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La dialectique de l'oeil (extrait) II
essai [ ]
Changeons nos clichés et nous changerons le Monde !

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par [Reumond ]

2012-05-22  |     | 



La dictature des idées, c’est la dictature des images !

Quand je pense à vous, je vous vois ! Vous aviez l'une de vos longues robes indiennes en fin coton bariolé et un nœud dans vos cheveux blonds. Et, en quelques clichés, de l'image d'un vouvoiement nous sommes passé à celle d'un tu.

Tu exposais tes paysages en patchwork à côté de mes dessins pointillistes, nous nous sommes parlés, les yeux dans les lèvres, et comme en couture, point par point, nous avons assemblé nos mots et nos idées pour ne faire plus qu’une seule image, et une seule chair selon l’expression consacrée, et ainsi, de plusieurs morceaux du tissu de nous-mêmes, de formes et de couleurs différentes, dans l’amour, nous avons conçu Justine, le fruit de nos entrailles et l’image même de notre tendresse.

Amoureux comme de pures colombes, nous étions artistes et fous l’un et l’autre ; nous avions encore vingt ans, et ces images me poursuivent comme un goût de vie, elles ne me lâchent pas d’une semaine, elles me tiennent par les sens et les mains comme les souvenirs les plus imagés nous tiennent au cœur, et nous roulent dans l’herbe verte des prés de l’âme.

Oh nostalgie des clichés de l’enfance, d’adolescence, d’un premier amour, d’une première mob dans les années 60 !

Elle était orange cette bécane...

L'image s'impose : Roland reçoit l'épée Durandal de la main de Charlemagne.

C’est l’image qui le dit dans le livre d’histoire, et les livres d'histoire regorgent de clichés et les images ont des raisons que la raison encore ignore !

« Reumond remonte ! » me criaient les Vascons en récréation. Alors que j’étais, et que je suis toujours, le valeureux Roland de Roncevaux, tel que les images des livres scolaires me le laissaient croire, dure comme Durandal !

Si l’un meurt au col de Roncevaux, l’autre nait dans le col de Suzanne, c’est la vie ! Et Charles le Grand n’y peut rien ! Mais ce sont surtout des images, des histoires imagées, des illustrations de la vie comme les planches scolaires sur les murs de la classe, des scarabées sur papier.

C’était Clichy-sous-Bois, dans les années cinquante, Clichy, ses Clichois et ses clichés. Après un demi-siècle déjà, le cor et le corps de Roland s’y confondent en une image floue, dans une surimpression des impressions visuelles et auditives, comme des images vagues.

Les Vascons crient « Reumond remonte ! », Ganelon le traître de la chanson est parmi eux. Mais Roland, avec son épée légendaire coupe les images en deux, en trois, pour réaliser un autre montage ; Reumond monte, il coupe les sarrasins en quatre, colle bout à bout les images avec sa propre salive au gout de roudoudou, et remonte ainsi le temps comme on remonte à rebours les horloges à mémoire.

Entre ses mains, dans ses rêves et fantasmes, le fil aiguisé de Durandal fait des prodiges ! Sébile pleine d’images de fêtes foraines autour du Chêne Pointu et de Notre-Dame des Anges.

Image odorante des crêpes et des gaufres sucrées à point ; billets de tombola jonchant le sol comme un tapis de vœux déçus ; image des autotamponneuses et des cris d’enfants ; image des pommes d’amour que l’on suce à plusieurs ; des barbes à papa roses comme des robes de jeunes filles ; images des stands de tir à la carabine à plomb, des jets de plâtre des pipes brisées, du bruit de l’air décomprimé ; odeur de fête, de frites et de guimauve que l’on grille sur la flamme du papa inconnu ; jeux de manèges et bruit de pétards…, mais ce ne sont que des images qui ont un arrière-goût de nostalgie.

Si « le culte des images » remonte aux cavernes, ce n’est pas parce qu’il remonte aux peintures rupestres comme les images d’Épinal le donnaient à penser. Nenni ! C’est parce qu’il s’origine dans les rupestres pensées, car la pensée est toujours primitive et s’écrit encore et toujours en images, cela depuis la nuit des temps !

Aujourd’hui, à l’ère des multimédias, nous avons l’air plus multi intelligent, mais ce n’est qu’une image !

Les images dans nos écrans plats comme des cortex hyper comprimés, et sur nos écrans panoramiques dans les salles de cinéma, se donnent en 3D et en spectacle, en hologramme et en monstration, c’est la démonstration par projections et transferts, que les images hantent nos existences comme les fantômes vivent d’apparitions.

Comme devant une Sainte Icône, la Sainte Tunique ou le Saint Suaire de Turin, avec Saint Photoshop, saint patron des photographes, nous vénérons les images comme de très saintes reliques, de tous les côtés les TV réalités crèvent l’écran pour nous y mener captifs par le bout des sens, les films se font plus réaliste que la plus simple des réalités.

Toutes les images sans exception sont des chimères de la réalité, des illusions d’optique, des leurres mous comme du beurre, l’œil s’y enfonce, mais c’est un sable mouvant, des images mouvantes qui imitent le mouvement même de la vie, des animations et des aberrations de la perspective, comme les fruits noirs et blancs d’une pensée en couleurs ; des mirages pixellisés. Sorcières, ensorceleuses, comme des I Mages !

Seuls les Oscars montent sur l’estrade ! Mais à l’heure de Canon, on ne brûle plus les pellicules comme jadis on brûlait les sorcières. À l’heure d’aujourd’hui, sur PC et sur image, de cérémonie en cérémonial, de rite en rituel, le monde se construit autour d’une cosmogonie numérique.

En direct de Cannes ou à la mode hollywoodienne, tous les festivals de cinéma de par le monde se ressemblent et s’assemblent comme les images d’un grand puzzle. Des plus fantastiques aux plus hard, des plus dévotes aux plus pornographiques, irrévérencieuses, folles, ludiques, esthétiques ou glauques, violentes ou tendres, politiques et engagées, poétiques, hilarantes ou sanguinolentes, les images explosent et sexe/posent pour réaliser une part de nos rêves ou exorciser une partie de nos peurs.

Comme dans un fauteuil de cinéma, nous sommes là confortablement installés, dans nos clichés, avec un verre en main.

En rouleaux comme en pensées, les images se donnent en abondance et en spectacle, nues, crues, vives, sous les apparences les plus brutes de la réalité, mais c’est une piètre erreur de jugement !

Même si elles nous conjuguent ou nous verbalisent, même si elles nous donnent la chair de poule, nous font saliver, pleurer, palpiter, transpirer et j’en passe ! Même si elles nous font maudire et vomir…, on ne peut enfermer la réalité dans les images, elles sont toujours au-dessous du niveau d’un réel plus excellent !

(...)

Changeons nos clichés et nous changerons le Monde !

Les clichés, au grand jeu des apparences, c’est un peu la part d’ombre du regard, c’est là, en cette perspective faussée, que se joue le véritable enjeu d’une « Dialectique de l’œil », d’où le titre de ce petit essai.

C’est encore là, au coeur de nos clichés, que La Méduse elle-même travaille en profondeur comme en surface, c’est là qu’elle nous use et nous méduse au plus haut point ; là, entre ma rétine empreinte de myopie et mes trois cerveaux comprimés, que tout se joue, afin de nous permettre de choisir entre " la pétrification des âmes et des regards" et une "authentique odyssée de la vie".

Du petit conflit familial jusqu’aux grandes révolutions, tout se joue en clichés et en rivalités, parce que tout est une question de « confrontation des images ».

Il est bien difficile dans cet univers super médiatisé, d’apprivoiser les images sans filet, les nôtres bien sûr et celles des autres de surcroit, afin d’apprendre sur le vif à cultiver la différence dans toute sa consistance.

Apprivoisons nos multiples clichés et nous apaiserons les antagonismes !

Apprivoisons nos propres images et nous entretiendrons la fraternité et l’altérité bien au-delà de nos pensées imagées.

Assyriens et Parthes, Thébains et Perses, Athéniens , Thraces et Satrapes, Germains, Grecs et Romains, tous furent emportés en son temps sur des champs de bataille ; dans les vents violents d’une foire d’empoigne, qui est elle-même la séquelle d’une foire d’images, ainsi, face aux clichés, même les Mèdes se médusèrent !

Parce que tous nos combats sont préhistoriques, antiques comme toutes tragédies, mythiques ou même mytho maniaques comme toutes les pensées qui se pensent, et comme tous ces corps cassés qui se penchent sur la vérité.

Qu’importe le temps, qu’importe le nom : Écriture, Jihad, pèlerinage, psychothérapie, croisade et quêtes diverses…, les véritables combats de l’humain sont toujours intérieurs à lui-même, et comme toujours la conséquence désastreuse de ses propres images.

Les vrais combats sont sans cesse les résultats sanglants de ces comparaisons hâtives, de ces conflits iconiques sans fin, entre les anciens d’hier et les modernes de demain; des rivalités d’épreuves entre la gauche et la droite, des clichés négatifs et positifs d’oppositions d’apparences, de pensées contraires et contradictoires...

En deux mots : Images différentes.

Oui, changeons nos clichés et nous changerons de regard, convertissons nos images et nous transformeront le Monde !

Mais sous une seule condition, car elle est essentielle et vitale, celle de « Persée le voir », c’est-à-dire, sous la condition de dépasser les apparences, de ne pas nous retourner vers ces images qui, hier encore, nous tenaient captifs.

Voyez les illustrations, de Doré à Rubens, au moment de la destruction de Sodome, les messagers donnent la consigne de ne pas se retourner vers tous ces clichés qui nous ont tenus enfermés de l’intérieur, faute de quoi, nous seront de nouveau tenus en otage, pétrifiés comme la femme de Loth, ou les victime de Méduse, à jamais repris dans ce jeu mortifère des images erronées avec tout leur jeu de rivalités et de comparaisons.

Alors, attention de ne pas fixer Méduse dans les yeux ; attention de ne pas regarder non plus en arrière ; de ne pas vous retourner pour voir, rien qu’un instant !

Bien des contes, telle l'histoires de l'épouse de Loth, changée en « statue de sel » tout comme celle d’Orphée qui doit quitter les lieux infernaux, sans se retourner, nous disent bien des choses sur nos propres mythes et notre scénario de vie.

Car, au plus profond des regards, les mythes restent fondateurs à jamais !

« Persée » le voir, outrepasser les images, c’est franchir les impasses, et éviter de se retrouver nous-mêmes comme des voyeurs claustrés sur eux, enfermés, cloîtrés dans des images erronées du Monde, de Dieu ou de nous-mêmes, comme séparés des autres par des iconostases en trompe-l'œil, le regard clôturé comme en enfer.

Oui, "frères humains", comme disait Villon, changeons d'images et nous changerons le Monde !

(...)

Le radeau de la Méduse et la dérive de l’imaginaire

J’ai les lèvres sèches comme la rose des sables, une faim au ventre qui me tiraille vers l’enfer et son feu, mais je ne mangerai pas de cette chair morte et je ne boirai pas de ces images insensées !

Une soif de momie altérée par la dessiccation des siècles m’arrache la langue et les yeux.

À l’horizon, quand le soleil deviendra rouge sang, je me laisserai absorber par les artères du temps, je serai abimé par l’image d’une fin peu glorieuse, je fermerai les yeux sur la vie et sur mes compagnons d’infortune.

Dans l’aridité salée des océans, je me souviens de toi, ma douce compagne, l'amour de ma vie.

Le Sahara ne fut pas toujours un désert et mes lèvres elles-mêmes ne furent pas toujours désolées, elles connurent en son temps les sources de ta bouche, dans les méandres de tes bras de mer et la piscine de tes mains moites.

Dans tes baisers humides, elles se virent arrosées ; par l’humeur parfumée qui mouillait nos draps et par la seule sueur qui perlait de nos deux corps mêlés, j’ai bu à la source du bonheur une eau plus limpide que les yeux de l’enfance, de tout ton corps je me suis laissé irriguer, enchanté comme dans une oasis des délices.

Mais de mal en pis, la frégate a dangereusement dévié de sa trajectoire, elle a quitté la route pour se perdre sur les fleuves infernaux ; dérivant entre le Styx et le Léthé, mon cœur chavire et mon corps dérive ainsi au fil des eaux, des promesses de ce bonheur perdu, je ne garde dans ma simple pauvreté qu’une seule béatitude :

« Heureux sur son rafiot, le pauvre Job desséché comme un vieil os ! »

(...)

Sous la forme d’icône, de statue, d’image pieuse, de représentation ethnologique et autres, de l’iconophagie à l’anthropophagie, la Méduse nous donne à voir et à penser ! Mais que se cache-t-il vraiment derrière le rideau de la Méduse ?

Quel est le sens profond de la dérive des images ?

Le propre du Narcisse qui sommeille en chacun de nous, n’est-ce pas justement cette dérive imaginaire ? Cette dérivation qui découle de l'imaginaire et du symbolique ?

Mettre à nu l’inconscient des uns et les pulsions artistiques des autres, cela me passionne ! C’est chez moi l’image ordinaire d’un usage quotidien des images et des métaphores les plus signifiantes...

Alors, entre mon divan d’analyste et mon prie-Dieu, les images fusent comme un feu d’artifice !

Sur ma planche à dessin et derrière mon PC, elles remontent de partout à la surface, elles viennent et reviennent de loin ! Le plasticien et le poète y trouvent leur compte d’images les plus théâtrales, de représentations les plus cinématographiques, à l'origine même des mythes, comme le photographe se délecte de vues, moi-même, je me gave de l’analyse des clichés.

Entre les disciplines plus rationnelles et l’indiscipline du poète, il n’existe pas d’opposition violente, pas de contradiction, pas de combat entre les images et les idées, mais un accommodement où les mots de l’un se font complices des maux de l’autre.

Psychothérapeute et accompagnateur spirituel, les icônes de la psychanalyse et celles de la mystique remplissent mes bibliothèques extérieures et ma pinacothèque intérieure ; moi-même ne suis-je pas qu’une pauvre image s’imaginant, une image imaginée par d'autres, une icône imaginaire sur le fil de l’océan, comme un radeau emporté par le temps, parmi d’autres signifiés tout aussi imagés et d’autres signifiants qui prennent l’eau ; je ne suis qu’une image heureuse et comblée !

(...)

Regardons de nos yeux effarés, toutes ces images qui nous cernent de toute part, et dans nos têtes affolées ces images que nous nous faisons des choses et des gens ; et ces folles pensées qui nous envahissent comme des raz de clichés, ces chairs qui se pénètrent et s’entremêlent, et toutes ces photos dans les journaux et la TV.

Mais il y a aussi d’autres panoramas, d’autres paysages pleins de rêves imagés, qui sentent bon la vie, comme les lagons aux eaux de turquoise, et des cieux bleus comme les yeux de mes petits enfants…

Des images qui font espérer en une vie toujours possible, et penser à des ailleurs meilleurs. Car l’image donne à sentir, à penser et à agir la réalité.

Sans vous focalisez sur le manque, contemplez d’une impossible attention, la paix que le manque d’image vous donne ; voyez ce vide de représentation et de pensée erronée, c’est comme un paysage gommé par le temps, comme le calme et le silence qui disent l’absence d’image et la présence d’un rien apaisant.

Percer le voir c’est entrer dans la véritable quiétude ; c’est ce chemin de dépossession des images qui ouvre les vraies portes de la perception, bien au-delà des mots, des maux du moi et de la concupiscence de son ego, là où il n’y a plus rien à avoir, plus rien à recevoir, à prendre, à savoir, à percevoir, à devoir ou à pouvoir…, quand on ne peut plus rien, et qu'il n'y a plus rien à voir !

C’est comme dans une douce méditation, une forme d’oraison sans pensées. C’est un dépouillement nécessaire, car tous « nos clichés » nous encombrent ; imagées, imaginées, imaginables…, nos images nous étouffent et nous bouchent la vraie vue !

Les premières nous coûtent la peau des fesses et ne donnent que la nausée !

Les secondes nous font « contemplatifs » comme de doux rêveurs ou comme bien des mystiques, elles donnent la vie !

Les unes nous font « voyants », alors que toutes les autres nous transforment en « voyeurs »

Il nous faut bien discerner, entre les images succubes qui nous sucent la moelle des os, nous pompent les humeurs des yeux, salissent l’âme et agitent les chairs, et les images qui incubent dans les excréments et les urines. Images cauchemardesques qui prennent corps pendant la nuit pour abuser de nous ; ou bien images diurnes qui prennent la forme de beaux portraits pour nous séduire durant nos manques de veille et plus encore durant les rêves éveillés.

Il existe des images qui vous inspirent et d’autres qui vous aspirent dans le vide ; il y à celles qui révulsent, inquiètent, répulsent et donne à vomir, et puis les images qui apaisent et redonnent de l’espoir.

Il en est ainsi des images comme des piercings, on en met partout, en en pose partouze ! Si l’Enfer est pavé de bonnes intentions, comme les diables le disent, plus encore, le Paradis semble truffé de ces belles images qui, derrière l’odeur des roses, sentent fort bien le soufre !

Alors, s’il vous plait, examinez bien ce que vous regardez, et considérez avec précaution ce que vous « imaginez », voyez comme des voyants ! Prenez le temps de tourner les pages de vos albums photos pour mieux percer le voir ; faites-vous un honneur de revoir vos clichés, et comme tout être responsable, faites-nous l’honneur de nous laisser le meilleur.

(...)

Sur l’air d’une chanson yiddish, le fil rouge des images se déroule comme un film qui rassemblerait la représentation de la petite fille au manteau rouge de La Liste de Schindler, à celles de tous les drames historiques, de toutes les tragédies antiques et de toutes les comédies humaines...,

Et ainsi de suite, depuis la préhistoire, d’image en image, jusqu’à nos clichés en toc, nos romans à l’eau de rose, nos manques de sang et de sens, exsangues comme des banalités d’Épinal, les images nous donnent à voir, à penser et à agir.

L’image, elle ne garantit rien, ne prouve rien, sinon que l’homme imagine.

Hors du temps et des espaces, elle lie Steven Spielberg à William Shakespeare, les enfants de Treblinka au débarquement de Normandie, La Joconde éclaboussée par le sang du Soldat inconnu aux amants de Vérone sur le pont du Titanic…,

Car tout est imagé et imaginé, comme lié par des images éparpillées, comme sont fragmentées les idées imagées de l’homme et de son Monde.

Parce que le Monde est un grand imagier imaginaire, nous avons tous du sang sur les mains et les mains pleines de sens.

De la mansarde des anges aux repères des diables, en passant par le Louvre et les musées du Vatican, l’Univers tout entier est en vérité une gigantesque pinacothèque.

Si beaucoup d’images y ressemblent à des clichés réchauffés, d’autres coulent de sang ; peut-être parce qu’elles sont pleines de sens, et même qu’à y regarder de plus près, il semblerait qu’aux yeux de certains croyants, d’incontestables icônes pleurent le sang tellement elles sont pleines de sens.

Dans les veines et les nœuds du bois, à travers la toile, en nos veines et nos humaines nodosités, c’est probablement le même sang mêlé des bêtes et des dieux qui coule et qui traverse l’espace et le temps.

C’est vrai que certaines images sont des éclaboussures de sens !

Elles suintent tellement des marges, qu’elles vous prennent à la gorge, comme dans les couloirs de la mort, sur la marche d’un gibet, ou dans la salle froide d’une triste chambre à gaz.

C’est le sens même de la saignée, que de redonner du sens à ce qui n’en a plus ! Une saignée, un appoint de sang ou un supplément de sens, c’est du pareil aux veines !

Si même les images de dieu saignent à blanc quand on les expose au non sens ! L’homme dans sa quête de sens, peut facilement mêler la chair et les images ...


Rien qu’une seule goutte de bon sens peut sauver le monde !

Quand on se fait des idées, on se fait des images, ça va de soi !

Ainsi soit-il, de métaphore en métaphore, le sang d’encre abreuve les poètes, parce que le sang, ça coule de sens !

Le sang "rouge", est couleur de bonheur en Chine. Certain y voit le principe même de la vie, d’autres, une force venant du ciel ou une énergie qui émane de la terre. En tout cas, l’image du sang fascine ou fait peur ; voyez l’enfant qui pleure devant l’écorchure de son genou, et cette jeune femme terrifiée devant le non-sens de son époux blessé.

(...)

Il n’existe pas d’image neutre ! Faites-en l’expérience, donnez une image à un bébé, et tout de suite il la mettra en bouche, car il a déjà la tête pleine d’images et de pensées captives, les doigts collants d'idées captatives, d’instinct qui le pousse à se saisir les choses à pleine bouche, et pour ses petites mains, des besoins et désirs imagés comme le sein d’une mère.

Depuis l’aube des perceptions, le penser et le croire se nourrissent l’un et l’autre des mêmes sens et des mêmes expériences sensorielles ; je ne suis moi-même qu’une somme d’images ordonnées comme un puzzle, un ramassis de clichés vieux comme le monde, un monceau de croyances éparses qui m’aident à sentir, à penser et à agir...

J’ouvre les yeux, je regarde la vie, j’observe la vue…, l’image qui me vient à l’œil accompagne l’idée-cliché qui me vient à l’esprit ; ou parfois c’est l’inverse, par un subtil jeu de réflexion, de transfert ou de projection, car mes images et clichés sont une parfaite cartographie de mes pensées !

Sur la surface de la mappemonde, avec circonspection, mon doigt suit mon globe oculaire qui accompagne mon index. Qui des deux regarde le globe terrestre et qui me regarde ? Qui cherche des repères, le doigt, la pensée ou l’œil ? Dans les reflets de mes propres visions du Monde et de mes préjugés, qui quête un lieu de repos pour la main des poètes, et qui mendie sur la courbe sphérique du Monde, un hamac de lumière pour l’œil et une détente à l’ombre des pensées ?

(...)



La dialectique de l'oeil - essai (extraits)

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