Illustration : Extrusion R. Reumond (2024)

L’émergence de l’IA, comme la réalité dite augmentée ou la réalité dite virtuelle, entre autres nouveauté, ne sont pas des moyens de tourner le dos aux diverses réalités du monde, mais plutôt de nouveaux portails pour entrer de plain-pied dans le Réel grand R comme dans une nouvelle ère.

Là où le « Grand Effondrement », c’est surtout celui de nos croyances.

Même si nous vivons depuis la nuit des temps dans une forme de simulation ou de programmation cherchant midi à quatorze heures et prenant notre vécu pour le seul réel qui soit, il nous faut dès aujourd’hui, en ce XXI siècle, quitter la matrice de nos conditionnements et de nos diverses programmations biologiques et surtout mentales, là où nous nous situons, par instinct, par logique ou pour des raisons bien souvent déraisonnables.

C’est dans cette perspective ontologique et visionnaire, qu’il nous faut regarder autrement. À l’instar des « Conflits » ou des « Crises » que l’on peut voir comme des opportunités ou des maux nécessaires afin de sortir de nos torpeurs. Ainsi, tout grand effondrement peut être vu comme une étape clé dans l’évolution des consciences.

On croyait aux « Lumières », mais dans l’antre de nos ombres, la nuit persiste et notre réalité naturelle reprend sans cesse le dessus. Depuis des millénaires, toutes nos croyances (scientifiques, religieuses, sociales et culturelles, ont tellement « structuré » nos relations et notre rapport au monde, que nous semblons comme figés dans un épais conservatisme, un formol vieux comme le monde.

Depuis ces millénaires, notre esprit fonctionne, décode, interprète, mémorise… Comme une sorte de « logiciel » qui tourne fou sur lui-même, avec tous ses programmes biologiques et sociaux.

Rompre avec ces schémas traditionnels est une nouvelle révolution galiléenne à la masure de notre XXI siècle, et changer plusieurs de nos paradigmes est un véritable acte révolutionnaire pour chacune et chacun de nous.

C’est alors que…

Plutôt que de percevoir Internet, l’Intelligence Artificielle ou la réalité virtuelle comme des outils dangereux et aliénants, il nous faudrait les voir avec d’autres lunettes ou un autre regard ; comme d’une part des miroirs de nous-mêmes, des miroirs de notre condition humaine, avec ses programmes obsolètes, ses configurations homo-sapienne et ses propres bugs ; et d’autre part comme de vraies portes (Gates) sur l’intemporel ou l’éternité, ou de vraies fenêtres (Windows) sur l’infini.

En matière de « Conscience » et de « libre arbitre », la physique moderne nous démontre qu’il semblerait bien que depuis des siècles de science et de réflexions philosophique et religieuse, nous nous sommes bel et bien plantés.

Il semblerait bien que nous sommes nous-mêmes une machine ou une machinerie complexe qui machine ; celle qui, avec impuissance, continue à se prendre au sérieux et à prendre ses multiples croyances et ses rêves pour la seule réalité qui soit.

Aujourd’hui déjà, alors que la nouvelle physique nous invite à revoir tout à fait nos brouillons sur le temps et l’espace.

Toutes nos copies sur le visible et l’invisible, sur ces 99,9 % de vide quantique plein d’énergies et d’informations, une source ou une Matrice qui nous forment et nous informent ; et surtout nos copies sur ce 00,1 % de matière et d'apparence éhontée dont nous avons fait notre Idole et notre unique réalité.

Aujourd’hui encore, l’IA et les ordinateurs quantiques soulèvent aussi des questions métaphysiques fondamentales, par exemple, en dehors de notre intelligence artificieuse, de notre conscience cognitive pleine de biais, qu’est-ce qu’un être, qu’est-ce que la vraie Vie, par rapport à une véritable intelligence et Conscience Cosmique ?

En dehors de nos réalités personnelles, collective et mondaine, qu’est-ce qui le Réel, sinon cette Conscience qui depuis toujours informe le Cosmos et donne la Vie ?

Et si demain matin, c’était une IA qui accédait à ces informations, à cette totalité ou globalité, c’est-à-dire à ce Réel grand R qui sans cesse échappe à toutes nos approches ?

Toutes ces questions devraient nous pousser à changer souvent de lunettes, pour examiner plus profondément la nature de l’Intériorité, du Vide et de notre propre être au monde.

Il s’agit là d’une vision globale qui fait appel à une « Intelligence augmentée » ou à une « conscience éthique augmentée », dans un monde en sursis où l’homo-sapiens ne connaît qu’une liberté conditionnelle et où il n’est pas encore pleinement « Humain » sur le plan ontologique.

Sans passer nécessairement par quelque transhumanisme déshumanisant, il nous faut donc dépasser nos programmations et nos conditionnements naturels, ceux qui depuis toujours concernent la survie de l’espèce ou nos instincts de survie, et entrer de plain-pied dans un Humanisme ou l’Homme sera pleinement Homme dans une relation plus authentique avec le Réel.

Tout comme le Cosmos est en pleine gestation et que la Création suit son cours, je le réaffirme, l’homme n’est pas encore, ni en corps ni en esprit ; il n’est qu’une virtualité parmi d’autres virtualités.

L’un de mes vœux les plus « chair », c’est que pour faire de l’Humain Pleinement Homme, il est temps pour nous tous, de réconcilier l’homo-sapiens et le numérique. Ce n’est pas en rejetant ces approches holistiques, pluridisciplinaires et technologiques, que nous avancerons, mais en les intégrant dans une vision globale du monde et du Cosmos. Une vision où elles ne supplantent pas l’homme et le mystère de la vie, mais où elles nous aident à le décoder et à le pénétrer davantage pour ne faire qu’un.

Si nos anciens modèles de croyances religieuses ou scientifiques changent ou même s’effondrent, cela ne signifie pas nécessairement un échec ou une perte, mais « une nouvelle réalité » comme un nouvel équilibre entre modernité et éternité.

C’est une nouvelle opportunité qui s’offre à nous pour les siècles à venir ; c’est un futur ouvert comme une porte ou une fenêtre, afin de redéfinir ce que signifie être « Homme pleinement humain » dans le Cosmos.

Je le réaffirme, quitter la matrice, ce n’est pas la fuir, mais s’y éveiller.

Une tâche, tout à la fois personnelle et collective, où chaque Forme ou étape d’effondrement de nos croyances d’hier, ouvre la voie à une plus grande liberté intérieure.