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Xe Biennale de Lyon: \"Le spectacle du quotidien\"
article [ Evénements ]
Du 16 septembre 2009 au 3 janvier 2010

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par [NMP ]

2009-09-17  |     | 



Nous vivons dans la société du spectacle. Malgré les effets aliénants qu'elle a sur notre vie et sur nos liens sociaux, elle est une des conditions les plus fondamentales de notre existence. Nous percevons le monde et communiquons entre nous par le spectacle -un système de production et de représentation d'images dominé par la logique du capitalisme de marché, qui tend à "développer" nos facultés de perception, d'imagination et de réflexion afin d'en faire un "modèle unidimensionnel" formaté par le langage de l'idéologie consumériste.

Cependant, alors qu’il n’existe plus de «dehors » pour cette société du spectacle à l’âge de la globalisation ou de l’«empire global» (Antonio Negri et Michael Hardt), reste la nécessité d’un engagement critique et d’une négociation subversive avec cette condition de «non-dehors ». C’est ici, en s’engageant de cette façon, que l’art contemporain et la culture peuvent retrouver leur rôle social de force critique et permettre à l’imagination de faire des propositions pour un avenir meilleur.

Puisque l’ordre social, économique et politique, ainsi que les structures intellectuelle, artistique et culturelle qu’imposent la société du spectacle sont apparemment invincibles, il existe une urgence absolue et un besoin permanent pour les mondes de l’art et de la culture : il leur faut trouver de nouvelles visions et de nouvelles stratégies qui ouvriront sur des idées et des solutions différentes et alternatives pour l’avenir du monde. Celles-ci devraient être diverses, complexes, toujours changeantes et ouvertes à toutes sortes d’incertitudes et de potentialités, qui iraient à l’encontre de l’immuable, du réductionnisme et du contrôle de l’ordre établi. Le domaine de la vie de tous les jours, ou encore «le quotidien », est certainement l’espace le plus ouvert et le plus efficace dans lequel, du fait de l’«altermondialisme » — la tendance globale d’activisme social et d’initiatives indépendantes visant la construction d’un monde nouveau et beaucoup plus juste qui irait du bas vers le haut — il est possible d’imaginer et de proposer de manière très créative des idées et une vision neuves, tout en encourageant énergiquement une mobilisation sociale réclamant davantage de liberté et une communauté d’intérêts plus large. Comme l’a remarqué Michel de Certeau il y a plus de deux décennies, la (ré)invention de la vie de tous les jours — « le quotidien », ou l’ordinaire —, grâce à des usages différenciés des «jeux » avec nos objets, nos manières de faire, nos comportements et nos modes de pratique quotidiens, nous permettront d’obtenir davantage de liberté dans nos négociations avec l’ordre établi.
En fait nous sommes aujourd’hui témoins de la naissance d’un ordre nouveau qui mène la structure globale de la communication humaine et des activités économiques, sociales et politiques au-delà de la structure unidimensionnelle du pouvoir. De plus en plus, nous embrassons un monde reconstruit sur la complexité, qui mêle des modes d’organisation et de circulation vertébraux et cellulaires, verticaux et horizontaux, distants et proches. Comme l’a dit Arjun Appadurai, il s’agit d’un processus de globalisation venu de la base. Les changements de nos pratiques de vie quotidiennes, ou leurs réinventions, sont les aspects les plus cruciaux de la fondation de cet ordre nouveau. C’est également le contexte le plus stimulant dans lequel l’art contemporain peut évoluer et obtenir une nouvelle pertinence.

À l’époque de la globalisation, il ne suffit pas que l’art contemporain soit devenu un phénomène spectaculaire accepté par presque tout le monde sur notre planète. Il est plus important encore de montrer que les artistes et les communautés artistiques des différentes régions du monde partagent de plus en plus de savoirs et de stratégies communes, leur permettant de se réinventer par des engagements dans le domaine de la vie quotidienne. Par magie, les artistes, en nombre toujours plus grand, transforment l’ordinaire en formes, significations et usages nouveaux tandis que des mobilisations collectives et innovantes viennent agir au premier plan en tant que structure plus démocratique des pratiques artistiques et de leurs fonctions sociales. Ils sont au coeur de la scène globale — artistique et culturelle — d’aujourd’hui. Du fait de leurs modes intenses de présentation et de promotion à l’aide des outils les plus efficaces, y compris les évènements spectaculaires que sont les biennales internationales, les pratiques véritablement innovantes et pertinentes de l’art contemporain auront droit à plus de visibilité et nous aideront à construire un nouvel espace réellement public pour notre époque.

Après 20 ans d’existence et de croissance, la Biennale de Lyon doit faire face à un nouveau challenge afin de se réinventer. En explorant et en présentant la nouvelle tendance de la scène artistique globale, où tous s’efforcent ensemble de réinventer l’ordinaire pour en faire quelque chose de spectaculaire et d’unique, ou encore de produire une nouvelle multitude d’expressions de la diversité, de la complexité et de l’interactivité, la Biennale trouvera certainement une nouvelle jeunesse. Et c’est là la meilleure recette pour affronter la crise dans laquelle le monde entier est aujourd’hui plongé…

Le spectacle du quotidien change fondamentalement à la fois le spectacle et le quotidien !
Présentée dans plusieurs sites de la ville de Lyon et de sa banlieue, la Biennale, qui regroupe les oeuvres d’une soixantaine d’artistes venus des quatre coins du monde, sera structurée comme un système multi-dimensionnel qui reflètera tant intellectuellement que physiquement le dynamisme et la complexité du thème mis en avant cette année : Le spectacle du quotidien.

La Biennale comprendra cinq piliers:
1 – La magie des choses ou la réinvention du quotidien

Cette section s’intéresse plus particulièrement aux artistes qui transmuent « magiquement » les objets, situations et environnements du quotidien en nouvelles visions esthétiques ou en formes inédites chargées de sens novateur. Ces visions et significations inédites procèdent à leur tour à différentes interprétations des événements de l’existence selon un point de vue personnel, social, historique et même politique.

2 – Éloge de la dérive
Inspirée par la pratique situationniste de la dérive, et s’intéressant aux mutations urbaines contemporaines (en tant que processus de formation de nouveaux ordres spatiaux dominé par la mondialisation en cours), les artistes de différentes régions du monde investissent, interrogent et interviennent, selon diverses modalités et stratégies, sur les espaces urbains, en particulier les rues, afin de résister à l’ordre et aux contraintes spatiales dominants et de revendiquer de nouvelles libertés d’action. Cette démarche ouvre la voie à des collaborations transdisciplinaires.

3 – Un autre monde est possible
À l’époque de la mondialisation et des problèmes affectant les systèmes économiques et géopolitiques mondiaux, il est d’une importance cruciale d’explorer et d’encourager les initiatives et actions différentes, indépendantes et alternatives qui réexaminent de façon critique la réalité et imaginent de nouveaux ordres et systèmes sociaux pour une vie et un monde meilleurs. Depuis une décennie, un nombre considérable d’artistes et d’activistes sociaux du monde entier expriment de façon aussi énergique que critique leur engagement à relever ce grand défi. Cette partie de l’exposition entend présenter quelques projets exemplaires qui traduisent cet engagement, tant individuellement que collectivement, de façon subversive autant que ludique.

4 – Vivons ensemble
Installée principalement au Musée d’art contemporain, cette section veut transformer le musée en un forum ouvert de dialogue et d’échange avec la ville et les communautés, qu’elles soient locales ou plus lointaines. Simultanément, un certain nombre de pièces provenant de la collection du musée (ou ayant été exposées au musée) qui fonctionnaient déjà dans cette direction seront à nouveau présentées afin de mettre en avant la mémoire du site en tant qu’expérience vivante. La tension entre ouverture vers la réalité et mémoire du site devrait générer un programme permanent et en extension constante de différents événements – musique, danse, happenings, débats, conférences, etc.

5 – Veduta
En lien étroit avec la section « Vivons ensemble », plusieurs artistes seront invités à résider dans certains quartiers périphériques à forte population issue de l’immigration connus pour avoir été les témoins d’événements historiques tels que le Mouvement des Beurs, les meetings antiracistes, etc. Les artistes collaboreront avec la population locale et produiront des oeuvres qui seront exposées à la fois sur les sites de résidence et dans les lieux de la Biennale, notamment au musée.

Hou Hanru,
Commissaire de la Biennale de Lyon 2009


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Source internet et site à consulter:
Biennale de Lyon 2009

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