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par [felipe ]

2004-12-13  |     | 







Tu vas dire anse, escale, baie tirée vers l’accalmie, tu te déroutes, deviens nef, la vague qui la hisse, albatros géographe porteur de graines et de continents. Puis tu ne diras rien, emporté par le manège tournoyant, la roue du paon, l’artifice de ses fleurs, éblouissantes poudres aux yeux. Son cri d’aigle enroué essaime dans le kaléidoscope le pourpre poudroyant du rêve.

Hier déchire sa trame sur les brisants d’aujourd’hui, recompose les lendemains, tu sais bien de quelle patience recoudre les lambeaux de la lumière, avec pour unique trace sa rémanence, ou un calendrier de solstices, de souvenirs incendiés. Dans la balance, tu verses toute la pluie qui envahissait le monde lorsqu’il n’était plus qu’absence et la lumière qui ne fut jamais plus intense qu’oubliée.

Soudain tu réalises: Ce monde, (tu le croyais devenu à ce point minuscule dans le flux des ondes), redevient plus vaste que tu ne peux comprendre, s’échappe de l’entendement. Tu devines qu’en toi se réconcilie l’espace, ses distorsions laminées, alchimiste des alliages des découvertes et des effondrements, givre et étincelles.

Tu n’es pas la maison, ses pentes immuables qui ne tombent jamais, mais ce léger abri, ses voiles précaires, il te faudrait apprendre des gestes improbables pour peupler le désert, habité de silence. Ici, la parole n’est pas dite, mais tenue, dans un simple regard. Tu ne sais pas avec trois cordes délier la distance qui relierait ton chant à ceux d’autres univers, ni comment, devenant souffle ou bien laine, avec quels outils, aiguilles, remords, abandons, cicatriser le possible ?


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