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tout craque
prose [ ]

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par [erableamots ]

2007-10-30  |     | 





Tout craque de partout, le feu, le froid, le vent. Le quotidien, c’est la violence organisée. La mer n’est plus qu’un dépotoir. Les poissons plongent vers le fond. La terre n’est plus qu’un terrain vague. Les oiseaux montent vers le ciel, abandonnant leurs nids aux scarabées de la misère, aux tessons de bouteille, aux ordures ménagères, aux conserves rouillées, aux capotes éventrées, aux paquets de cigarettes. Même les chiens tournent le dos au commerce des hommes. Dans la langue des marchands, parler c’est se blesser. Des assiettes en plastique et des canettes de bière jonchent le sable des paroles. Le vent se blesse contre les fils de fer. L’air se raréfie dans l’oxyde de carbone. Les arbres se contentent d’un oiseau de passage. Un insecte survit sous quelque mauvaise herbe, se gonfle d’ombre en mangent un restant de lumière. La mer en recrachant ses vagues semble chercher sa voix parmi les pas perdus. Des flaques d’huile effacent l’histoire du sel, émoussent les oursins et tachent le varech. Le sens était partout, avec sa lumière et ses lettres naïves, son rêve et ses semences d’ombre, puis nous l’avons perdu dans l’amnésie marchande. On n’entend plus les veaux de brume dans l’étable du jour mais le murmure du cash et des bruits de portière. Les hommes n’échangent plus des mots mais des blessures cachées, des pièces de monnaie, des livres de prière et des trousseaux de clefs. La promesse de Dieu s’est transformée en monstre. Sur son tas de fumier, Lazare s’est levé armé d’un portefeuille ou d’une kalachnikov. On doit porter son cœur sous un gilet pare-balles.

Tout craque de partout. J’achète, donc je suis. La tristesse se terre dans les yeux des enfants. Les abeilles butinent des fleurs contaminées. Nous savons qui fabrique la mort et nous applaudissons. Que dire à cet enfant qui saute sur une mine, à celle qui accouche au creux d’un dépotoir, à ceux qui meurent de faim au seuil des restaurants ? Les moineaux font la queue pour une miette d’espoir. Même dans mon cerveau, je ne suis plus chez moi. Une poussière toxique dévore les neurones. Où trouver l’harmonie entre le terrorisme et la guerre sainte, nos mythes quotidiens et la guerre des étoiles ? Des gadgets électroniques ont avalé nos larmes. Du sang plein la bouche et des balles dans le dos, l’espoir survit à peine. L’homme n’a plus d’amis. Il n’a que des clients. Il n’y a plus que deux espaces, celui du travail et celui de l’argent. La haine se profile dans les yeux des passants. Le grand brassage des cultures est un marché de dupes. On mange la même merde de Shanghai à New-York. La même monnaie de singe achète les consciences. À la grande messe du dimanche, la liturgie technologique a remplacé l’encens. On n’écoute plus les morts mais les thanatologues.

Tout craque de partout, le bruit des autres et les ratures, les mots dans le corset des majuscules, les images sous l’écran, la liberté sous une averse de néons, la peur, la violence, l’injustice. Des bombes explosent dans les trains, les bars, les écoles, les églises. On brûle les récoltes et les ordures chimiques. On tire à vue dès qu’un poète se dresse, dès qu’un homme se lève, dès qu’une femme se fâche, dès qu’un enfant refuse de porter l’uniforme. Les bébés ne sont pas épargnés. Le cowboy à neutrons est un peu dur d’oreille. À ceux qui meurent de faim, on n’a rien d’autre à offrir qu’une réforme fiscale. Qu’ils se nourrissent de sous noirs. Les ghettos se multiplient. Des enfants naissent et meurent dans les camps de réfugiés. On repousse les pauvres au seuil des dépotoirs. On perd le fil chaque jour. On parle sans rien dire. Tous veulent passer à la télé pour être sûr d’exister. Tout se consomme. Tout se consume. Ni sujet ni objet. Ni cause ni effet. Il n’y a plus que le prix qu’on paie. Pour le meilleur et pour le pire. On a pipé les dés avant de les jeter. On dirait qu’on ne vient plus au monde pour vivre mais pour mourir, D.O.A., death on arrival, crever dans les ruelles, les taudis, les usines, pourrir dans la misère, la grisaille et l’ennui. Le rêve perd son sang devant un mur d’écrans. On n’écoute plus la pluie mais le bruit des machines, les vocalises des robots dans les ordinateurs, le rêve dévoré par les tumeurs technologiques. Qu’est-ce que c’était la vie, la tendresse, l’amour, le temps vécu du cœur ? Qu’est-ce que c’était l’enfance avant les G.I. Joe ? Qu’est-ce que c’était le monde avant les caméras ?

Tout craque de partout, la peau sous le botock, le miel sous la cendre, le rêve sous l’écran, les yeux plus grands que la panse, le cœur sous l’habit, la mémoire de l’aube dans un attaché-case. Dans le vide rien ne manque. On se bat dans le plein pour un morceau de plus. On s’arrache les doigts pour une paire de gants. On s’arrache les yeux pour un film à la mode. On s’arrache le cœur pour l’écouter mourir. C’est l’inflation de la connerie, l’infection focale, l’invasion du sida et des machines qui pensent, la victoire des chiffres, l’anorexie du cœur. On nous a mis du chewing-gum dans les oreilles, du ciment dans les yeux, la tendresse à l’index. Des images toxiques éclaboussent le vent. L’œil animal du jazz a fermé sa paupière. On n’entend plus chanter le tonnerre et la foudre mais la douleur de vivre et les oiseaux blessés. Le bruit de balles enterre le beau chant des chamans et la musique du lierre sur les murs de béton. La chasse à l’homme a remplacé la paix. Nous nous sommes trompés. Les abonnés absents ne rappelleront plus. Les fleurs se cachent dans les mots et gardent leur secret.

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