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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-12-10 | |
Epopée Islanerienne
(Troisième lame) Un matin je me suis levé l’orage qui traversait la vallée déchirait le lac en myriades de rubans affolés C’est un départ enfin l’exode des feuilles s’agrégeant dans le vol unique d’un oiseau ou bien un regret toujours en devenir lorsqu’on regarde sur les quais l’étrave scindant puis unissant dan son sillage les pennes les veines les nervures d’une traversée Telle fut et sera mon évasion et sa perpétuité non pas une fuite mais un élan capillaire des profondes racines vers une respiration N’ais-je regardé le monde ainsi qu’un lointain paysage ou bien m’a t’il traversé creusant l’air de mes poumons jusqu’à immobiliser le souffle brisé dans les alvéoles par les paillettes d’argent de ses stalactites verglacés Nous nous sommes baignés dans les mêmes eaux à la dérive celles qui nous emportent et déposent nos rêves sur la grève afin que l’on puisse reconstruire à l’infini le puzzle démantelé lui donner des formes vides, éphémères, toujours renouvelées puis enfin saisir un signe un sens étayant le refus d’abandonner J’avance dans la nuit, à tâtons dans les mers d’huiles visqueuses Je ne cherche pas la clarté providentielle trompeuse d’une balise qui marquerait l’endroit vers lequel invariablement il faudrait aller Le recours intangible au cycle des défaites Du bord de mon lac qui est un étang je lance une pesante pierre dans la mare un gravillon retombe sur la flaque et sa source le ruisseau une onde qui commence sur le cercle le plus éloigné jusqu’à la déperdition Peut-être que la vague fomente son mugissement non pas au centre, mais aux lisières revient frapper de son onde de choc la cible et ce qu’elle projette C’est l’eau et la glace rejetée lui renvoyant l’image redoutée le double et son anamorphose l’arcane grimaçante de la mort Brasse, brasse ton bouillon de sésames d’orpailleur à la mi nuit où l’on veille le chant des châtaignes dans l’âtre les tisons et dans les verres les braises décantées de l’eau-de-vie ardente qui tremble un peu de la filiation incandescente des flammes je fais un détour pour plus tard en demain là où je ne vais pas encore et suis déjà passé par le fil décousu d’une ligne que je tisse au gré d’une histoire emmêlant à l’instant les ruines et les runes, la semblance et sa réalité anneaux inextricables des vipères et des mots lacets sinueux du sentier, ombilics et cordages tout ce qui retient enserre et entrave l’essor dans ses étroites cellules d’où seul s’évade le rêve à travers les barreaux, les couloirs, le salpêtre les lotions et les poudres où se mélangent le chèvrefeuille, la lavande, l’eucalyptus le citron, l’anis étoilée, la sueur – -et des chansons de tangage « What shall we do with a drunken sailor What shall we do with a drunken sailor early in the morning» l’ivresse des marins sans escale enlisés dans le ruissellement rouge des matins, de sable et de silence englués dans la nasse démesurée du vide Là bas, à l’horizon, lorsque l’on ne peut plus se retourner vers la terre connue, embuée des brumes d’une nostalgie et l’illimite qui ressemble à une grande soif à assouvir tout de suite ou jamais, ce qu’il faut de violente impatience pour qu’attendre soit la vibration aiguisée d’un refus Il n’y aura pas Demain, il est L’aujourd’hui qui le compose L’hier qui le dissout dans l’alchimie improbable de la mémoire Je suis revenu vers les torchères anxiolytiques de la ville Le Havre qui se consume de toutes ses chandelles une cité incendiée sous les pluies compactes de l’hiver l’asphalte carbonisé par les collisions des lueurs fond ainsi qu’une neige percutée par un soleil noir Je ne suis pas de ce lieu qui, d’une bourrasque grise, sème les mélancolies disperse ses gerbes, ses pétales languides d’amertume, d’évanouissement enduit la terre de chrêmes inutiles avant de l’asperger de semences stériles disséquant l’Histoire que l’on croyait savoir tandis que ne cesse de s’accomplir toujours plus près de nous, éloigné, dans l’absence et la cécité, le sacrifice Derrière les maisons viennent les collines, ce n’est pas toi qui marches elles viennent, non d’une hauteur mais d’une plénitude sereine se pencher sur moi, qui ne sait retourner la caresse rêche des feuilles, à peine sorti du chloroforme des rythmes syncopés des girations les voltes arythmiques du souffle asthmatique des machines Et l’absence de bruit, le filet du vent déployé dans les branches Ce n’est pas le silence, l’oublié, mais le plain-chant du silence un chahut d’écureuils sur les griffes, les ergots des écorces entre les ronces mouillées du soleil vague des gouttes de rosée Manuel, lorsqu'il parle des oliviers se glisse lentement un chant grégorien a capella sur l’Océan des herbes qui se plissent comme s’il n’y avait de temps que de entes et de greffes sur le même tronc lignifié Le château de Monsanto veille à perte de vue sur une frontière d’où ne viennent plus depuis des siècles scintiller les oriflammes de l’ennemi les bannières mordorées de soieries de la guerre trempées dans le sang La plaine calcinée de lumière la fleur fragile de l’oranger les pampres tordus de la vigne les lauriers scarifiés d’aurores et de couchants immuables « Dos estrellas le siguen Morena, morena y dan luz al sol va de apuesta Senora morena, morena que esos ojos son. » (Portuguese vilancetes, cantigas&romances) Mais voici Zeca majestueusement ivre soulevant des règnes de poussière sur son étrange véhicule grinçant mi-motocyclette mi-triporteur chargé d’un sac de pommes de terre et de la vigie de son chien blanc-noir à l’œil larmoyant Est-ce lui qui conduit sa folle cavale entre l’enchevêtrement des ruelles ou bien sa mémoire immergée dans les effluves du Maciera les Sagres, l’aguardiente, l’agua pé Quelquefois un Dieu, sans doute Bacchus se penche et redresse de ses mains les virages, évitant ravines et ravins les pâles moulins des éoliennes jusqu’au café « O Tear » qui n’est pas une larme mais un métier à tisser le même enchevêtrement de fils entrecroisés et de files d’attentes A l’ombre rose des lauriers sur l ‘encre violette diluée d’anciennes lettres griffonnées à la halte les horaires effacés des trains ensommeillés traversant les frontières les villages blancs grêlés de lunes et de neiges parsemés de corbeaux déjà coulait le plomb des soldats peints de bleu nuit royal et de sanguines mortes l'océan souffle dans la cheminée des voyages enfin sans tempêtes le sel est redevenu condiment sur le sable de la table où un continent s'est perdu dans les méandres orangés du feu et la fenêtre close du miroir le fruit du mancenillier est amer moins que l'ocelle vide de la toupie retombée du mouvement vers l'absence plus rien ne tourne que la rondeur du silence au fond de la mer dans la chevelure rouge et morte des polypiers, reviennent les lamparos des âmes errantes "en la forêt de longue attente" celle de branches feuilles qui retiennent un soir, près de la pierre sorcière murmurerais-je qu'il est temps de partir dans la nudité sans question et la vague le puits pour la soif n’est plus qu’un rêve où seul le granit se rappelle les lointaines promesses des nuages Holà ! attends, tu ne vas pas te draper là t’ensevelir dans l’incarnat des velours les tentures lagunaires de l’oubli échoué dans l’abri parcheminé des portulans les grimoires séculaires, troués d’espaces lacunaires, les plages vides du disque rayé d’une vertèbre disloquée en attendant de trépasser La dernière rame enfoncée dans l’enfer du Métropolitain ses bouches Art déco crachant le plasma les pulsations d’une publicité florissante vers les îles fortunées et paradisiaques où s’en balancent doucement les palmes que l’on passe ou non l’Achéron Ou bien qu’à la noël on chipote la carne bouillie d’une dinde obèse beuglant saouls d’ales « God save the queen » en se foutant d’elle et de tout cet incroyable carnage soudain de comprendre que pour toi seulement c’est un jeu que les autres déclament vraiment « Dieu sauve la reine » d’où qu’ils viennent, des marches de l’Empire détruit d’Afrique d’Asie d’Orient Ils chantent encore la gloire d’Old England l’île soulevée au-dessus des peuples à genoux par la machinerie huilée mais grinçante du théâtre élisabéthain Cold Song C‘est le ciel ce soir qui descend avec ses machineries verticales des incendies de rouages dans le théâtre Elisabéthain. Fulminent les cartons-pâtes de l’orage encollant des éclairs dans les trompe-l’œil de l’horizon, et des chants verglacés brisant lentement les stalactites des allitérations jusqu’à figer le mouvement dans la mer d’huile épaisse de l’archet ou tout se confond. Le roi devenu fou essaime ses insomnies dans la nuit perpétuelle. L’île se lève avec ses hommes tombés, ahanant dans les poussières des cordages et les poulies grinçantes. Il faut porter le monde, ses bannières tissées de sang et de ravages au-dessus des peuples à genoux, englués de prières et de renoncements. L’île est levée éclairant des mondes disparus, les drapant de sa couverture de typhus et de glaires. Liberté sur les charniers et les femmes engrossées de fièvres vénériennes et la musique triomphante flamboyante et funèbre de Purcell. « What Power art thou, Who from below, Hast made me rise, Unwillingly and slow, From beds of everlasting snow! See'st thou not how stiff, And wondrous old, Far unfit to bear the bitter cold. I can scarcely move, Or draw my breath, I can scarcely move, Or draw my breath. Let me, let me, Let me, let me, Freeze again... Let me, let me, Freeze again to death! » (King Arthur) Un bal fantôme où l’on tangue sur le parquet glissant pour se donner l’illusion d’être réellement de ce monde ses soirées ruisselantes que renvoie le tain blafard d’antiques miroirs délavés Il pleut Ô solitude au cœur de la musique d’un orchestre ensommeillé par les valses les couleurs absorbées par les gouttes factices à travers la verroterie cristalline des lustres la terre titanesque aurait pu sombrer alentours l’entour s’enfoncer dans les murailles de glaces déchiré par les échardes transparentes dérivant au large de Terre-Neuve sans troubler ocres&sépias les rumeurs étranges d’une fête dissoute dans la brume du temps A Southampton ainsi j’allais même si la pluie ne parle pas la même langue, traversant les boulevards étirés sous la mélasse poisseuse du fog et d’épaisses fumées le long des enceintes des docks qui accouchent les spectres des navires A la halte, derrière les vitrines entre deux cheminées de briques rouges on vend des boites de soupe ou de haricots du Chili des cigarettes Capstan qui donnent l’air marin et la toux Le soir on peut pêcher dans L’Itchen river des poissons biscornus tremblants comme la jelly qui ne portent pas de nom. .../... |
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