Rose des vents, tourne-toi
je me sens seule seule seule seule
aux quatre coins du monde sans personne
me contemple devant le miroir et le miroir
se reflète en moi
incompatible avec mes vies antérieures intérieures
Phoënix brûlé dans mon sang, pulvérisé, neigé dans mes os
quand je me sens seule, et pourquoi, pourquoi
me sentirais-je seule
la foule est prête à me faire compagnie
m'étouffe en me parlant, en m'aimant
chaque jour un peu plus
la solitude me rue, ma demeure halète d'un va-et-vient continuel
on frappe on sonne on incruste une étoile turbulente
sur mon épaule droite
(après cinq milliards d'années le soleil se refroidira doucement)

on m'invite à dîner aux papillons rouges
(sous la table poussent des champignons hallucinogènes)
on m'envoie des e-mails pictogrammes chinois
mais je ne suis ne suis qu'une éphéméride qui voltige
à l'aveuglette dans la lumière dorée
la fille de neige de fleurs de cerisier
coulée de sèves entre l'écorce et l'arbre
clapotis sous la glace d'une rivière en hiver
les avions m'empêchent de dormir
les avions
sont de grandes solitudes blanches
(par rapport à ma petite solitude)
qui me survolent dans la nuit
- rendez-vous manqué -