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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-05-31 | |
29 juin 1967 Les murailles de fer et de béton qui séparaient depuis 1948 les deux parties de la ville ont été renversées cette nuit par ordre du général Dayan. Rompant le cancan de l’enceinte turque qui, depuis cinq siècles, étouffait la veille cité de Jérusalem, les bulldozers israéliens ont largement ouvert le chemin aux hommes des deux peuples. Les deux Jérusalem communiquent librement depuis ce matin. Pourra-t-on en dire autant des cœurs ? Je voudrais bien le croire, sans grande conviction jusqu’à présent. A travers les décombres amoncelés des deux guerres, les terrains vagues du no man’s land semés de détritus, les Arabes en keffiah affluent dans la ville neuve, se tenant par la main deux à deux, et criant Shalom, Shalom, à qui veut les entendre. A leur tour, les Juifs envahissent les souks de la Vieille Ville, vidant de leur camelote les échoppes arabes qui n’ont jamais fait tant d’affaires… Ce matin, en vérité, Juifs et Arabes se parlent, achètent, fraternisent en surface. Je me fraie un chemin, dans la chaleur, au milieu de la foule qui s’écrase sous les arcades basses, dans les ruelles enchevêtrées du souk. Je parcours les venelles coupées d’escaliers de pierre étroits, tour à tour bourdonnantes de monde, et merveilleusement silencieuses. Voici, au fond de la petite place où fut le Forum romain, le Saint-Sépulcre ébranlé par les séismes, à la façade renforcée par des poutres, avec sa rotonde aux piliers géants cerclés de barres de fer, voici le Mouristan vouté, le Mur des Pleurs, l’esplanade du temple futur où viendront prier les hommes de toutes les nations, selon la vision des prophètes. Est-ce la réconciliation d’Isaac et d’Ismaël, est-ce la paix autour de la pierre creuse sur laquelle Abraham souleva le bélier divin à la place de son fils, son unique, de celui qu’il aimait ?
Je te découvrirai, Jérusalem nouvelle, Sœur de pierre ouverte à la clarté du monde, Espace d’univers, autel et table ronde, Vigne du petit jour où luit l’éternité : Dans ce lieu j’assoirai ma présence réelle. J’ai écrit ces paroles au Mont Sion le 9 juin 1960, lors de mes premiers jours en Israël, adossé au mur de la tour de garde qui veille à l’occident, sur la terrasse du cénacle et du tombeau de David. Il n’aura peut-être fallu que sept ans pour voir poindre devant nos yeux l’aube de leur accomplissement. (1)Fragment d’un texte publié dans Moisson de Canaan, Flammarion, 1967, pp. 153-154.
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