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Ecrire, c'est migrer un peu...
prose [ ]

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par [Reumond ]

2016-07-28  |     | 



écrire, c'est migrer...


On dit que partir c’est mourir un peu, et c’est bien vrai ! Et nulle locution n’a autant de “sens” que celle-ci ! Au sens plein du substantif “sens”, dans le sentiment de partance et la sensation (l'éprouvé) de l’épreuve ; dans la faculté de juger de la signification du départ ; et dans la direction que prend le voyage pour l’un et l’autre.


En rang serré les plumes migrent ; un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ; rationnellement certainement, mais spirituellement aussi, intuitivement plus sûrement, l’écriture s’enracine dans l’auto migration, ce travail de l’esprit qui consiste à transmuter les états d’âme, d’esprit et de conscience en signes plus migrants que tout hominidé.

Ainsi les sentiments et ressentiments, les perceptions et les sentiments, les motions et les émotions… Tout chemine, tout trotte dans les têtes « en idées » qui deviennent des mots, et en mots qui se transmutent en phrases, en beaux vers et en prose romancée.

« Tant que mon stylo marche, j’avance », me disait un jour un homo sapiens de la famille des scripteurs.
Malheureusement, chez beaucoup de poètes ou de littérateurs, il y a une forme d’autocomplaisance et d’autosatisfaction, ce qui fait trop d’autos pour marcher nu !

« Tant que mon crayon trace », je reste debout, tant que déambulent les plumes, je trace. C’est pour dire combien peinent les plumes pour rester authentiques, pleines d’encres lourdes comme des altostratus trop chargés de larmes. Car entre nous, il y a autant de genres de nuages que de genres d’homme, et bien trop d’individus qui font la pluie et le beau temps ; autant de passages balisés, de frontières et de barbelés, de portes et de guichets, de barrières et de tracés formatés, de chemins préfabriqués, de prix et d’obligations , que les enfants de la poésie et leurs chemins écrits se perdent dans les brumes du monde.

Plus près de nous, le mouvement des cursives trace des coursives aux lignes brisées et des courbes comme les méandres de la Meuse.

Comme le chrétien, le juif ou le musulman errants, les poètes sont condamnés à errer ainsi, à transhumer d’une marge à l’autre, ou à trans’migrer d’une page à l’autre, l’âme en peine et le corps fatigué, un simple baluchon de mots à l’épaule, sur des chemins trop peu fréquentés, tels des vagabonds sans réel domicile fixe, des moribonds dis-je, à la dérive des mots, l’esprit sans repos et la tête sans reposoir aucun.

On devrait parler de « stylo – marcheur » plutôt que de stylo bille, parce que l’écriture, ça ne roule pas comme ça !

En avant l’aventure dit-on quand on en ignore les risques ! A la périphérie des chemins d’encre, c’est le périple de l’écriture, avec ses péripéties et ses péripatéti/chiens perdus sans collier et sans dogme.

Fantômes de page que l’on noircit pour révéler la voix, cette voix intérieure qui appelle la voie, c’est le camino, le sentier, la gorge et le sillon, c’est le précipice, un chemin de pensées où le moindre faux pas d’encre vous plonge dans le tourment. Avec des petits ponts comme des analogies qui vont et viennent de la Nature à la Culture. D’une ligne à l’autre ou d’un pays à l’autre, tout est une question de « maux » qui nous poussent à partir et de « mots » qui nous poussent à écrire. Les ponts entre les deux sont de cordes ténues, fragiles à l’excès comme tenu en laisse par quelque Ariane désœuvrée.

Oui, sœurs et frères migrants, d’ici et d’ailleurs, de toutes les frontières, de toutes les nations et de toutes les races de l'homo sapiennité; écrire c’est migrer sans cesse, c’est se déraciner interminablement, s’expatrier sans fin et sans espoir de retour ; écrire c’est voyager jusqu’au bout de la nuit la plus noire, quitter la réalité confortable pour un pays imaginaire fait d’importunités et d’incertitudes ; c’est frôler les lèvres puantes des Enfers, éviter les Paradis de carton-pâte et les dérisoires trottoirs de la reconnaissance ; écrire en migrant, c’est marcher contre les vents et les marées du monde, à contre-courant, à contre mode, fuyant les réalités mondaines, la réussite et les vaines glorioles ; écrire, c’est marcher nu de la nudité des dépossédés, c’est migrer en piétinant les moindres certitudes et en évidant pas à pas les évidences.

Comme des mots en quête de liberté, d’humanité et de solidarités, sœurs et frères de migration, nous sommes tous, bel et bien, des produits importés d’ailleurs et des ailleurs rimbaldiens ramenés ici par quelques vents de folie ou d’aventure.

Nous sommes des homo migratus en chemin, fièrement transplantés un temps seulement dans des terres d’accueil ou de tourment, en attendant le grand retour sans retour, là où les pages restent blanches afin de reposer nos plumes d’anges sur des nuages de vélin immaculé.

Écrire, c’est comme un don de double vie, à moins que ce ne soit un don de double vue, une sorte de douce schizophrénie qui vous porte toujours plus loin, ailleurs, à La Porte même des Métaphores.

Cette dernière ressemble à celle de Rodin, une porte sur laquelle les mots sont sculptés de démesures, comme coulés de bronze dans des bouches enflammées, c’est une porte monumentale gardée par des chiens d'institution, des passeurs d'académie et des gardiens de l’Enfer, plus vorace que des douaniers de pacotilles ; plus violent que des gens d’armes assermentés …

(...)

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