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VOIX NOUVELLE : Cédric Cohen Skalli
communautés [ écrivains israéliens d`expression francaise ]
Entretien de Monique Jutrin avec Cédric Cohen Skalli

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par [marlena ]

2006-03-18  |     | 



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Lorsque j’entendis Cédric lire ses poèmes pour la première fois, je sentis aussitôt qu’il y avait là une expérience vraie se frayant une voie dans l’écriture. Cette impression s’est confirmée lors d’une seconde lecture. C’est alors que je demandai de lire le texte de ses poèmes. A nouveau j’ai reconnu cette tonalité particulière : une surface lisse, sereine, où une violence sourde affleure.

Nous nous sommes rencontrés dans un café de Tel Aviv, paisible en cette matinée de septembre. J’ai demandé à Cédric de parler de lui-même.

Né en 1972 à Paris. Père d’origine algérienne, mère d’ascendance russo-polonaise. Tous deux communistes. C’est le grand-père maternel, sioniste, qui initia Cédric à l’hébreu, au yiddish, à l’allemand, et lui insuffla le mythe de la culture allemande.

En 1990, après le bac, Cédric, âgé de dix-huit ans, quitte Paris pour Berlin, juste après la chute du mur. Durant quatre années, sa vie sera partagée entre Paris et Berlin. A Paris, il poursuit des études de philosophie, suit le cours de Derrida, écrit un mémoire sur Hegel. A Berlin-Est, il mène une vie de bohème avec des amis allemands plongés dans le chaos consécutif à la chute du mur. Mais surtout, il écrit. (Depuis l’âge de quinze ans, un désir de devenir écrivain). Il écrit tous les jours. Dans un café de la Käthe-Kollwitz-Platz, lieu de rencontre des poètes. Il s’efforce de décrire des personnages, des alcooliques (Il sourit : « nous étions tous alcooliques »).
Période heureuse : la sensation de vivre la vie qu’il désire, un exil à sa mesure, et d’accomplir la rupture avec un Paris haï.

Que représentait Paris pour vous ?

« Je détestais les Français de Paris, leur élitisme, le système hiérarchique du lycée Henri IV. A la fois fasciné par ce modèle qui ne pouvait me convenir, et d’où je me sentais exclu, et poussé par une révolte difficile à réaliser ».

Durant l’hiver 1996-97, il vécut une autre expérience : il passa un hiver en Champagne à restaurer l’Abbaye de Sept fontaines (« je refaisais des planchers »), en compagnie d’une amie chrétienne à tendance mystique. Lui-même est à cette époque attiré par la pensée mystique juive, et lit Scholem ; en même temps il s’initie à l’idéologie des Compagnons.

Et Israël ?

Il y venait souvent avec son grand-père maternel.
L’été 1997, à vingt-cinq ans, après avoir passé l’agrégation de philosophie, Cédric entreprend un voyage qui le mène d’abord en Pologne, à Auschwitz, ensuite en Israël, où il se met à apprendre l’hébreu. C’est l’euphorie. La sensation d’avoir trouvé le lieu où vivre. Il écrit énormément.
A la fin de l’été 1997, il rentre en France pour enseigner dans un lycée de Lille. En 1998 il s’établit en Israël.

Et ce recueil, que vous intitulez « Exil », et qui comprend neuf sections : ‘‘Berlin 90’’, ‘‘Rêves et souvenirs 92-93’’, ‘‘La mort belle 95-96’’, ‘‘Prières aveugles 96’’, ‘‘Les colonnes 97’’, ‘‘Dernier souffle’’, ‘‘Jérusalem 98’’, ‘‘Ma première chambre’’, ‘‘Les longs murs et au-delà’’.
C’est un texte autobiographique ?

Oui, Cédric le considère comme un texte « autobiographique ». Il s’agissait de raconter cette longue adolescence, de se créer un passé, et d’entrer en littérature. « Pour moi c’était une ‘histoire’. Je voulais qu’un lecteur se fasse une idée de ce que furent ces dix années d’expérience, d’exil, de vie errante. Mise en scène rétrospective, création à partir de centaines de pages rédigées au cours de dix années. Pour moi, ce recueil forme un tout, il a son unité. »

C’est en l’an 2000 que fut terminé ce recueil. Il avait paru important à Cédric de le publier, mais il n’y réussit pas. Des éloges, des appréciations, il en reçut, mais aucune promesse d’édition. L’on reprocha à ce recueil d’être « décousu, discontinu, inégal ».

Je l’interroge sur les poètes qu’il aime. C’est le nom de Baudelaire qui surgit aussitôt (il apparaît d’ailleurs dans ce texte du recueil : « J’entre dans la maison de Baudelaire… »). Ensuite, Rimbaud, Mallarmé, Bonnefoy, Celan, Segalen. Et Proust, son auteur préféré. Ravel et Debussy, ses musiciens chéris.

Saint-John Perse ? Non, il ne l’a pas lu.

Et aujourd’hui ?

Cédric termine un doctorat consacré à Isaac Abarbanel et la rhétorique autobiographique. Une étude qui porte sur les préfaces autobiographiques d’Abarbanel (1437-1508), le commentateur, l’humaniste, le voyageur… Toutefois, et Cédric insiste, cette thèse n’est pas « une fin en soi », elle est une ouverture, un voyage, qui va peut-être déboucher sur une autre forme d’écriture. Ecriture plus continue, où « l’histoire apparaîtra davantage, sera plus apparente. »

Un roman ?

« Peut-être, car il s’agit de créer un personnage fictif permettant de relier mon expérience poétique à celle de mes recherches sur Abarbanel. »

Nous reproduisons ici deux sections du recueil Exil qui, rappelons-le, est inédit à ce jour.

Exil

Les colonnes

97


L’arabe et l’hébreu se gardaient à l’abri d’un foulard de soie. Sa douceur m’endormait, et les rêves qu’il m’inspirait, m’éveillèrent peu à peu.


יצחק

Qu’as-tu senti Isaac, quand tu t’allongeais ?
Ton rire n’est pas le nôtre,
Car tu ris dans l’avenir, délivré.



אסתר

De la poussière du palais s’élève ton nom.
Tes lèvres sur la bouche d’un homme,
tu n’as qu’un seul regard pour ton peuple et pour ceux qui t’ont tuée.
Les surfaces éclairent de leurs douces mains.


Tu montres à l’aveugle les collines du désert, sombres contours en repos.
Là, en ces solitudes, tu tends ton appel au cri de l’aigle,
Et ta flèche sonore rend le témoin aveugle.


Les collines aux nuages verts ignorent.


Je pense au temple lointain,
Où le soleil, l’arbre et la pierre font tant,
Et où celui qui aime sait se confondre.


Un nuage au ciel lance des traits gris, et l’espèce se lamente.
Nos corps s’éparpillent en quelques vallées,
car tu as aimé seul.


Buchenwald

La vallée est là, je ne mens pas.
La vie te porte plus loin, ne mens pas.


Graffiti de Pologne


Quand le rêve s’approche, ne l’accueille pas, car l’effroi du rêve porte la mort comme la main de la mère.

Des lignes obscures et régulières cachent la vérité. Je les regarde fasciné par tant d’amour.


Le train déverse ses morts. Veux-tu, toi, aller plus loin ?


Entre dans le ghetto fantôme.


L’eau coule dans mon crâne.


« Je te plains, jeune homme,
Tu croyais te défendre, quand le plaisir t’envahissait.
Pauvre chétif, tu marches sans âme
Et l’inquiétude de l’homme te rend si vieux. »


La vie renaît d’un envol impossible, et perd un de ses fidèles.
Adieu paix du jour, l’ardeur me défend.


(…)

Les longs murs et au-delà

Le livre de la colère est une vieille tapisserie, brûlée et pendue à quelque mur ; sans histoire, sans nom, il maudit son espèce.


Tu aimerais parfois accrocher ta tête aux vieux murs d’un château, mais la haine te retient.

Une blessure fleurit sur ton visage. Voilà quelques jours déjà que tu n’as pas rencontré l’éclat d’un couteau meurtrier.


Comme tu aimais saigner le long des murs ! là où soudain s’élevait la voix de cette femme perdue, sans qui tu n’eusses peut-être pas passé un jour.


La fille des longs murs, ta coupable sœur, marchait dans la prison que tu avais quittée, et sans rien dire, tu la suivais des lèvres et de tes reins.


Ne laisse pas s’enfuir l’or caché des anciennes journées, ces mots gravés au plus profond de tes reins.


J’ai pris mon souffle au creux d’une main, et pendu à l’arbre, j’ai répété d’anciennes paroles :

Le peintre peint et le poète ment la main sur la bouche.





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