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Le reve de Narcisse
personnelles [ Journal ]

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par [syriuseyes ]

2016-08-17  |     | 



Dans la douceur de la rosée du matin Narcisse s'éveilla en sursaut. Elle avait dormi là dans ce pré verdoyant, réveillée par les premiers rayons de soleil comme si souvent les chaudes nuits d'été. Surprise par l'étrangeté de son rêve, elle réveilla son amie Garance qui dormait à coté d'elle, afin de le lui conter.
Avant le début - commença-t-elle - le monde n'était que néant. Un point infiniment dense contenant le devenir des mondes avant que ce devenir ne soit écrit ou racontable, avant même le mot "avant" puisque le temps n'existait pas. Puis la lumière jaillit, le temps créant les premières particules. Ces particules se sont embrassées pour devenir plus complexes et forger les bribes de la matière. Puis d'assemblage en assemblage, ces éléments complexes se sont tellement serrés les uns contre les autres qu'ils ont fini par engendrer une étoile. Puis une autre étoile encore plus grosse, et encore une autre encore plus belle, jusqu'à former une étendue d'astres chauds et chatoyants. Autour de ces soleils, des restes de matière se sont agglomérés amoureusement, formant parfois des planètes. Sur une multitude de ces planètes, une chimie de la matière s'opérait, pendant des milliards d'années. Cette alchimie des astres donnait parfois des mélanges fascinants. De la matière capable d'absorber de la matière pour se reproduire elle-même. De la vie!
-Mais tout le monde connaît cette histoire Marguerite, c'est celle de la création du monde, s'exclama Garance, dépitée de ne pouvoir se réveiller tranquillement et de devoir encore entendre les rêves farfelus de sa voisine.
-Attends laisse-moi poursuivre et tu comprendras à quel point ce rêve est bizarre, répondit la conteuse en herbe quelque peu vexée d'être interrompue.
De la vie donc - reprise-t-elle- au début très simple puis de plus en plus complexe. Les plantes tout d'abord s'étendirent partout dans l'univers. Puis vinrent les animaux, nommés ainsi du fait qu'ils étaient animés et pouvaient se déplacer librement où bon leur semblait. Certains de ces animaux couraient, nageait, volaient, rampaient, sautaient même. D'autres construisaient des édifices immenses, inventaient des machines, se faisaient la guerre pour acquérir du pouvoir sur les autres, et ainsi plus de possibilité de se reproduire. D'autres encore savaient communiquer entre eux par des sons, des signaux, des odeurs. La nature en mouvement via ces animaux offrait aux forêts un son magnifique, une résonnance de la nature sur elle même pourrait on dire. Un peu comme si l'univers se criait son existence à lui même. Et moi j'étais là, continuait Narcisse emphatique, contemplant ce charivari grandiose, cette cacophonie dans la jungle luxuriante. Je restais ébahi devant l'entremêlement des espèces tendant constamment à se reproduit l'une avec l'autre, parfois au dépend d'autres vies. C'est alors que survint l'impensable. Un animal bipède s'agenouilla lentement face à moi, s'exclamant gaiement "Oh, quelle jolie fleur!" Et sur ces belles paroles qui sur le coup me flattèrent, me cueillit sans vergogne et me réveilla en sursaut.
- Ha! ha! ha! Marguerite, tu me ferras toujours rire. Un monde avec des êtres mouvant! Qui se reproduisent en plus! Pouffa Garance. Et pourquoi pas des êtres qui vivent et meurent, continua-t-elle d'un ton moqueur. Il n'y a pas de limite à ton imagination. Reprend donc tes esprits mon amie. Seules les plantes demeurent et vivent éternellement dans l'univers, tu le sais aussi bien que moi. Mais je crois que notre éternité parfois te pèse, ce pourquoi tu t'échappes dans tes songes et rêves d'être cueillies.

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