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La petite fleuriste
prose [ ]

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par [BOKAY ]

2005-12-22  |     | 



La petite fleuriste

Tout engourdi par l’atmosphère surchauffée des salles de cours, je sors du lycée. Dehors, un vent glacial me fouette le visage. Je coince mon sac sous mon bras, enfuis mes mains dans les poches profondes de mon anorak et marche à vive allure.
Bon sang, qu’il fait froid ! Habituellement, des groupes de lycéens se forment devant le bahut, ça discute et fume. Aujourd’hui, le froid a eu raison des plus courageux. Moi, j’habite pas très loin, vingt minutes à pied et la marche ça réchauffe. Ah ! Une chose importante, aujourd’hui c’est l’anniversaire de maman.
Quarante ans ! Ca se fête ! Ma mère adore les fleurs, surtout les roses.
Chaques jours, je passe devant une boutique de fleurs qui se trouve sur ma route. Je n’y prête pas grande attention, mais aujourd’hui, je pousse la porte.
La boutique est petite, peu chauffée et les fleurs dégagent un parfum envoûtant. Curieusement, les plantes se serrent les unes contre les autres, comme si elles avaient froid. Un gros transistor posé sur le coin de la caisse laisse échapper une musique douce.
Personne. Un bruit de feuilles venant du fond du magasin, rompt le calme relatif, je me retourne.
C’est la fleuriste qui se fraie un passage dans cette espèce de jungle reconstituée. Elle est petite et menue dans son tablier vert, sa chevelure noir retombe en ondulation harmonieuse sur le col de son chemisier. Je la trouve jolie, les traits de son visage sont finement dessinés.
--- Bonjour monsieur ! Vous désirez ?
--- Vous avez des roses ? Des rouges, mademoiselle ?
--- Elles sont ici ! Dit-elle en pointant le doigt en direction d’un seau rempli de roses.
--- Vous m’en mettrez une vingtaine s’il vous plaît !
Elle se penche en avant et les saisit une à une avec précaution. Je la regarde sans rien dire, le silence s’installe peu à peu puis fini par prendre possession des lieux. De ses mains fines et adroites, elle serre un ruban doré autour des tiges épineuses, le papier transparent craque et grince sous la pression. J’ai la chaire de poule.
--- J’ajoute une inscription ? Me demande-t-elle.
--- Oui, si vous avez : « Bon Anniversaire ?… » C’est pour ma mère.
Le bouquet terminé, elle le pose sur le bord de la longue table et ose un timide sourire.
Je règle mon achat et rentre à la maison…Ma mère est ravie.

Deux fois par jour, pour aller au lycée, je passe devant cette boutique de fleurs et, sans raison particulière, je regarde à l’intérieur du magasin. Par curiosité, comme ça, mais sans jamais apercevoir la fleuriste.
Aujourd’hui par contre, impossible de la manquer, une raclette à la main, elle essuie la buée qui s’est déposée sur la vitrine. Je lève la tête, la regarde et lui envois un léger sourire en guise de bonjour. Elle se tourne vers moi, ses yeux presque noirs rencontrent les miens.
Les jours suivant, en passant, je jette un œil à l’intérieur de la boutique, mais je ne vois plus la petite fleuriste. Serait-elle partie ? Malade ? A-t-elle pris un autre travail ? J’ai envie de la revoir, elle ne me déplaît pas du tout.
Un soir, je me décide, je pousse la porte du magasin.
Une musique techno a remplacé la douce mélodie.
--- Vous désirez ?
Une jeune fille plutôt ronde, maquillée de façon criarde, se plante devant moi, les mains enfouies dans la poche ventrale de son tablier.
--- Vous êtes nouvelle ? Dis-je, la petite jeune fille brune n’est pas là ?
--- Oui, je suis nouvelle, je remplace Laetitia ?
--- Ah ! Je ne connais pas son nom, dis-je. Je passe chaque jour devant votre boutique, je lui dis : « Bonjour ! » Elle me répond et c’est tout, rien de plus. Elle fait partie de mon décor, comme la rue, les voitures…
--- Laetitia est absente depuis trois semaines, dit la fleuriste. Mais… Je crois qu’elle devrait passer …
La porte de derrière s’ouvre brutalement, une femme, la cinquantaine, coquettement vêtue fait irruption dans le magasin.
--- Lucie ! Combien de fois devrais-je vous répéter de ne pas mettre votre musique aussi fort ! Dit la femme. Les clients ne sont pas obligés de supporter votre musique ! Encore, si on peut appeler cela de la musique ! Allez me déballer les cartons de gerbera, je m’occupe de monsieur !
La patronne arrive mal, juste à l’instant où j’allais en apprendre davantage sur la petite fleuriste. Pour garder la face, je prends un air naturel et lui commande quelques roses. Je règle et me prépare à partir quand la porte de la boutique s’ouvre.
--- Quelle surprise ! Comment allez-vous Laetitia ? Demande la patronne, vous n’êtes pas trop fatiguée ?
Emmitouflée dans une épaisse parka rouge, la petite fleuriste passe devant moi. Et toujours ce léger sourire accompagné d’un mouvement de la tête en guise de bonjour. Afin de profiter de la conversation, je fais semblant m’intéresser aux compositions florales sur les étagères.
--- C’était moins dur que la fois précédente, Madame, mais je dois retourner la semaine prochaine.
--- Ah ! J’ai hâte de vous voir à nouveau au magasin, vous me manquez terriblement !
--- Si tout va bien, je pourrai reprendre mon travaille après Pâques, dit Laetitia.
--- Mais ! Bien sûr que tout ira bien, dit la patronne, à votre âge tout s’arrange !
Alors que la conversation devient intéressante, un jeune couple pousse la porte du magasin, obligeant la patronne à interrompre la discussion. N’ayant plus rien à apprendre, je sors de la boutique.
Un vent glacé balaie papiers et autres lambeaux de plastiques. La nuit est déjà tombée, les premières étoiles s’allument au-dessus des immeubles. Accrochés à la nuit, des néons multicolores scintillent et brillent dans une demi-obscurité. Je reste quelques secondes devant la vitrine à méditer sur ce que je viens d’entendre.
Laetitia ! Ainsi, elle s’appelle Laetitia la petite fleuriste ! Les quelques phrases que j’ai entendues ont aiguisé ma curiosité. Un problème de santé serait donc à l’origine de son absence !

Aujourd’hui c’est dimanche, le temps a changé. Après le froid intense de ces derniers jours, la neige s’est mise à tomber. Une couche de dix centimètres recouvre le petit square en face de chez moi. C’est joli, j’aime bien Paris sous la neige. Les enfants aussi adorent, ils se sont divisés en deux camps et s’affrontent à coup de boules de neige. Moi, je me couvre bien et je vais chez mon ami Arnaud, il tient à me montrer sa dernière acquisition, un ordinateur hyperpuissant et pratiquement introuvable en France, dit-il. Arnaud est une sorte de génie de l’informatique, tout son temps libre et son argent passent dans l’équipement de ses ordinateurs.
Pour gagner du temps, je décide de couper par le cimetière. Je prends plaisir à écouter le craquement de la neige sous mes pieds et à maculer la longue allée blanche. Certaines personnes évitent de traverser le cimetière, sous prétexte que c’est triste. Moi, j’adore, c’est reposant et calme.
J’arrive au milieu du cimetière, mes yeux se promènent au hasard de tombe en stèle lorsqu’une personne vêtue de rouge attire mon regard.
Laetitia ! Mais oui, c’est Laetitia, là devant moi à environ une centaine de mètres. Elle est plantée toute droite devant une tombe, tête baissée, les mains dans ses poches. Elle vient de perdre un proche, me dis-je. Elle regarde autour d’elle, m’aperçoit, semble surprise et part aussitôt. Arrivé à hauteur de la tombe devant laquelle elle se trouvait, machinalement je regarde. La pierre tombale et la stèle sont toutes neuves, aucune inscription et pas la moindre fleur. Apparemment, il n’y a personne d’enterré sous cette dalle. Alors pourquoi vient-elle se recueillir sur une tombe vide ? C’est insensé. Je poursuis à allure constante, mais pour ne pas se faire rattraper, elle presse le pas. Elle accélère encore et la distance entre elle et moi ne cesse d’augmenter.
Soudain, alors qu’elle marche à vive allure au milieu de l’allée, elle se met à zigzaguer. Elle se plante quelques secondes au milieu de l’allée puis se dirige péniblement vers la tombe la plus proche en titubant et s’assoit sur le muret sans même dégager la neige. Surpris, j’accélère mon allure et la rejoins.
--- Ca va pas, Mademoiselle ? Un problème ?
Elle ne me répond pas de suite, mais lève la tête et prend de profondes inspirations, comme un coureur après la course.
--- Si ! Si ! Ca va aller dit-elle, il faut simplement que je me repose un peu.
--- Mais vous ne pouvez pas rester ici, par ce froid ! Dis-je.
Puis, feignant de ne pas l’avoir reconnu, j’ajoute :
--- Vous n’êtes pas la fleuriste…
J’arrête net ma phrase, elle pâlit et s’affaisse sur le muret.
--- Eh ! Faut pas rester comme ça !
Je sors mon portable et appelle le SAMU.
En attendant, je m’efforce de la maintenir éveillée, je lui parle sans arrêt et lui donne de petites claques sur les joues. Son état n’empire pas, elle me répond faiblement mais semble extrêmement fatiguée. Le SAMU arrive.

J’arpente le long couloir et je passe pour la centième fois devant une reproduction des «coquelicots » de Monet. Ensuite, je reprends ma place près de ce ficus benjamini à moitié effeuillée, je me saisis d’une revue tout écornée et tourne les pages comme un automate.
Plus d’une heure que j’attends et personne pour me donner des nouvelles de Laetitia. Je ne sais même pas ce qu’elle a.
--- Il y a quelqu’un pour la jeune fille du SAMU ? Dit à voix haute une femme en blouse blanche.
--- Oui, dis-je, c’est moi qui ai appelé les secours.
--- Elle est chambre 27 au deuxième. Le médecin va passer.
Je frappe doucement et sans attendre de réponse, tourne la poignée de porte.
--- Je ne sais comment vous remercier, dit la jeune femme. Asseyez-vous.
Je rapproche une chaise près de son lit, elle se retourne vers moi et, d’une voix calme et douce, elle m’explique sa maladie. Ce dont elle souffre est simple à résumer, elle est atteinte d’une insuffisance rénale. Un seul de ses reins fonctionne, et encore, très mal. Bientôt, il ne fonctionnera plus du tout. Pour compenser , elle se fait dialyser chaque semaine. Une solution existe, c’est la greffe. Mais les obstacles sont nombreux, et le plus difficile est de trouver un donneur compatible. Elle dit que cela peut arriver très vite ou demander des années. J’apprends qu’elle est inscrite sur un fichier informatique et qu’il n’y a rien d’autre à faire sinon attendre et espérer. Je lui parle de ma vie, de mes études et, comme elle doit rester à l’hôpital trois ou quatre jours, je lui promets de venir la voir demain.

Arnaud s’est payé un matériel d’enfer ! Sa dernière prouesse : casser le code d’accès d’une banque ! Tous les décomptes des clients de la banque défilent sous mes yeux. Je n’en reviens pas ! Il me montre des trucs insensés, des sommes colossales qui passent d’un compte à un autre. Et à la ligne suivante, des personnes qui ne perçoivent que quelques centaines d’euros par mois, et en plus la banque qui se sucre sur leurs dos avec des frais et des agios Je trouve cela honteux! Et personne ne dit rien, c’est la loi du plus fort et ça me révolte. Je raconte à Arnaud ce qui m’est arrivé avec la petite fleuriste et le problème pour elle de trouver un rein compatible. Arnaud réfléchit.
--- Tu veux un rein ? Rien de plus simple, tu me donnes les renseignements de compatibilité et je t’en trouve un.
--- Non ! T’es sérieux ! Dis-je.

Le lendemain, je retourne à l’hôpital, mais avec Arnaud. Il m’a dit : « Je veux voir à quoi elle ressemble cette meuf ».
Laetitia est assise dans son lit, un magasine féminin sur ses genoux. Comme je ne voulais pas arriver avec des fleurs, j’ai trouvé un petit foulard dans une boutique près de chez moi.
--- Fallait pas, dit-elle… Puis elle ajoute : c’est gentil !
Je lui présente Arnaud en précisant qu’elle a devant elle un as de l’informatique. Arnaud fait le type gêné, mais je le connais, intérieurement il jubile. On parle de choses et d’autres, de chansons et surtout de cinéma. Je me rends compte qu’Arnaud et Laetitia sont cinéphiles tous les deux.
Je les laisse poursuivre leur conversation, prétextant un devoir de philo à terminer. Je ne suis pas mécontent de moi, j’ai donné un peu de mon temps à cette fille, je me suis rendu utile et j’en retire une certaine fierté. Je rentre chez moi en passant par le cimetière. La neige fond et se transforme en une espèce de gadoue. J’ai les pieds trempés. Passant devant la tombe sans inscription, la même question refait surface : « Qu’est-ce qu’elle peut bien faire devant une tombe vide » ? Je n’ai pas de réponse et cela me gêne de lui demander.

Cette semaine, c’est les vacances de février et j’en profite pour réviser. Je prends des nouvelles de Laetitia par téléphone, elle est rentrée chez elle et se repose. Je n’ai pas de nouvelle d’Arnaud, j’ai voulu l’appeler sur son portable, mais je n’ai eu que la messagerie. Comme je passe devant chez lui, je monte jusqu’à son appart. Sa mère m’ouvre, elle me dit que son fils l’inquiète, qu’il est bizarre en ce moment, il a passé la moitié de la nuit à consulter des sites de greffes d’organe.
J’allais lui raconter l’histoire de Laetitia et son problème de rein, mais comme il n’a rien dit à sa mère, je préfère me taire.
Je quitte la mère d’Arnaud assez contrarié, il est mon meilleur copain, qu’est-ce qu’il lui arrive ? L’univers d’Arnaud se résume à deux choses : l’informatique et les études.
A tout hasard, je passe au petit café où nous avons l’habitude de nous retrouver, Arnaud, moi, et quelques autres. Je me sens bien ici, les patrons sont sympa. Dommage, parfois ça pue un peu trop la clope, mais bon !
J’ai même pas le temps de faire le tour de la salle des yeux qu’on m’interpelle. C’est Arnaud, il est assis à une petite table. Laetitia est à côté de lui, ou plutôt contre lui, dans ses bras. Je les salue tous les deux et les félicite de les voir ensemble.
--- j’étais inquiet, dis-je, Comme j’arrivais pas à te joindre, je suis passé chez toi ! T’as mère s’inquiète aussi.
--- Je me démène pour trouver un rein, dit Arnaud, c’est plus difficile que je ne l’avais imaginé car le groupe sanguin de Laetitia est rare. J’ai surfé presque toute la nuit sans résultat, ça fait chi…er ! Il faut faire vite, le rein de Laetitia continue à se détériorer !
J’écoute Arnaud avec beaucoup d’étonnement, jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse tenir de tels propos.
Laetitia serait donc responsable de ce spectaculaire changement ? La façon dont il la regarde suffit à dissiper mes derniers doutes. Ca me fait tout drôle de voir Arnaud amoureux ! Ah, si sa mère le voyait…

Trois mois ont passé, Arnaud et Laetitia ne se quittent plus, mais le temps devient une denrée extrêmement précieuse, l’unique rein de Laetitia ne fonctionne pratiquement plus, elle ne survit que grâce à la dialyse. Arnaud est désespéré, impossible de trouver un rein compatible sur le net.

Lundi matin. Mon portable sonne alors que je suis encore dans ma salle de bain. Je maudis ce petit bijou technologique mais néanmoins, je prends.
--- Allô ! C’est Laetitia. Tu peux pas savoir comme je suis heureuse, on a trouvé un rein ! L’opération à lieu ce matin même ! Tu te rends compte ? Quand je pense que je me suis acheté une place au cimetière et qu’elle est prête à me recevoir ! Tant pis, elle attendra. Le pire, c’est que je ne peux pas prévenir Arnaud, il est parti en Grèce ; une croisière qu’il a gagnée à un concours. C’est dommage, qu’est-ce qu’il serait content. Si tu arrives à le joindre, surtout annonce-lui la bonne nouvelle.
Cet appel me comble de bonheur, Laetitia va enfin pouvoir vivre comme toutes les jeunes filles de son âge. C’est un grand jour !
Mais Arnaud ? Qu’est-ce qu’il fout en croisière, à un mois du bac ? Décidément, l’amour lui fait perdre la raison !
Mes cours terminés, je file à l’hôpital prendre des nouvelles de Laetitia. Je suis un peu déçu car on ne me laisse pas entrer dans sa chambre. C’est à cause des microbes, me dit l’infirmière. Le médecin est rassurant, il me dit que la transplantation s’est déroulée dans les meilleurs conditions, mais il ajoute aussitôt : « Maintenant, il faut attendre pour voir si elle ne fait pas de rejet ».
Arnaud ne se manifeste pas, je trouve qu’il exagère. Il pourrait au moins se donner la peine de passer un coup de fil à Laetitia ! Même ses parents ne savent pas où il est ! Son ingratitude me surprend.
Le lendemain, je passe à l’hôpital. Je suis tellement bouleversé par ce qui arrive à Laetitia que je me trompe d’étage, j’ouvre une porte : c’est pas Laetitia. J’en ouvre une seconde : pas elle non plus. Une troisième…
--- Non ! Arnaud ? Mais, qu’est-ce que tu fais là ? T’es malade ?
Arnaud se relève doucement et rabat le drap au niveau du ventre. Un gros pansement recouvre une partie du côté gauche, juste au niveau du rein.
Je comprends de suite la situation, mais j’en ai le souffle coupé.
--- C’est donc ça ta croisière en Grèce !
--- C’est ça, dit Arnaud, mais tu me promets de ne rien dire à personne. Il ne faut pas que Laetitia apprenne que c’est moi le donneur, surtout en ce moment, pendant la période de rejet… Tu as vu Laetitia ? Comment va-t-elle ?
Arnaud me parle beaucoup, cette décision l’a enfermé dans une grande solitude et l’a obligé à mentir. Ma venue n’était pas prévue, mais se confier à moi lui fait le plus grand bien. J’ai l’impression qu’il évacue un trop plein d’émotions, d’incertitudes et de doutes…Je le rassure, je lui dis qu’il a pris une décision courageuse, que ce qu’il a fait est admirable.
--- Je l’aime tant ! Dit-il. Dès que j’ai su que mes tissus étaient compatibles, je n’ai pas hésité, pas une seconde. Tu peux pas savoir comme je suis heureux. Ah, une chose il faudrait que tu dises à Laetitia et à mes parents que tu as eu de mes nouvelles et que tout va bien, Les pauvres, ils doivent faire un sang d’encre.

Septembre. L’été se prolonge, il fait très beau, nous sommes tous les trois à la terrasse d’un café. Laetitia s’est bien rétablie, elle parle même de reprendre son travail de fleuriste. Arnaud a réussi son bac, il s’est inscrit en fac de médecine et moi en fac de lettre. Jusqu’à présent, le suis le seul à connaître le secret d’Arnaud. Il a dit qu’il s’était fait opérer en Grèce à la suite de fortes douleurs intestinales.
Je saisis ma bière, elle est fraîche ; le trottoir déverse une foule bruyante et multicolore. Laetitia et Arnaud ne me voient pas, ils ne voient personne, ils s’embrassent et rient d’un rien. Est-ce cela le bonheur ?
BOKAY
Mes écrits et peintures: http://bokay.over-blog.org/


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