Au temps de la bohème et du temps doux
nous étions jeunes et beaux
notre avenir était une immense plaine fertile
et le fleuve un long cours tranquille.

Puis cet été-là en 72
quelque part dans le canton de Cumberland
nos cœurs s’emballaient
et nos corps se débattaient
en petits démons pas toujours très sages
et nous nous aimions à en perdre haleine
à en perdre la raison
à en perdre même notre vertu

Ce soir je regarde cette photo-là
où mes mains empoignaient tes hanches
et mes yeux se noyaient dans les tiens
et toi tu riais aux éclats
en enfant candide et espiègle
répondant du tac au tac
à ma question inquisitrice :
-Ma chère dulcinée, m’aimes-tu ?
-Non mon cher ex-jésuite !
-Quoi ? Tu ne m’aimes pas ?
Et dans un fou rire irrésistible
camouflant à peine ton sérieux victorien :
-Non je ne t’aime absolument pas !
JE T’ADORE FOLLEMENT !

Ce soir ma chère Rose beauceronne
mon cœur sanglote
mes larmes coulent à flots
non pas de peine mais de JOIE IMMENSE
de t’avoir croisée il y a plus d’un demi-siècle déjà
toi ma Déesse cumberlandoise
toi ma Rose beauceronne
toi mon Éternelle Amour
crois-moi ce fut pour moi
plus qu’une chance
plus qu’une révélation
mais un vrai miracle !

Je te le dis et redis encore pour une énième fois
Tu as été mon phare et ma boussole
mon gouvernail et mon port
ma Lumière et mon Étoile filante
mon aurore boréale et ma Voie Lactée !
Oh ma chère Andrée !?
Ce soir de pleine lune
si tu savais comme tu me manques !
Même si tu es là au creux de moi
et que tu veilles sur chacun de nous…
Sache que je t’aimais,
je t’aime et je t’aimerai
TOUJOURS
Toi mon Bel Oiseau du Paradis !
Amen !