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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-04-27 | | Inscrit à la bibliotèque par Yigru Zeltil
Somme, doux repos de nos yeux.
Aimé des hommes et des dieux, Fils de la Nuit et du Silence, Qui peux les esprits délier, Qui fais les soucis oublier, Endormant toute violence. Approche, ô Sommeil désiré ! Las ! c'est trop longtemps demeuré : La nuit est à demi passée, Et je suis encore attendant Que tu chasses le soin mordant, Hôte importum de ma pensée. Clos mes yeux, fais-moi sommeiller, Je t'attends sur mon oreiller, Où je tiens la tête appuyée : Je suis dans mon lit sans mouvoir, Pour mieux ta douceur recevoir, Douceur dont la peine est noyée. Hâte-toi, Sommeil, de venir : Mais qui te peut tant retenir ? Rien en ce lieu ne te retarde, Le chien n'aboie ici autour, Le coq n'annonce point le jour, On n'entend point l'oie criarde. Un petit ruisseau doux-coulant A dos rompu se va roulant, Qui t'invite de son murmure, Et l'obscurité de la nuit, Moite, sans chaleur et sans bruit, Propre au repos de la nature. Chacun hors que moi seulement, Sent ore quelque allégement Par le doux effort de tes charmes : Tous les animaux travaillés Ont les yeux fermés et sillés, Seuls les miens sont ouverts aux larmes. Si tu peux, selon ton désir, Combler un homme de plaisir Au fort d'une extrême tristesse, Pour montrer quel est ton pouvoir, Fais-moi quelque plaisir avoir Durant la douleur qui m'oppresse. Si tu peux nous représenter Le bien qui nous peut contenter, Séparé de longue distance, Ô somme doux et gracieux ! Représente encore à mes yeux Celle dont je pleure l'absence. Que je voie encor ces soleils, Ce lis et ces boutons vermeils, Ce port plein de majesté sainte ; Que j'entr'oie encor ces propos, Qui tenaient mon coeur en repos, Ravi de merveille et de crainte. Le bien de la voir tous les jours Autrefois était le secours De mes nuits, alors trop heureuses ; Maintenant que j'en suis absent, Rends-moi par un songe plaisant Tant de délices amoureuses. Si tous les songes ne sont rien, C'est tout un, ils me plaisent bien : J'aime une telle tromperie. Hâte-toi donc, pour mon confort; On te dit frère de la Mort, Tu seras père de ma vie. Mais, las ! je te vais appelant, Tandis la nuit en s'envolant Fait place à l'aurore vermeille : O Amour ! tyran de mon coeur, C'est toi seul qui par ta rigueur Empêches que je ne sommeille. Hé ! quelle étrange cruauté ! Je t'ai donné ma liberté, Mon coeur, ma vie, et ma lumière, Et tu ne veux pas seulement Me donner pour allégement Une pauvre nuit tout entière ?
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