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La clepsydre des humeurs (extraits)
essai [ ]
de la substance des scriptures - Essai de 'Pataphysique

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2014-01-30  |     | 



















Préalable

Certains écrits sont comme de véritables secrets, tout comme la Pierre philosophale ou tout autre objet introuvable, inaccessible ou excessivement rare. La 'Pataphysique est de cet ordre là, l'Ordre de la Grande Gidouille est un Graal à ne pas laisser entre toutes les mains !

Pour réduire en poussière ou en eau nos rêves les plus fous, dans le mouvement giratoire des Gidouilles bidouilleuses, celles qui le sont à point nommé dans le grand tourbillon des rêves et des roulades de la chair, tout brûle pour évaporer le jour, ou tout se réduit à rien dans la nuit la plus noire !

Par amour ou par haine, par indifférence ou pas intérêt, tout brûle ou tout se liquéfie à point et à qui sait attendre, fumée de fumée, flaque de flaques, tout est réduit à sa plus simple expression, de la plus liquide à la plus vaporeuse, humeur d'humeur tout est humeurs !

Que notre réponse soit "oui" ou "non", le choix n’y fait rien ! Par inadvertance, pas hasard ou par nécessité, tout se liquéfie ou se consume un beau jour de calme plat comme par un jour de grand vent, pour emporter ailleurs nos pensées erronées et nos vains désirs à bon port.

Ce qui anime le monde nous dépasse toujours de quelques ondées ! Coïncidence de coïncidence, tout n’est que coïncidence… ou comme dirait l’Ecclésiaste, selon le calendrier pataphysique en vigueur au IIIe siècle av. J.-C.,

"vanitas vanitatum …"

Ce Qohelet circoncis était semble-t-il l’un des pataphysiciens de la première heure. Ne dit-il pas à qui veut l’entendre que tout en ce monde est futilité et vide. Affirmation à laquelle l’astrophysicien et écologiste franco-canadiens Hubert Reeves répond avec son accent bien sympathique du Québec, faisant lui-même écho à la « Fumée de fumée » du franco-Israélien André Chouraqui. Tout se réduit aux « Poussières d’étoiles », poussières d’étoiles mortes depuis bien longtemps d’avoir trop brillé comme des chandelles vertes de peur ou de désir.

La preuve par l'épreuve que la vanité comme la lumière, que la ‘Pataphysique comme l’inconnaissance absolue, ne changent rien au tout et n’ont aucune frontière en rien !

Propositions auxquelles je réponds moi-même avec un geste ample en forme de spirale nébuleuse et vague :

Lien de liens, tout est lien, collage de collages, tout est collage,assemblage de collagène entre nos gènes mélangés à l’infini, qu’ils soient d’origine italienne, canadienne, israélite ou française; du Qohelet à Alfred Jarry, tous ont raison et tord en disant en substance qu’il faut mieux se détacher de tout ce qui peu brûler où fondre pour rien !

(…)



LE CLEPSYDRE DES HUMEURS

À raz bord mes lèvres débordent, mes yeux refluent, mon sexe ruisselle, mon âme suinte…

N’en versez plus, la coupe est pleine et débordante !

Comme les organes et les discours, la vie se fait le lieu de sévères logorrhées et donne lieu à de multiples épanchements. Tel un tsunami, le verbe est une substance fluente, capable de remplir les livres d’une gigantesque bibliothèque.

Je fus, je flue ; un jour vous-même vous fluerez comme moi-même je fus, car notre vocation est de nous faire liquide et malléable, inodore et incolore, transparent comme l’eau de la source, celle qui jaillie de sous le Temple. Vous-même un jour d’averse ou les siphons reflueront dans des tourbillons de méninges, vous vous poserez la question quand les corps s’épanchent dans les impossibles remous de l’âme humaine.

Alors que vous et moi nous nous épanchons en diatribes lourdes de sens ; que vous et moi nous nous répandons en effusions salées ; flué-je ? vous demanderez-vous. Entre nos mains moites d’êtres prises, les euphonies elles-mêmes se transforment en eaux potables, les mots s’écrivent d’encres sécrétées par les pensées honteuses ou nobles. Flué-je de partout comme un ciel en émois ?

Fluons-nous d’un même cœur dégoulinant d’amour ? Fluons-nous jusqu'au-boutisme de la déliquescence pour ne plus faire qu’une seule goutte de rien avec tout l’Univers ?

Entre vous et moi, les mots s’écrivent d’encres fraîches, mais ce qui les traverse, c’est cet esprit aquatique dont parle le prophète Ezékiel au chapitre 47 de ses mémoires puisées au cœur du monde. L’existence s’écoule comme un torrent de vie ; elle s’infiltre partout, sous ma peau, entre mes chairs, comme une source liquide sans début et sans fin.

Au fil de l’eau et des nerfs, le liquide sort de dessous le seuil du Temple vers l’Orient pour descendre ensuite en cascade en deçà du côté droit, au midi de l’autel, là où vont se perdre les eaux qui ont trop lavé de blessures.

Je me souviens de cet épisode d’une immersion en eaux profondes. Au fur et à mesure que je marchais j’avais de l’eau jusqu’aux chevilles, puis peu à peu jusqu’aux genoux, et enfin jusqu’aux reins, jusqu’à ce que je ne sois plus rien, rien qu’une identité oubliée comme une cathédrale engloutie ; mon être immergé en entier dans une présence diluvienne.

C’était là un torrent que je ne pourrais ni vous décrire, ni maîtriser et encore moins traverser, car le liquide avait grossi au point de devenir une voie lactessante, une eau tiède, épaisse et profonde, un véritable fleuve aux rives si éloignées que même l’œil des cyclones ne peut les franchir.

Au bord du torrent, je grelotte, car je flue.

Partout où passera ce torrent avide d’espace et de temps, tous les êtres vivants vivront d’eaux claires et d’amour, toute la nature fourmillera de biodiversité, car toutes ces eaux abondantes et fertiles viennent d’un Sanctuaire trois fois saint.

(…)

La fonction crée l’organe pour que les organes conçoivent eux-mêmes les humeurs, c’est là l’entrain et le zèle moite des choses de la vie.

De génération en génération, la vie s’écoule comme un long fleuve fragile ; même post-mortem la chair suinte encore des liqueurs odorantes, dans lesquelles nos odeurs de sainteté se mêlent à nos effluves les plus nauséabonds ; jusqu’à la lie de nos pensées les plus dures, nous nous écoulons ; jusqu’aux concepts les plus élaborés, nous nous liquéfions ; nos souvenirs les plus beaux se font flaques limpides, tout coule, exsude jusqu’au seuil des ébullitions.

(…)

Les sauces de l’être sont rarement neutres, alcalines ou acides, elles tachent les draps et trouent les parchemins. Par les temps qui courent, si vous ne courez pas assez vite vous aurez les pieds dans l’eau ! Entre les raz-de-marée et les déserts trop secs, il faut savoir choisir, car tout coule de source !

La substantifique moelle des choses c’est comme la pierre philosophale, on en cause, mais que causent-elles exactement ? Et puis, de quel causé sont-elles les grâces ? La substance me sort des oreilles, suis-je en train de me biodégrader à l’infini, absorbé par un sterput abyssal comme par la bouche d'absorption d’un gigantesque trou noir dans le grand système d'égouttage des Univers ?

(…)

Oui, quoi que l’on éponge, tout transpire autour de nous ! Au dessus de mon bureau, le plafond dégouline, sous mes pieds le parquet suppure, les humeurs s’infiltrent dans toutes nos actions et dans tous nos dires. Que dire de plus qui ne soit dire de pluie ?

Pierre philosophale ou cordial de jouvence, tout ce qui pourrait donner le savoir absolu, l'immortalité ou la toute-puissance n’a pas de prix ici-bas, ni même ailleurs selon le dire des anges ; il n’y a qu’à l’intérieur des choses que tout serait solide !

Certains ont craché sur des tombes pour moins que “ça», d’autres ont uriné pour marquer leur territoire entre Gallimard et autres trottoirs, ou pour éteindre la flamme du soldat inconnu ; d’autres déviants ont tagué des murs ou éjaculé à tous les vents pour survivre à leurs angoisses ; l’écriture est de ce sang là, tout dépend des humeurs avec lesquelles vous écrivez au fronton de la vie.

(…)

Dans le Saint Graal, point de sang, mais « du sens », du sens en veux-tu en voilà ; les veines qui parcourent l’Univers en sont pleines comme gorgées de sèves, et elles témoignent elles-mêmes d'une profusion de liqueurs plus ou moins sirupeuses, entre le lait et le miel, le vide et le plein, là où les larmes et les baisers juteux s’écoulent pour féconder l’espace.

(…)

L’encre philosophale ou l’encre de jouvence, sont par excellence la substance même des scriptures, disponibles à volonté, à qui sait ouvrir ses chakras pour se livrer corps et âme au papier blanc. Il suffit ainsi de visualiser leur ouverture, pour les voir couler comme une folle cursive à travers la coursive des marges.

Les humeurs du corps humain sont l’eau-de-vie, l’absinthe des mots, la lymphe au goût subtil de crème vanillée et l’urine à l’odeur acre ; le crachat, du plus vert à la morve la plus écumeuse ; la bave au fil des lèvres bleutées, le sang qui gicle comme dans l’abattoir des rêves ; le chyle et la bile…

Entre nos états d’âme, d’esprit ou de conscience, les humeurs visqueuses se mêlent aux vagues salées. C’est écumeuses que la langue et les flots se disent pour laisser des traces à même la plage du papier. Les humeurs du corps humain sont aux hommes ce que les mots sont au langage, des flots de neurotransmetteurs sucrés emportent nos illusions comme des alluvions se perdent en sédiments tout au fond des torrents.

Souffrant du syndrome de Gilbert, j’ai moi-même des problèmes de bile, trop épaisse comme s’épaississent les idées quand on ne les partage pas !

Mille ponctions sternales ou lombaires ne peuvent extraire les réponses brutes des questions vives ; la plume la plus agile, la plus vigilante, reste toujours en suspens quand la substance céphalo-rachidienne des vérités pures suinte le long de l’espace-temps comme une épée céleste.

Vous avez beau pomper jusqu’au dernier mot ; centrifuger les maux de la vie ; prélever la moelle osseuse des évènements ; les Clepsydres restent pleines de cidre normand et continuent à s’écouler en moi, donnant l’heure de Caen sans donner l’heure de ma mort !

Ainsi, nous sommes tissés de fuseau horaire et de nerfs trop sensibles !

Comme la clepsydre, le corps fonctionne sur le principe d'un écoulement régulier ; au fil du temps, goutte à goutte le Baxter se vide de tout ce qu’il pouvait contenir de valeurs et de croyances, vaines et erronées.

Distiller l’humeur, c’est là toute l’alchimie qui fait de la vie un laboratoire. Les uns font leur jus des autres, les autres coulent des jours pénibles, c’est la condition humaine que de fluer sans cesse.

Le suc des questionnements ou la sève des solutions c’est pareil au miel liquide, même dorée, toujours la vie coule de source. Diagnostic d’alcoologue ou bafouillis d’alcoolique, la vie tout comme la survie se vivent liquides !

Comme ce bloc de glace sur ma tête fiévreuse, tout n’a qu’un temps !

Les menstrues des espaces s’épandent et se mélangent à la diarrhée du temps ;

Coliques de logorrhées en quête du juste mot ou grandes dysenteries de galaxies tourbillonnantes qui ne savent comment s’écrire dans ce lit Procustéen rempli de matière noire et fécale où tout coule de source !

Vous n’êtes pas Thésée et nous ne sommes pas Procuste, mais pourtant chacun de nous s’allonge sur ses croyances propres ou veut soumettre l’autre à sa propre réalité ! Pourtant, toute tentative de réduction est vaine, même liquéfié, on ne peut mettre le Cosmos en bouteille.

Tout coule en ce monde fluide, où toute forme reste illusoire, comme l’eau épouse la configuration du contenant, liquide je fus, liquide je terminerai !

(…)

Avec l’équerre et le fil à plomb, l’homme cherche sa place et son centre de gravité, car l’heure est grave et les secondes restent gravées au seuil des rétines. Entre le fond et la forme, la Terre et le Ciel, il existe en ces lieux de vie différents instruments qui servent à établir ou à vérifier les plans horizontaux, diagonaux et même verticaux du Cosmos, car seule la verticale qui va des étoiles aux cieux intérieurs est fondamentale !

Pour cela, il y a des niveaux à bulle et des niveaux de conscience, comprenant des fioles remplies de liquide sirupeux et une bulle d'air en guise de raison. Parmi ces outils à l’usage de l’humain, le niveau à eau est le plus connu, mais bien d’autres humeurs peuvent servir de liquide, et alors que je n’ai rien pour me reposer, même les niveaux à bulle reposent sur le principe des vases communicants ; alors, pauvre de moi, il ne me reste plus qu’à communiquer entre les uniques que nous sommes, afin que les uns et les autres nous puissions remplir les bulles en somme pour devenir ce que nous sommes...

(…)

DE L’INFLUENCE DES FLUENCES.

Le soi-disant wifi ne me satisfait pas ! Il faut absolument que nous mettions mes ports USB dans les tiens, que nous mélangions nos fiches mâles et femelles ; c’est là même le défi des Hautes Technologies ; c’est ce qu’il nous faut aujourd’hui même expérimenter de toi à moi dans l’instant présent ! La hi-fi de tes gémissements m’encourage à durer, mais qu’en est-il vraiment du temps quand les clepsydres sont vides et les glandes asséchées ?

Séniors nous le sommes toi et moi, et nous le resterons jusqu’au jour de notre plus totale liquéfaction. Mais malgré cela, nous sommes bel et bien, toi et moi, des enfants de cette génération interconnectées. Naviguer sur le Net, c’est comme naviguer ensemble sur le même rafiot mille fois réparé, cent fois réconcilié pour le meilleur et pour le dire : la tendresse calfeutre les blessures les plus profondes et sèche les larmes les plus amères.

Surfer ou naviguer sur le web c’est comme aller l’un vers l’autre, visiter autrui et le monde entier ; de site en site, nous sommes bien là toi et moi, locataires sans propriété de ce village sans frontière que l’on dit World Wide Web.

De passage dans ce monde fait de musiques et d’images, d'actualité et de textes divers ; de bref passage dans ce monde fait de profondeurs et de jeu de surface ; devant et derrière nos écrans, nous voyageons quotidiennement l’un avec l’autre, l’un vers l’autre, de JE à TU pour nous ouvrir aux AUTRES... c’est rapide et c’est facile, nous surfons donc nous sommes, et comme nous, tout le monde peut surfer pour être, sans difficulté et sans trop de danger.

(…)

J’ouvre les robinets, l’eau froide se mélange à la chaude en se jouant des températures. Comme les eaux, c’est le « bon sens » du temps que de s’écouler dans l’espace pour en pénétrer la quatrième dimension. Mais ma baignoire à voyager dans le temps n’est pas encore au point !

On s’éclabousse, on se savonne comme des enfants espiègles, tu me mets du savon dans les yeux pour que les bulles me montent au cerveau…,

Nous approfondissons corps et âme les grands fonds, nu de la plus extrême nudité des âmes et des corps, humblement, nous expérimentons tous les principes de la thermodynamique des fluides. Comme les grandes prêtresses d’Égypte, tu tentes de régler les problèmes avec les clepsydres de ton corps offert au grand large de mes mains.

Si pour les Égyptiens, le jour commençait au lever du soleil, et si la nuit débutait au coucher de l'astre, ton corps est pour moi une table, un autel sans cadran, sans ombre et sans le moindre gnomon ; ton corps est pour moi une pendule sans aiguille, un instrument comme un violon, qui m’indique en tout temps, par ses déplacements et le degré de ces gestes et regards, l’heure qui plane et le temps qui règne sur nos âmes en émoi.

Sénior à tout jamais, nous nous livrons en partage, je te donne mon temps, avec largesse tu m’offres le tien, quelle que soit la saison envisagée, l'ensoleillement domine sur la nuit. Aux clepsydres de nos humeurs, nous vivons d’amour et d’eau fraîche ; de nos propres récipients le sang circule chaud, nous nous remplissons toi et moi de présences lumineuses à travers nos synapses et ces laps de temps infinis par lesquels circule et s'écoule la vie.

Quand débordent les baignoires sur l’avant-scène des jours heureux, la poussée d’Archimède n’a d’égal que celle de nos reins ! La force que subissent nos corps plongés l’un dans l’autre, en tout ou en partie, fait remuer les niveaux d’eaux et de conscience ; je suis aux anges et tu me dis être au ciel ; ainsi, vous volons main dans la main ou en quête d’une île de paix, nous naviguons ensembles vers des terres meilleures.

Par effet de vases communicants, dedans mon corps défait, dedans ton ventre contorsionné, les fluides s’adaptent. Je suis bel et bien soumis entièrement à tes liquides autant qu’à tes rires ; même tes gaz me soumettent à un champ de gravité important. Les yeux dans les yeux, nous nous effaçons...

L’horizon disparait dans la mer, le soleil s’érige en cathédrale… Tout notre Univers est en éternelle récréation !

Cet esprit de vie, cette force procurant des sensations vives, cette forme liquide qui nous habite toi et moi, provient de l'augmentation de la pression des fluides dans les profondeurs de l’Être, par les effets conjugués et multiples de la gravité des choses sur ces fluides dont nous sommes les hôtes, et sur ceux qui nous enveloppent de part et d’autre dans leur hamac hydrostatique, nous sommes comme hypostasiés !

C’est hyper connu des physiciens et des lecteurs de Vâtsyâyana ; c’est amplement adopté par les praticiens des aphorismes du désir ; quand la pression est plus forte au-dedans qu’au-dehors, il faut exorciser la chose, se répandre, s’épandre, se dire ou s’écrire à l’extérieur, dans une forme d’explosion-implosion ou d’euphorie - dépression que l’on dit jaculatoire. Il en résulte une poussée orgasmique qui ressemble à un véritable séisme des fluides trop brûlants, généralement orientés vers le haut.

C'est à partir de cette pulsion, de cette poussée vers le haut que l'on peut définir la position des corps dans l’espace ou au cœur du monde. Ainsi, un peu partout, la position du missionnaire semble être la plus utilisée par les amants, car la vie est une véritable mission pour chacun de nous !

Nos deux corps suspendus l’un à l’autre n’en font plus qu’un, une seule chair ouverte comme une fleur, aérée comme un ciel sans nuage …

Nos deux corps en tension, en intentions et en attention l’un pour l’autre n’en font plus qu’un, comme font, font, font les petites marionnettes. Ainsi, la vie est mouvements plus ou moins violents et prolongés, et tout ne tient qu’à ce fil ténu ! Elle plonge ses racines comme plonge mon être dans le tien. On se balance l’un à l’autre, l’un vers l’autre… à nos corps défendant devenus par la force centrifuge des corps de grâce et le refuge privilégié de nos âmes, dans l’oblation de nos êtres, tout entiers ouverts aux vents.

Mi-solides, mi-liquides, nous cherchons l’équilibre en l’autre, dans l'autre et avec l’autre ; car n’en déplaise au fondamentalistes, tout corps plongé dans un autre corps plus ou moins fluide des humeurs de l’amour, reçoit sa part de rêve et de la part de l’autre une poussée que les genoux génèrent et moulinent comme moulin à eau, que les pieds nouent et dénouent comme un jeu d’attachement ; et que les mains et les regards déplacent.

Sculptures vivantes, scénographie mouillée, comme une cursive s’évade des marges, dans ces jeux de corps qui dansent, nous nous faisons toi et moi « Scripture » entre les mains de l’Univers ; pour notre plus grand plaisir, nous nous créons dessins en quatre dimensions, nous nous composons chant et musique des chairs… car toute vie partagée est une symphonie !

Une poussée que les cuisses emprisonnent, dans une danse fébrile, presque calligraphiée; c’est la vie qui reproduit ainsi son mouvement perpétuel entre les êtres qui s’aiment et s'épousent pour épouser le Ciel et la Terre.

Va-et-vient, flux et reflux, aller-retour, roulement des chairs et branlement des membres gorgés de sèves épaisses ; jeu d’écumes et de lèvres sur la plage dorée du lit de l’instant présent.

(...)

La mesure du temps n’a de mesure que dans sa démesure. Même le temps psychologique peut nous désaltérer, car le temps est une humeur liquide qui filtre dans tous les coins de l’espace. Des années-lumière nous traversent de part en part. Ma peau encore moite en témoigne, nous venons de faire l’amour dans la baignoire, toi et moi, l’un dans l’autre connecté.

(…)

Alors que les heures semblent se dissoudre dans les clepsydres, d’humeur chagrine depuis ce matin, je pense au passé ! En cet instant, ma pensée opère un retournement, selon un mode opératoire complexe et très particulier, tel un protocole savant qui me conduit dans mon passé le plus lointain en une forme de régression dans le sein maternel.

Il y avait là des humeurs en abondance, de ces humeurs qui vous collent aux méninges, même avant la naissance !

Je ne vais sûrement pas vous raconter des histoires, d’autres conteurs et poètes de talent s’en chargeront eux-mêmes, et nombre de romanciers feront même cela très bien ! Et puis franchement, entre nous, non seulement je n’en ai pas le temps, mais encore moins l’envie !

Le temps s’écoule, je le repère matin et soir et même pendant la nuit je le découvre s’écoulant. En flagrant débit je le surprends, ou plus exactement en flagrant délit de déliquescence je l’observe. Depuis mon plus jeune âge j’ai nagé dans des liquides entre autres séminaux et amniotiques ; je connais donc par expérience toutes les différentes formes de nages et de ménages intérieurs.

J’ai éprouvé le crawl des gamètes, la brasse des flagelles pour assurer le brassage génétique au sein de mon espèce. Tout petit, plus invisible qu’un point sur l’I, j’ai traversé des liquides infâmes et des substances salées, en pratiquant la natation comme tout bon pratiquant qui se respecte. Toutes, sans exception ! des nages des plus pratiquées aux plus rares, des plus lentes aux plus rapides, avec toutes leurs variantes les plus planantes. Je peux même dire sans faille et sans faire trop de bulles que depuis 70 ans, j’ai la tête sous l’eau et les mains dans l’encre.

Spermatozoïde, je testais déjà la résistance des liquides et les différents mouvements à produire ou reproduire pour y gagner en grâce, en légèreté ou en vitesse.

Les liquides, je connais ! avant d’être alcoologue j’ai été gamète, grand spécialiste des abysses et de la brasse coulée. En descendant au plus profond de ma mère, comme Jacques Mayol, j’ai connu la discipline extrême de l'apnée dite « no limite ». Comme dans les films Abysse ou Le Grand Bleu, le corps immergé dans l’au-delà, entre la vie et la mort, j’ai plongé dans les profondeurs de l’être et dans les cavités de l’homme en marche; au cœur des choses et des pensées ; au sein des intériorités, j’ai pratiqué le dos quand il le fallait, ou la nage papillon afin de pouvoir passer de la larve a l’homme.

De dos crawlé, j’ai parcouru de grands espaces encore vierges qu’aucun flagelle n’avait encore foulés ; j’ai expérimenté la nage fragile des êtres en devenir. Mais la vie en témoigne, j’étais déjà un être motile et motivé, adapté au système de locomotion rudimentaire qui était mien, tout flagellant comme des jambes bien trop faibles.

Avant de former un œuf et des cellules par milliers puis par millions, comme chacun de nous, je suis né de sécrétions multiples et des fluides de multiples vésicules, comme d’un jus de prostate où d’extraits de Cowper.

Avant d’être embryon, j’ai nagé le tango des cellules, abandonnant mon collet pour mieux franchir des cols. J’ai brassé de liquides en liqueurs parmi les vitamines, les prostaglandines, la testostérone, les sucres et les complexes minéraux les plus riches et les plus essentiels.

J’ai nagé ainsi, à en perdre la tête et la flagelle aussi, nagé sans fin, comme au bout du monde, en quête d’une île de paix, pour tendre à la vie, au plus profond de la nuit et de moi-même.

J’avais en ce temps-là, toute l'énergie de l’espoir nécessaire à mon élan ; du zèle comme des ailes d’ange et des mitochondries pleines de virtualités. J’avais aussi de l’ADN à donner ou même à revendre à ceux qui voulaient prendre ; j’avais des enzymes de sportifs pour m’aider dans ma tâche ; tout était là, dans mon cytoplasme de champion olympique.

(…)

Le temps s’écoule, je le répète et je le signe, goutte à goutte, il s’égoutte et je l’écoute gouter inexorablement.

Avez-vous déjà essayé de jouer l’un des cinq mouvements de la deuxième Partita pour violon seul de Johann Sébastian Bach, en ré mineur de fond, par exemple la Chaconne finale, en pissant droit ou même en diagonale dans un instrument fabriqué par Antonio Stradivarius ?

Ce n’est pas la peine ! Selon l’expression consacrée, cela ne sert à rien qu’à mouiller ses chaussettes, il en est de même de nos multiples tentatives de faire de l’humain avec de l’animal, ou le contraire ! Comme cela ne sert à rien d’afficher le symbole du Peace and Love sur les murs de Facebook pour changer les consciences ; ou de vider la mer en laissant pisser jour et nuit le plus célèbre des Manneken-Pis du monde ; malgré sa candeur, lui-même n’y peut rien !

Pas même un « Tout Grand Manneken Peace and Love » ne pourra changer le monde !

Car au-delà des glaciers qui fondent et des océans, les grands discours et les logos de pacifistes et de non-violents n’empêcheront pas le monde de se liquéfier un jour.


(…)


« Ceci n’est pas un trébuchet ! » dirait Magritte, lui qui savait par cœur La condition humaine avec ses couleurs et ses humeurs, ses piètres plénitudes et ses hautes servitudes ; mais c’est le schéma d’une expérience magistrale qui démontre bel et bien la réalité tangible du principe dit d'Archimède, et cette réalité que la vie est tout à la fois une réelle expérience et une réelle illusion, en une phrase on pourrait même dire sans trop se tromper que :

La vie est l’expérience réelle d’une réelle illusion.

Mais « ça » dirait Sigmund en se tenant la barbichette de la main gauche, la droite tenant un havane offert par un confrère qui revenait de Cuba, c’est une expérience toute intérieure !

C’est exact, ceci n’est ni un trébuchet ni une clepsydre, mais une piscine d’Oraison dans les Alpes de Haute-Provence, mais « ça » c’est une autre histoire, plus marginale, limite, borderline ou underground, selon la place de l’observateur dans le champ de la réalité. Pour moi, aux limites même de la conscience.

Une dite « pleine conscience » est-elle une conscience en soi qui déborde hors de soi, comme une « Une pleine mer » ou une « pleine baignoire » peuvent déborder engendrant par là quelque désordre ou « autre chose » où l’ailleurs peut lui-même déborder en moi ?

Réel, réalité, illusion qu’importe ! ne trébuchons pas sur de vains mots !
En vérité en vérité je vous l’écris, ou plutôt je m’écrie, personne ne connait vraiment le Réel vêtu de Majuscule comme un académicien en habit vert ; ce réel trébuchant qui nous sort de la peau comme une sueur rance, ce réel auquel le peintre aussi surréaliste que belge fait sans cesse référence au poil de son pinceau et au fil de ses toiles, allant jusqu’à dire à ses critiques et adorateurs que nul peintre digne de sa palette n’a besoin de reproduire quelque réalité, ce réel dis-je, est un véritable brouillon de culture et un authentique bouillon ‘pataphysique.

Oui, comme une clepsydre pleine ou vide, le tableau de Magritte et de Chagall est une chose en soi, une réalité en soi qui déborde en nous ; et ce qu’ils peuvent représenter tout comme ce qu’ils peuvent provoquer en nous, en quelque sorte, en sont d’autres, d’autres formes de cette réalité là, d’une réalité qui sans cesse nous « fuit » comme dans une citerne percée, un clepsydre incontinent, un bouillon de culture frémissant qui nous échappe des mains pour se répondre dans la poussière du temps.

Ainsi, comme Albert Le Grand, Jacquard ou Einstein, on peut démontrer expérimentalement par Albert + B sur un grand tableau noir, avec nombre d’équations, la réelle réalité du principe d'Archimède ; mais on peut aussi l’expérimenter sur la paillasse d’un labo de biochimie, ou dans son être profond.

Moi-même, biochimiste en son temps dans un labo privé, j’ai longuement manipulé les humeurs de l’humain dans toutes leurs particularités ; mais bien avant cela, à l’âge de douze ans, par incidence ou accident je fus plongé et noyé dans une piscine trop pleine. J’ai eu ainsi l’occasion d’expérimenter dans ma chair d’enfant et dans mon esprit fragile, la différence qu’il y avait entre les images qui accompagnent un voyage aux frontières de la vie, et la réalité d’une noyade réelle à la frontière de la mort.

Expérimentalement, on peut toujours suspendre sur et sous les plateaux de mille balances instables des cylindres creux pouvant entrer en jeux l’un dans les autres sous les doigts agiles de l’expérimentateur, certes, comme dans les plateaux de l’existence on peut jouer avec les tares et se jouer des tarés, pour chercher et faire l’équilibre dans tels environnement et système en vigueur.

Cela fait, la vie coule comme un fleuve séminal, saccadé, inégal et souvent injuste.

On hésite à plonger ou l’on plonge sans être sûr de ressortir. Les cylindres sont pleins ou vides et plongés dans un liquide plus ou moins malléable ; mais toujours Archimède se masturbe dans son bain comme un adolescent boutonneux. Un jour, l’équilibre est plus ou moins rompu ; le plateau contenant faiblit, la tare baisse comme toute tension apaisée ; parce que le cylindre plongé dans le liquide a éprouvé dans tout son être de contenant, dans son être de tube, une poussée plus forte que les autres, en sens contraire de son poids apparent.

C’est tout naturel ! comme une régulation des naissances ou celle qui opère au cœur de nos glandes innervées. Vous avez beau vous figurer une réalité comme un vase plein de liquide, reposant lui-même sur un point de bascule, afin d'expérimenter l’effet contraire et l’influence inverse des corps sur le liquide plongé… le monde reste malgré tout cela, une « tare» inconvenante sur le trébuchet dénaturé des jours sonnant et trébuchant !

Au moment où l'on plonge un œil plus profondément dans le cylindre kaléidoscopique de la vie, l'équilibre toujours est rompu dans les jeux des balances et des miroirs truqués par avance par quelques marchands d’illusions.

CQFD, les fléaux trébuchants des trébuchets s’alourdissent toujours du côté qui ne vous va pas, ce qui ne prouve rien du tout quand le tout et son contraire, le rien, se mélangent comme au confluent des sens. Bleu ou rouge, le sang éprouvé des épreuves se répand, quelle que soit la poussée verticale de bas en haut égale au poids d'un volume égal de sueur. Il semble donc bien que la vie se perde et se paie en espèce liquide ; que tout corps plongé perd du poids, de la force et de la dureté. Comme il semble bien que l'œil de verre placé dans un verre d’eau fasse monter le niveau du liquide pareillement ou tout autant qu’un œil bien réel qui vient d’être prélevé à vif sur un voyant, déplaçant ainsi le même poids d'eau que de vissions englouties.

(…)

Il faut toujours peser ses mots comme on soupèse le pour et le contre ; mais de balance en balance toujours mon cœur chavire entre vous et moi, « je » et « tu » …
Comment approcher l’autre sinon à travers le prisme de ses propres humeurs !

C’est une affirmation, certes, mais c’est aussi une expérience de tous les jours, un instantané de chaque instant. Ainsi, comme « je » le sous-entendait plus haut, certificat d’hématologie, de biochimie et de sérologie en main, peu après mes vingt printemps dans un laboratoire de la ville de Pavillon-sous-Bois en région parisienne, j’ai moi-même approché l’humanité par le biais de ses humeurs, après prélèvements divers, dépôts d’urines, ponctions sternales ou prises de sang.

Oui, burette de burette, ici, en ce monde, tout est burettes, éprouvettes graduées et éprouvées !

J’ai joué de la centrifugeuse comme ma mère abusait avec art de la lessiveuse, et de l’hématocrite comme mon père jouait du violon. J’ai calculé les plaquettes, scruté les leucocytes comme on considère de petites nébuleuses pleines de vie ; jouant du microscope plus que de raison.

Ne trouvant là sous l’objectif, aucun sentiment observable ; aucune conscience même la plus minable ; aucune âme vagabonde ; j’ai dû, par devoir et professionnalisme, me contenter de contempler les mouvements rythmés des spermatozoïdes durant les spermogrammes ; passant mes journées à examiner les parasites, spirochètes et autres ou tréponèmes à grain coloré ou à Gram négatif ; me faisant ainsi derrière mon microscope le voyeur d’une danse frénétique de la vie, d’une chorégraphie de bactéries de toutes les couleurs et de toutes les formes, des plus hélicoïdales aux plus linéaires, dans des ballets verts sulfureux.

Ce qui était « sources de maladies » pour les uns devenait pour le jeune adulte que j’étais, « source de contemplation ». La syphilis de l’un se faisant spectacle sous l’œil grossissant du microscope, calligraphie vivante ou scénographie microscopique. Il n’y avait là aucun juge pour me condamner, aucun cinéphile pour m’observer, rien que des neutrophiles, des éosinophiles ou des basophiles colorés comme une toile de maître.

C’est exact que les formes que prennent les choses de la vie sont extraordinairement belles et diversifiées !

En remplissant les Bechers, en vidant les Erlenmeyers et en agitant les Tubes à essai, j’ai fait du Pyrex mon Graal favori, dans une forme de liturgie laborante, ne dit-on pas dans les monastères soumis à la règle de saint Benoît « Orare et laborare » ; si la division du temps passe parfois par les clepsydres, elle passe aussi par la prière et le travail, intellectuel ou manuel.

Comme l’alchimiste va et vient entre le labo et l’autel, j’ai pratiqué le péripatétisme et l’analyse avec une pathétique passion.

Ainsi, grand prêtre des humeurs versées à la santé des uns, et servant du Dieu Pyrex pour les autres, dans une grande multitude de fioles propres et jaugées, j’ai mesuré le crépuscule et fait chauffé l’aube au dessus de mon bec Bunsen ; manipulant les selles, des plus suintantes aux plus fermes, et les crachats, des plus écumeux et transparents aux plus épais et verts ; j’ai analysé des urines par milliers, brunes et dorées comme des bières d’abbayes ; j’ai pesé le fer et la vitamine ; et sur des balances de pharmacie aussi sensible que des poètes et des artistes, à partir de plasma sanguin distillé par des veines délicates, j’ai pesé presque sous vide, le taux de fibrine des uns et le taux d’inconscience des autres.

Parfois même, sans faire d’examen de biologie médicale, et sans chercher quelque marqueur d’inflammation, d'un simple coup d'œil, on pouvait voir tel problème hépatique ou tel dysfonctionnement. En ce temps-là, bien avant que la plume me colle à la main, pipettes et burettes étaient mes premières amours ; je jouais au docteur et à la dinette avec des fioles et des alambics, comme l’alchimiste derrière son athanor, je dosais l’urée, l’enzyme et la cholestase, en quête de quelque pierre de reins qui soit aussi philosophale.

Ainsi, en cytologie, bien avant la microscopie électronique que je n’ai pas connue, j’ai pratiqué le test dit de Papanicolaou pour dépister le cancer. C’est ainsi qu’après prélèvement et inclusion de biopsie dans la paraffine, j’ai produit avec un microtome des rubans de quelques microns d'épaisseur, si fin que la lumière passait à travers pour porter des messages positifs. Des rubans que je soumettais par la suite à de multiples colorations dans de multiples bains ; plaçant enfin les coupes obtenues sous le microscope pour en discerner les cellules bien portantes des tissus bien malades.

En ce temps là, je savais l’insuline des insulaires et les formules chimiques développées de tous les corps et tous les composés ; j’analysais du matin au soir, décomposant les humeurs à jeun et les humeurs beurrées. J’ai vu là défiler des patients impatients, des colériques et des peureux, des douillets et des êtres plus que courageux ; j’ai accueilli des enfants en bas âge et des vieux de passage ; des êtres pleins d’hémoglobine qui respiraient la vie, et des êtres pleins de métastases qui respiraient la mort. J’ai décollé des idées fausses sur la vie et du mauvais cholestérol, celui qui vous colle aux rétines comme des images ou des décalcomanies. Découpant la chair dans la chair et le nerf dans le nerf.

A, b, c, d… j’ai dosé comme avec un alphabet comparable à celui de Rimbaud, des hépatites plus ou moins sympathiques ; j’ai découvert entre les lignes des lames des mononucléoses et des toxoplasmoses... Et dosant, mesurant ou calculant l’albumine, les hormones thyroïdiennes, les triglycérides et les testostérones, j’ai compris comme dans une fabuleuse illumination que tout était « HUMEURS », ne cherchant plus rien de précieux en dehors de la matière ; car tout était là, du plus basique au plus spirituel, l’humeur du monde était sans borne !

Avec des verres soufflés et des corps souffrants, j’ai analysé les anticorps battants. Dans des nids de protéines, j’ai fécondé moi-même des œufs remplis d’espoir et de rêves fous. Dans les moments les plus hasardeux comme dans les plus beaux, j’ai vu des glandes, des intestins, des cœurs, des vessies porter le monde dans leurs propres mains ouvertes, et des sérums plus dorés que la couronne d’un roi.

Alors fou de joie, avec des agitateurs de verre, j’ai agité mes folles et propres pensées durant des jours, et durant des nuits j’ai laissé les cauchemars descendre dans des ampoules à décanter les images et les heures ; j’ai rempli des ballons de chimie avec des larmes et de la bonne humeur, avant de mélanger le tout ; dans des boîtes de Petri, j’ai ensemencé l’espoir de guérir ; et pour tenter le tout, avec des baxters et autre compte-gouttes, j’ai redonné l’appétit, parfois la vie, aux plus désespérés, et au bout du chemin, dans une course contre la montre et des cornues de corps nus, j’ai même essayé de déposer les quelque gouttes de tendresse qui me restaient à offrir.

J’ai joué du thermomètre et monté nombre de circuits réfrigérants à eau pour faire tomber les fièvres des mauvais jours ; j’ai ainsi fait de multiples mélanges dans des verres de montre pour faire passer le temps. Jouant avec les animaux du laboratoire, faisant des diagnostics de grossesse sur des lapines, j’ai même utilisé des grenouilles, des souris et des rats pour prolonger ou sauver quelques vies.

(...)

Extrait de LA CLEPSYDRE DES HUMEURS.
Sous-titre : de la substance des scriptures
Essai de 'Pataphysique interdit au moins de septante ans.


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