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L\'oeuf miraculeux
personnelles [ ]

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par [Nadja ]

2009-10-06  |   

Literary Translation - Translations of classic and original poetry and other materials %Ce texte est une suite  | 



Chère amie j’ai toujours renvoyé à plus tard le fait de dérouler le fil de mes souvenirs, mais voilà que finalement je me suis décidée à les mettre en pleine lumière hors des profondeurs de l’âme et du temps.
Aujourd’hui j’ai pris mon courage à deux mains, après de nombreuses hésitations, pour les habiller des misérables vêtements des mots, en essayant de leur rendre la fraîcheur et l’éclat d’antan.
Je pense pouvoir dire comme Brancusi, en respectant bien évidemment les distances : « Ma vie ne fut qu’une suite de miracles. »
Et le premier de ces miracles fut mon arrivée au monde.
Alors que je n’avais que quelques années, je surprenais souvent le regard de maman s’attardant longuement sur moi.
Elle me disait ensuite en soupirant profondément : « Eh bien, ma chérie, dire que j’ai voulu faire de toi un petit marin. »
Je restais bouche bée d’étonnement et les yeux perdus à l’horizon.
Je me voyais naviguant sur une mer démontée, habillée du costume de marin à la mode à cette époque, avec le grand col, une cravate par-dessus la chemisette blanche, la jupe plissée bleue marine et le béret blanc.
D’une voix emplie de nostalgie je m’adressais à maman avec reproche :
« Quel dommage ! Pourquoi donc n’as-tu pas fait de moi un petit marin ? »
Maman riait d’une façon particulière qui me laissait fort désemparée.
Pour moi, rien au monde ne pouvait être plus beau que d’être marin.
Lorsque j’ai grandi et que j’ai compris le sens exact du mot (il s'agissait en fait d'avorter, note du traducteur), tout mon enthousiasme s’est évanoui.
Mais tout ceci s’est passé bien plus tard.


Les premiers souvenirs qui se sont imprégnés dans ma mémoire avec une clarté extraordinaire datent d’un âge assez tendre; je ne crois pas que j’avais plus de trois ans à cette époque.
Je vois encore maintenant maman sous le vieux noyer, tenant avec un grand soin dans sa main gauche un œuf bouilli, mou, et dans sa main droite une cuillère en bois.
Sous le noyer se trouvait une longue table flanquée de deux bancs sur les côtés. Sur l’un d’eux, nous étions assis, les trois enfants, attendant la sainte communion, les bouches grand ouvertes et regardant fixement l’œuf miraculeux.
Au milieu de la table se dressait une polenta jaune et ronde comme un soleil, coupée en tranches à l’aide d’un fil. « Avez-vous pris de la polenta ? », demandait maman, tout en restant debout.
« Ouuui », nous écriions-nous tous d’une seule voix.
C’est alors que commençait le rituel.
A l’aide du manche de la cuillère maman prenait un peu de blanc, un peu de jaune d’œuf et nourrissait avec beaucoup de soin ses poussins affamés.

(Tout ceci se passait après la deuxième guerre mondiale qui avait apporté alors, en plus des autres désastres et malheurs, une terrible famine en Moldavie.
Maman nous racontait que ceux qui avaient quelques sacs de maïs dans leur grange étaient considérés comme des gens aisés.)

« Êtes-vous rassasiés ? » nous demandait-elle d’une voix qui n’admettait aucune réplique et nous répondions tous les trois, comme à l’armée :
« Ouui ! »
A ce moment-là son visage s’éclairait de bonheur.
Oh, je la vois encore si distinctement devant mes yeux ! Une icône vivante.
Maigre, pâle, avec de grands yeux noirs, ses cheveux ramassés en arrière.

Je me demande maintenant avec étonnement, après tant d’années, ce qu’ils mangeaient, papa et elle...
Peut-être le reste de la polenta sur la planche à découper.

J’ai lu plus tard dans le Nouveau Testament l’épisode des cinq pains et des cinq poissons sans trop m’étonner de ce miracle.
Cet œuf avec lequel maman réussissait à nourrir ses trois enfants me paraissait bien plus miraculeux.



(Traduction - Nicole Pottier )



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