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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-09-14 | | Pays de partout et de nulle part, le pays de l'imaginaire est aussi celui du pire et du meilleur ! Au nom de ceux qui n'ont pas su grandir, je vous demande pardon ! Je n'accuse personne, les vrais bonheurs s'écrivent souvent à coups de griffes, et l'amour a des traits vifs que les crayons ignorent, des frissons de plaisir qui frisent le déplaisir. Je n'accuse personne, j'écoute simplement l'écho du vent et la vague, les tremblements de Terre et ceux des pauvres mains. L’Univers entier semble transpirer la souffrance de par en part ! Et pourtant, les fleurs poussent et les enfants jouent à grands cris, le jeu de la vie. Pays de partout et de nulle part, le pays de l'imaginaire est aussi celui du malheur et du bonheur! Au nom de ceux qui n'ont pas su grandir, je vous demande pardon, à grands traits, à grands cris ! Sans tomber dans l’exhibition, l’ennemi « pudique » numéro un ne serait-il pas l’absence de transparence ? Le silence même ? C’est-à -dire l’absence d’une certaine forme d’honnêteté sur notre propre condition de « larves humaines », sur notre pauvreté et nos indigences d’êtres blessés et donc blessants ? Nous ne faisons que du vent, clopinant sans cesse en humanité ! Ne respectant pas l’animal que nous sommes, violant sans cesse l’enfant que nous avons été, et coupant l’herbe encore verte sous le pied de l’homme que nous ne sommes pas encore. À cause de ces multiples difficultés, ne sommes-nous pas tous enclin à chercher des boucs émissaires un peu partout autour de nous, de soi-disant prédateurs, là où souffle le vent, l’information avec ses faits divers, fustigeant à coups de langue, de jugements faciles, des coupables au pays de nulle part et de partout, refusant de voir, d’entendre et fuyant par là même le pays de l’altérité, là où nous ne sommes pas encore, celui de l’humain ? Alors fusent les procès, les transferts de tous poils, et jaillissent de nos tourments des affaires et des projections de tous bords, des feux d’artifice de toutes les couleurs, des mots durs qui s’en donnent à cœur joie, brûlant à coup de langue et de nos propres mains les sorciers d’aujourd’hui, d’hier ou de demain. Condamnant, fort de notre immunité imbécile, tous ces hommes et ces femmes que nous jugeons pour ce qu’ils nous semblent posséder et que nous ne possédons pas encore : du pouvoir, un savoir ou un avoir qui viennent nous contrarier et frustrer notre propre jouissance. Pourtant, cette « concupiscence » depuis nos plus lointaines origines est en chacun de nous, sous la forme d’un esprit de captation plus ou moins virtuel, ou plus ou moins actif. C’est pourtant cette même concupiscence qui a fait l’homme différent des végétaux et des autres bêtes, c’est ce même désir brûlant, ce « désir désirant » difficile à gérer, qui modèle depuis la nuit des temps notre pauvre humanité en devenir. Animaux patauds, ne sommes-nous pas tous grossièrement des images blessées en des miroirs brisés, mi-reflet de ce que nous étions en un lointain passé, mi-éclat, de ce que nous ne sommes pas encore, au pays de partout et de nulle part, en un lointain futur ? Fuyant le confessionnal du temps, et le divan de l’espace, ne continuons-nous pas à nous mentir à nous-mêmes ? En mots, en faits et en gestes, depuis toujours, nous nous abusons sans l’aide de personne ! Nous trompant de cible, de croyance, de dieu, de père, d’amour, de famille, d’institution, de pensées, de mot, de sentiment, de colère et de tristesse. Victimes de nous-mêmes et donc jamais réellement ou totalement responsables, nous nous dupons, allant jusqu’à nous mystifier sur ce que nous sommes ! Tissant notre vie entre des illusions d’optique, des simulacres de carton-pâte et les images fragmentaires et fragmentées de l’être en marche, de l’homme en suspens que nous sommes en puissance. Alors, faute de vérité sur nous-mêmes, de transparence…, le malheur s’installe bon an, mal an, avec ses conflits intérieurs, ses contradictions, la maladie comme symptôme, l’amertume qui l’accompagne, la rébellion qui le sous-tend, et le ressentiment qui nous pousse à agir ou à nous taire, telles des formes multiples d’une pathologie existentielle qui nous empêche vraiment de respirer l’air qui nous entoure, de profiter de la paix qui est au bout du chemin et de la liberté qui nous est donnée en surabondance. C’est pourquoi je demande pardon à la vérité tout entière, au temps perdu et aux espaces que j’ai pu salir de ma présence muette ou trop bavarde. C’est pourquoi, au nom des pères, des mères, des oncles ou des éducateurs, je demande pardon, aux enfants et aux femmes abusés, trompés par ce torrent de vie, par tant de désordre et tant de blessures dans le Monde. C’est pourquoi, au nom de tout cet amour bafoué, je demande aux animaux, à la nature blessée, d’excuser mon peu d’humanité, pour tant de chairs meurtries et tant de mots violents, je demande pardon au passé, au présent comme au futur. Au nom de ces oreilles qui n’ont pas su entendre et de ses bouches trop cousues qui n’ont pas dit l’outrance, pour les excès des uns et le silence des autres, je vous demande pardon. Roland REUMOND |
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