Cette ville a quelque chose de mystique dans sa dynamique lente, musicale…C’est un centre, mais un centre nerveux, une source profonde d’émotions, du miraculeux. C’est une ville qui s’obstine à ne pas être moderne, qui vit avec majesté sa théâtralité séculaire, ses nuits sanglantes de saint Bartolomé, ses prototypes de l’amour contrefaits partout dans le monde.

Paris c’est ondulaire même dans sa conception architecturale, elle résonne, chante avec chaque silhouette qui se balade dans ses ruelles graphiques, trop graphiques…Umberto Eco confiait à ses lecteurs ses promenades dans le Quartier Latin qui l’ont beaucoup aidé à retrouver un style unique dans « Le Pendule de Foucault » : Paris c’est la littérature-incantation.

Paris c’est la confluence érotique du sacré et du profane, le lieu ou les anges perdent leurs ailes dans la débauche bacchantique des sens, des couleurs et des accordéons animés d’une religiosité artistique. En touriste t’es complice à sa vie intime, à son drogue, à son mois de mai tellement parfumé que la Seine se transforme en fleuve-poésie et nous serve des rimes sur les quais…Les étrangers même sont les étrangers parisiens par définition, la mémoire involontaire proustienne va les suivre longtemps après avoir quitter la France, comme le témoin d’une création démiurgique

Le temps est altéré, l’image aussi, on vit tous l’expressionisme à Montmartre : on n’est plus des être humains, mais des couleurs sur la toile magique d’une ville éternelle