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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2024-10-04 | |
Tout ce qui existe communique ; est informé et, à son tour, informe. L'adaptation ou l’inadaptation est la réponse de l'individu, animal, végétal ou minéral à la communication avec l'environnement. Le langage comme système de signes n’est donc pas l’apanage de l’homme. La communication verbale, "dans laquelle « les signes » sont des mots constitués de sons " est par contre spécifique à l'homme. (Coşeriu, 1999 : 3) C’est en tout cas le seuil atteint jusqu’à présent en matière de distinctions possibles entre le langage humain et celui des autres espèces. Je dis "jusqu'à présent", car quelqu'un qui ne connaît pas une langue comme le vietnamien, par exemple, ne distingue pas plus de mots dans la langue de ceux qui la parlent que dans la langue des vivants non humains. Or ce fait soulève des questions sur le caractère strictement humain de la communication verbale. Et puis la possibilité même de distinguer, non seulement par les mots, mais littéralement, entre miauler, aboyer, gazouiller, siffler, coasser, d’une part, et parler, de l’autre, montre que nous sommes en présence de modes d'articulation différents et que le langage articulé n’est pas exclusivement humain.
L'acte de communication sous-entend un émetteur, un récepteur, un objet au sujet duquel quelque chose est communiqué et ce qui est communiqué ou le message proprement dit. Or ces éléments, qui font partie de la situation de communication et qui expliquent à la fois la syntaxe et la morphologie du message, sont présents non seulement dans la parole des humains, mais aussi dans celle des vivants non humains. Prenons par exemple la présence d’un épervier dans un jardin, le matin, lorsque l'air vibre au chant des oiseaux. Sa présence, signalée par l'une des volatiles, plonge le jardin dans un silence qui peut durer longtemps après le départ de l’épervier. Si le gazouillis de l'oiseau a alerté les autres, c'est parce qu'il leur a envoyé un message précis, un message qui signifie et désigne à la fois. Il signifie en vertu d'un code commun aux oiseaux et dénote un certain danger grâce à une manière particulière d'enchaîner les sons émis. On ne peut donc pas parler de différences structurelles entre le langage humain et celui des autres êtres vivants. Mais le code, et donc la langue en tant que système de signes, est différent. Et il est différent, car il correspond à des exigences spécifiques et donc à des degrés de complexité différents d'une espèce à l'autre. Et même si l’accès aux éléments de ce code nous est bloqué pour l’instant, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ne sont pas porteurs d’une valeur symbolique et conventionnelle. Et pour cause : ils désignent les choses auxquelles ils se substituent suite à un accord tacite entre les membres d’une communauté. Et cet accord, qui s’établit dans la phase de réception de l’acte de communication, ne serait pas possible sans l’existence chez les animaux d’une mémoire, une mémoire sans laquelle aucune créature ne peut survivre.¹ Karl Bühler, cité par Eugenio Coşeriu dans l'ouvrage Introduction à la linguistique, dit à propos du signe langagier qu'il a une triple valeur : " [Il]est symptôme en vertu de sa dépendance par rapport à l'émetteur, dont il exprime l'intériorité ; il est signal en vertu de son appel à l'auditeur, dont il guide le comportement externe ou interne comme d'autres signes de communication ; il est symbole en vertu de sa coordination aux objets et aux états de choses.. " (Coşeriu, 1999 : 4) Cette caractérisation du signe linguistique fait que la valeur symbolique et conventionnelle attribuée aux signes du langage humain soit refusée aux signes du langage animal qui, selon Coşeriu, "correspondraient plutôt aux réactions élémentaires qui dans les manifestations humaines sont les cris et qui ne ne constituent pas une véritable expression linguistique". (Coşeriu, 1999 : 5) La supposition du linguiste roumain peut être validée à condition que le cri soit considéré uniquement comme l’expression de l’émetteur, dont il révèle l’intériorité, mais s’il est produit en plus avec l’intention d’être entendu par un autre, ce qui est le plus souvent le cas, au-delà du son émis, il communique quelque chose sur son émetteur, la joie ou la douleur de celui-ci, par exemple. Mais communiquer quelque chose à quelqu’un d’autre suppose l’existence d’un code. Dans les limites de ce code, le récepteur peut identifier une certaine joie ou douleur. En dehors de ce code, non seulement il ne peut pas identifier une joie ou une douleur particulière, mais il ne peut pas non plus distinguer la joie de la douleur. D'où l'on voit que les cris eux-mêmes renferment un code. Or le bourdonnement des abeilles, le gazouillis des oiseaux, l'aboiement du chien, le rugissement du lion sont plus que de simples cris, tout comme la parole humaine ne se limite pas à des cris de joie ou à des hurlements de douleur. Contrairement à une idée reçue – relative à la communication ayant comme support le son – le langage animal n’est pas fondamentalement différent du langage humain. L'un et l'autre peuvent se retrouver dans cette description faite par E. Coşeriu : " Les actes linguistiques² […] ne sont jamais complètement identiques, mais varient d'un individu à l'autre, se différenciant même chez le même individu, selon les circonstances, tant dans leur forme matérielle que dans leur signification ou, pour mieux dire, leur « contenu ». Cependant, pour que la communication soit possible, ce qui est le but du langage, il faut que les signes ou symboles d'une certaine communauté linguistique aient plus ou moins la même forme et plus ou moins la même signification". (Coşeriu, 1999 : 3) Les différences ne concernent donc que le code et sont générées par les situations de communication différentes d'une espèce à l'autre, situations qui, à leur tour, s'expliquent par les données appartenant en propre à chaque espèce. Bibliographie COŞERIU, Eugenio, 1999, Introduction à linguistique, Cluj, Éditions Echinox. Notes ¹ L’idée qui sous-tend ces réflexions est celle selon laquelle une structure de communication commune traverse l’existant. Pour la dégager, je me suis servi, dans le cas précis du langage des vivants non humains, de la comparaison avec le langage humain. Le recours à l’observation a fait le reste. ² J'ai conservé le qualificatif "linguistique", même si dans le sens actuel il fait référence exclusivement à l'étude du langage comme moyen de communication propre aux humains. Mais puisque l'on accepte de parler d'un langage animal, même si les émissions sonores ne font pas intervenir les mêmes organes chez toutes les espèces, j’ai pensé que, dans le contexte, le qualificatif "linguistique" pourrait être tolérée. |
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