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Voyage dans le passé
prose [ ]

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par [BOKAY ]

2005-07-29  |     | 




Voyage dans le passé


Nous habitons un appartement cossu situé au quatrième étage d’un immeuble du quatorzième arrondissement. C’est là que j’ai grandi avec celles que je considère comme mes sœurs mais qui en réalité sont mes cousines. Mes parents, décédés dans un accident de la route n’ont pas eu la joie de me voir grandir. C’est mon Oncle André et ma tante Marie qui m’ont recueilli et m’ont élevé. Propriétaire d’un grand magasin de vêtements, les revenus de mon Oncle sont conséquents et je n’ai jamais manqué de rien. La venue de deux filles dans leur foyer a quelque peu modifié leur comportement à mon égard, surtout celui de tante Marie. Lorsque j’étais plus petit, elle se montrait parfois méchante avec moi, mais mon oncle André est un brave homme et il prenait souvent ma défense.
Sur le même palier, habite une vieille dame, Madame Eulalie. C’est une ancienne voyante, une plaque en laiton fixée à sa porte atteste de son ancienne profession, on peut lire: « Madame Eulalie, voyante extralucide ». J’aime beaucoup cette vielle dame, elle est très sympathique et m’attire par son côté mystérieux et sa grande connaissance des sciences occultes. Des jambes douloureuses ne lui permettant plus de descendre les quatre étages, j’ai pris l’habitude de lui faire quelques courses et en échange, elle me glisse un billet ou quelques pièces dans la main, c’est toujours appréciable lorsque l’on est lycéen…
Ce jeudi de décembre, je sonne à sa porte.
--- Entre petit !
Comme chaque semaine, je dépose ses courses sur la grande table encombrée puis me laisse glisser dans le profond fauteuil de cuir craquelé. Madame Eulalie se dirige alors vers la commode et en sort un billet qu’elle maintient de deux doigts. Elle se dirige ensuite vers le réfrigérateur, sort une bouteille de jus de fruits, m’en sert un verre et me tend le billet. Puis, elle s’assoit sur une chaise, et me prie de bien l’écouter. Elle commence ainsi :
--- Tu vois petit, je suis vieille, voilà déjà bien longtemps que j’ai fêté mes quatre vingt ans, bientôt je vais m’en aller. Tu es le seul à t’occuper de moi depuis des années et aujourd’hui, en retour, je vais t’offrir un cadeau, le plus extraordinaire des cadeaux. Une chose dont les hommes rêvent depuis les temps les plus reculés.
Je tends mes oreilles dans sa direction, immobilise des yeux tout rond et ouvre légèrement la bouche. Elle saisit un petit coffret en bois posé sur la table et poursuit :
--- Ce qu’il y a à l’intérieur de ce petit coffre s’appelle une règle à remonter le temps. Je la tiens de la personne qui m’a enseigné l’art de la voyance. Cet objet unique permets à celui qui le possède de voyager dans le temps, à condition bien sûr de respecter les règles que je vais t’apprendre. En premier lieu, tu dois savoir que cette règle te permet d’effectuer un seul voyage par an et pas n’importe quand, le premier janvier à zéro heure précise.
Elle sort l’objet de sa boite, il ressemble à une règle épaisse à l’intérieur de laquelle tournent huit petits cylindres en bois comportant neuf chiffres plus un zéro. Il suffit de tourner les cylindres pour composer l’année désirée dit-elle.
--- Par exemple, tu veux te rendre le 02 février 1991, tu composes :02021991, un premier janvier à zéro heure, tu rentres dans un ascenseur de ton choix, tu appuies sur le bouton « rez-de-chaussée » et lorsque tu ouvriras la porte du rez-de-chaussée, tu seras au pied de l’escalier le 02 février 1991. Quand tu voudras revenir, tu procéderas de la même façon et tu constateras que tu te trouves à la même place et à la même seconde devant l’ascenseur, comme si tu n’avais effectué aucun voyage. As-tu compris ?
C’est pas encore très net dans ma tête, mais en gros j’ai compris, ce n’est pas très compliqué. Cependant, j’ai quelques questions à poser :
--- Et si je perds la règle Madame, qu’est-ce que je dois faire ?
--- Tu seras prisonnier du temps, il te sera impossible de revenir dans le présent, dit-elle.
--- Et si par exemple l’immeuble a été démoli, que l’ascenseur a disparu ?
--- Tu choisiras un autre ascenseur, n’importe lequel fera l’affaire.
--- Combien de temps puis-je rester dans le passé ?
--- Aussi longtemps que tu le désires, mais sache que ce temps est une parenthèse dans le temps actuel et que personne ne s’apercevra de ce voyage puisqu’il est hors du temps.
Je me demande si je dois prendre cette histoire au sérieux ou si Madame Eulalie n’est pas victime de son grand âge ? Mais, la connaissant depuis longtemps et je décide de lui faire confiance et de jouer le jeu. Soudain, je réagis :
--- Mais… Nous sommes le trente et un décembre Madame ! Je peux donc…
--- Oui Petit dit-elle, tu peux utiliser cette règle ce soir même.

A onze heures et cinquante neuf minutes, la porte de l’ascenseur s’ouvre, j’ai choisi la date à laquelle je désire me rendre, le vingt janvier 1986, une semaine avant l’accident qui coûta la vie à mes parents. La descente dans l’ascenseur me paraît interminable et je me dis que je suis vraiment naïf de croire à de telle baliverne. L’ascenseur s’arrête et je pousse la porte.
Je n’en crois pas mes yeux, j’ai vraiment changé d’époque ! Je reste planté là, ébahis, devant l’ascenseur comme si j’étais face à des Martiens. Non qu’il y ait beaucoup de changements, le couloir est le même, les escaliers aussi, mais la couleur est différente. Des personnes entrent dans l’immeuble, je leur dis «Bonjour », mais je m’aperçois de suite que ma voix ne porte pas et par conséquent qu’ils ne peuvent pas m’entendre. Je trouve cela bizarre et je me dirige vers la porte pour sortir dehors. Nouveau fait bizarre, je pousse la porte mais elle ne bouge pas, je passe au travers et me retrouve de l’autre côté. Sur le parking, un enfant court, tenant son chien en laisse, je m’écarte pour les laisser passer, mais ils changent d’itinéraire au dernier moment et au lieu de me bousculer, le garçon passe au travers de mon corps sans que je ressente le moindre choc. Je dois bien me rendre à l’évidence, Madame Eulalie ne m’a pas tout dit. Je voyage en fait dans une sorte de corps virtuel, je vois tout ce qui se passe, mais je suis dans l’impossibilité d’agir. L’accident de mes parents s’étant passé en Savoie, peu de temps après ma naissance, je décide de m’y rendre. Je vais à la gare et comme personne ne me voit, il m’est facile de monter dans un train. Je reviens sur cette sensation étrange, moi, je vois mon corps mais personne d’autre ne le voit et si je tends mon bras dans la rue, tous les passants le traversent comme on traverserait un faisceau de lumière. J’ai choisi cette date dans un but bien précis, je veux savoir comment mes parents sont morts, pourquoi cet accident qui m’a enlevé ceux qui m’ont créé et que j’aime plus fort que tout sans même les connaître, juste quelques photos. Par chance, je connais l’adresse où mes parents habitaient, il me suffit de regarder un plan de la ville pour m’y rendre. Arrivé devant la porte d’entrée, j’hésite un instant, puis n’y tenant plus, je passe au travers de la porte et me retrouve dans l’appart de mes parents. Ma mère est assise à une table, elle trie des vêtements de bébé. Je regarde son ventre, il est bien rond, c’est vrai que je dois naître dans une semaine. J’ai envie de lui dire «ne t’en fais pas maman je deviendrai un beau garçon ». Papa n’est pas encore rentré de son travail. Je regarde ma mère avec admiration, qu’elle est belle ! Encore plus belle qu’en photo ! On sonne à la porte d’entrée, c’est papa qui rentre. Je trouve son costume démodé, mais c’est normal, par contre, il est plus grand que je ne l’imaginais. Il demande à maman si le bébé va bien et si elle n’a pas de contraction. Maman répond qu’elle se sent fatiguée et qu’elle voudrait bien être accouchée.
Je les suis partout, je partage leur vie. Je me sens vraiment faisant partie de la famille. J’ai même suivi mon père à son travail, il est responsable du rayon électroménager d’une grande surface. Mon oncle André travail également dans ce magasin, c’est incroyable ce qu’il a changé, il était menu à cette époque. Souvent ils reviennent ensemble et passent boire un verre au café
Maman ressent des douleurs, elle appelle une ambulance pour la conduire à la maternité. Une heure après, je me vois naître, quelle sensation étrange ! Je suis certainement le premier humain à connaître cette expérience. J’ai mal au cœur de voir maman souffrir ainsi, je n’imaginais pas qu’un accouchement était aussi douloureux. Papa arrive avec mon Oncle André, ils ont l’air content de moi, papa me prend même dans ses bras. Ensuite, ils descendent tous les deux arroser l’événement au café P.M.U. Pour marquer l’événement, les deux frères décident de prendre ensemble pour deux cent francs chacun de billets de loto. Tu te rends compte si on gagnait le gros lot, dit mon père, ça ferait un sacré pactole à nous partager. Ah ! Rêve pas dit André, en mettant les billets dans sa poche, j’ai jamais rien gagné. Moi, je retourne à la maternité pour voir maman et le bébé.
Aujourd’hui, je suis chez mon oncle André. Il est jeune marié, mais n’a pas encore ses filles. Confortablement assis dans son fauteuil, André regarde le tirage du loto.
--- 2, 3, 4, 5, j’en ai cinq ! Tu te rends compte Marie, j’ai les cinq numéros ! Et il se relève de son fauteuil et saute comme un cabri, Il se calme quelques secondes, scrute l’écran et saute encore plus haut, J’ai le complémentaire aussi ! Whouah ! On est riche, Marie ! Enfin, la moitié de la somme puisque j’ai joué avec mon frère.
Marie saute au cou de son mari, tous deux se demandent ce qui leur arrive, ils se regardent, rient, sautent, s’embrassent encore, mais non ils ne rêvent pas, ils ont bien gagné le gros lot du loto !
--- C’est formidable mon Chéri, mais…Tu dois donner la moitié de ton loto à ton frère ? Ce prétentieux qui te critique toujours ! Qui te méprise au plus haut point ! C’est bien toi qui a acheté le billet ?
--- Oui, c’est moi, mais nous avons payé tous les deux, il en a donc la moitié.
--- Pourquoi tu ne dis pas a ton frère que tu as perdu le billet ou que tu as oublié de l’acheter ? Ou encore mieux, tu dis que ce billet, tu l’a acheté tout seul ?
--- C’est pas correct, c’est mon frère et en plus c’est impossible, une somme pareille ! Tout le monde va être au courant, je ne pourrai pas lui cacher !
--- Pour l’instant, écoute-moi, ne dis rien. Je vais réfléchir, mais il faut trouver une solution, pas question que ce prétentieux touche la moitié de notre loto !
Moi, je trouve l’attitude de ma Tante dégueulasse et révoltante ! C’est pas une façon de se comporter, Mais j’ai l’impression que ma Tante a du remords car elle invite mon père et ma mère à manger demain midi. Je l’ai peut-être mal jugée, trop hâtivement ? C’est vrai que devenir riche comme ça d’une minute à l’autre, ça doit faire un sacré choc !
Le lendemain, mon père, ma mère, moi bébé et moi aujourd’hui partons chez tantes Marie. Papa conduit prudemment car la route est sinueuse et enneigé par place et nous frôlons de profonds ravins. Tante Marie nous accueille avec une extrême gentillesse, elle n’arrête pas de faire des éloges sur le bébé. J’en suis même gêné, je trouve qu’elle en fait trop, enfin personne ne me voit. Le repas se passe bien, mon père demande à mon Oncle s’il avait regardé le tirage du loto.
--- Oui, dit André, mais comme d’habitude, on n’a rien gagné.
--- C’est pas grave, répond mon père, le principal, c’est que le petit soit en bonne santé.
J’observe tante Marie, et je la trouve bizarre, je la sens comme gêné, elle se dirige seule dans la salle de bain, je la suis. Elle se retourne pour s’assurer qu’il n’y a personne derrière elle et ouvre la porte du meuble de salle de bain. Elle sort une boite de pilules, en prends quatre, remet tout en place et se rend dans la cuisine. Là, elle prépare quatre coupes de fruits, je la vois laisser tomber deux pilules dans deux coupes ! Je pressens une malveillance mais je ne peux rien faire.ensuite, elle dispose les deux coupes avec les pilules devant mon père et ma mère. Je leur crie : Non ! Ne buvez pas ! Mais personne ne peut m’entendre. Mon oncle n’a rien remarqué, il continue à raconter des blagues et semble apprécier la coupe de fruits. Puis, ma tante offre un café et nous nous préparons à repartir.
--- Bon retour ! A le culot de dire tante Marie.
--- Merci ! Répond ma mère, nous avons passé une bonne journée !
Je me mets à l’arrière, c’est vrai que de toute façon je ne prends pas de place, je peux me mettre où je veux. Après quelques kilomètres, ma mère dort déjà et mon père lutte pour maintenir ses paupières ouvertes.
--- Mais arrêtez-vous, Je leur crie ! Vous allez vous tuer !
Je frappe mon père de toutes mes forces pour le maintenir éveillé, mais rien n’y fait, mon corps virtuel est sans effet. La voiture commence à faire de légers zigzags et mon père la récupère de justesse. Cette route n’est qu’une succession de pièges et à la sortie d’un virage nous nous retrouvons face à un camion. Mon père donne un coup de volant pour l’éviter, mais ses gestes sont imprécis et la voiture file droit dans le ravin. Le bébé tombe et se cale sous le siège avant. Ma mère heurte le pare-brise, un éclat de verre entaille son cou et le sang coule abondamment. Ma mère se meurt devant moi, et je suis totalement impuissant. Elle se vide de son sang sous mes yeux ! C’est horrible ! Je regarde mon père, sa tête cogne le volant à plusieurs reprises avant de venir s’encastrer dans le montant du pare-brise. Il meurt sur le coup. La voiture arrête son infernale descente contre le tronc d’un pin. Sous le choc, une quantité de neige se détache des branches et recouvre partiellement la voiture. Le bébé pleure, il a été ballotté mais semble intact. Après quelques minutes, j’entends des cailloux et des blocs de neige dévaler le ravin. Se sont les premières personnes qui arrivent pour porter secours. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de mes parents, c’est cette dernière image que je garderai d’eux. Je maudis Madame Eulalie ! L’ignorance était bien plus confortable, elle laissait place au rêve. Maintenant, je dois affronter la mort de mes parents et la trahison meurtrière de ma Tante !
Je suis revenu dans le temps présent du plus vite que j’ai pu. Du passé j’ai ramené la haine, mais la vie continue…

BOKAY


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