la cour de la maison du père, il était accueillit par sa belle mère. Son père l’attendait. «

Tu as passé quatorze ans, il est grand temps que tu penses à trouver femme «.

Voilà celle que tu vas épouser, son père est d’accord «. Il fit un pas en arrière, le temps de reprendre ses esprits. En son for intérieur, il ferait tout pour empêcher ce mariage. « Je vais réfléchir, dit –il «. Il ne s’attarda pas, et demanda que le camion le ramène à Raqqh . Habituellement c’est le Mouktas, le chef qui décide des mariages. Mais dans une grande vile les choses se passent autrement. Rendez-vous fut pris devant le juge. Maïouf se présenta seul, sa mère était morte. La jeune fille vint accompagnée de son père. Il les reçut dans son bureau et ne fit aucune difficulté pour délivrer les deux jeunes gens de leur promesse.

Il avait gagné.

La matinée était claire, il avait des cours à préparer, il s’assit au petit bureau qui lui servait de table de travail, un craquement transperça le silence, il venait de déchirer sa « djellaba ». Mais comment l’à remplacer, il n’a pas d’argent. Il lui vint une idée, comme son père était un riche commerçant, il lui demanda un peu d’argent pour acheter une nouvelle djellaba, le père ne desserra pas les dents … Il savait que son père avait crédit ouvert dans une boutique, il se présenta comme son fils, y choisit le modèle qui lui plaisait et la fit mettre sur le compte de son père ; le commerçant hésita un instant, mais il inscrivit la somme au bas du registre. Maïouf ne s’attarda pas … Son père pouvait arriver à toute instant ; Il était fier de lui …

En lisant le journal, il apprenait qu’il était reçu premier de sa région au baccalauréat.

Seule la présence de Fadia lui était de quelque réconfort. Elle était devenue le centre de son monde, ils étaient souvent ensemble et avaient des projets pour l’avenir …Maïouf venait de recevoir un courrier, lui indiquant de se rendre à DAMAS, une invitation du ministre. La main de Fadia était fraîche quant elle saisit la sienne en l’accompagnant à l’autobus. Dans la salle du ministère ou les autres diplômes attendaient déjà. Les dix garçons portaient tous, veste et pantalon. Maïouf était seul en djellaba.

Le ministre venait d’arriver, prononça un discours.

Maïouf se faisait discret, quand soudain, une voix glissa à son oreille « que feriez-vous, mon garçon si l’on vous proposait une bourse d’études pour l’étranger ? Sans réfléchir, Maïouf « j’aimerais aller en Allemagne étudier l’agronomie «. Il était revenu à Raqqah depuis une dizaine de jours quant une lettre officielle arriva. Il y recevait une bourse d’études de pétrochimie en France. Tel fût son étonnement. La seule personne qui lui restait, c’était Fadia.

Il était en train de se rendre compte qu’il était devenu amoureux d’elle, sans avoir jamais eu le courage de le lui déclarer.

« Tu as accepté ? – Oui bien sûr – nous ne nous reverrons plus alors ? – Je reviendrai parce que je t’aime. – Je t’attendrai, alors parce que moi aussi je t’aime. Le jeune diplôme attends l’autobus qui arrive, mais il attend aussi Fadia, pour lui dire au revoir, elle arrive enfin, déposa un baiser sur la joue de Maïouf … Les lettres arrivèrent régulièrement de Paris. « Je suis inscrit à la faculté de physique et de chimie.

Il avait oublié de signaler qu’il avait changé son nom sur les registres de l’université. » Qhaer, le victorieux «.

Son diplôme d’ingénieur en poche, il avait décidé de revenir au pays pendant les vacances. Fadia l’attendait, elle était toujours aussi jolie. « Bonjour Maïouf « - bonjour répondit-il. Fadia, je suis un peu gêné, je pensais avoir plus de temps, mais je dois retourner en France dans quelques jours, je dois aussi voir ma famille. Ils allèrent visiter la citadelle, s’échangèrent des nouvelles, elle allait devenir institutrice … Ils restèrent quelques instants sans se parler. Ils étaient devenu des étrangers, leurs rêves de jeunesse oubliés. – Je vais revenir … À la gare routière, il prit un billet direct pour DAMAS. Bientôt, il devait rejoindre Abû dhabi ou il venait d’être engagé comme ingénieur. Il se mit rapidement au travail …

Les jours passèrent …
Fadia lui avait écrit, annonçant sa prochaine venue … Maïouf ? Qhaer eut un sourire embarrassé. – Tu as changé, je t’ai quand m^me reconnu. Elle le suivit, docile … Les discussions devenaient de plus en plus abruptes.

– Te souviens-tu des lettres que tu m’écrivais lorsque tu es arrivé en France ?

– Tu parlais d’un enfant – oui bien sûr – de notre enfant ? J’avais peur, lui disait-elle, peur de trouver un étranger. – Laisse moi le temps ? Il est tard – à demain répéta Fadia , elle disparut … Il n’était pas loin de 19 heures , et après la journée la plus absurde qu’il ait jamais vécue … Il avait découvert un billet bien plié , posé sur la table de chevet

– . Une missive officielle, lui demandant de rallier son poste de toute urgence.


– Il arriva sur les lieux, fût installé dans une salle de repos, lui demanda d’attendre … Il composa le numéro de téléphone de Fadia.- Votre amie n’est plus là …

Ici les mots ont un sens, une vie, une blessure, une fracture. Un roman qui offre une lecture régulière, sans arrêt. Les mots de la vie.


Alain LE ROUX

© 2011

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