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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-11-03 | |
Notre demeure est dans le roc, la flamme nue, la glaise. Toutes les bêtes entendent les étoiles mais les hommes restent sourds. Le chemin des caresses, j’en connais chaque ronce. Je marche à pas de loup pour recueillir la fraise. Les dieux changent de formes, de prières, de fusils. On ne meurt pas de son enfance comme on meurt d’être adulte. Entre la croix et le croissant, j’ai choisi les cerises, les salades, les cigales, le murmure des vagues, le trognon d’une pomme, le grand chien fou du vent qui nous laisse à la joue une lichée de brume, la pluie qui tombe dans la sébile de la terre, la rivière aux eaux pleines, les rayons du soleil qui tricotent les feuilles sans compter les saisons. Nous sommes nés pour vivre. Nous vivrons pour aimer.
La pluie récite l’invisible sur l’ardoise des toits. La pluie s’écoute elle-même. Elle cherche la terre ferme. Elle cherche à tâtons ce qu’elle perd comme nous cherchons notre âme dans les mots, les cimetières trempés jusqu’aux os, la houe rouillée des ancêtres, la poudre des silex retournée à la vase. J’écoute les étoiles qui convergent vers nous, la portée des cigales, la nichée des cailloux quand jappent les montagnes. J’écoute la rosée dans la toile d’araignée. Tout bouge dans l’immobile. Chaque atome est une immense vague portant d’autres atomes. À chaque geste, une mer invisible agite ses marées. Le lieu où l’on rêve n’est pas dans le sommeil. Il est beaucoup plus loin. Il est beaucoup plus près. Il est dans l’origine et la fin de la source. La vie à bras ouverts y recharge son cœur au sang des archétypes. Chaque chose nous parle dans sa langue de silence mais nous n’écoutons plus que la fausseté des dieux. Nous restons sourds au sang qui traverse le cœur. On reconnaît le monde à ses morsures d’obus. Où trouver la lumière sous l’éclat des néons ? Les mots à majuscules ont dissous l’harmonie. Les chasseurs et la proie s’accouplaient dans la faim. Aujourd’hui, le profit a transformé les hommes en chiffres cannibales. On met du sparadrap sur la blessure des volcans sans comprendre la lave. Il faut glisser comme un frisson entre les barbelés, s’échapper de la haine en emportant la source. À l’âge de rêver, les enfants savent déjà les réponses. Quand ils posent des questions, ils font semblant d’apprendre. Entre la croix et le croissant, j’ai choisi l’harmonie, l’autel à ciel ouvert où communient les arbres, les poissons, les oiseaux, les jambes des nuages sur les épaules des montagnes, le musc végétal étourdissant les fleurs, l’hiver soulevant sa jupe devant un feu de bois, la ligne d’horizon relevant ses vertèbres, le miel des abeilles et les bonbons aux fruits. Nous sommes nés pour vivre. Nous vivrons pour aimer.
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