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Evènement aux répercussions cosmiques
prose [ ]

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par [vrajitorul ]

2006-06-12  |     | 



Il n’a jamais dit à personne ce qu’il avait vu ce soir-là devant le moulin. Mais comme j’étais son meilleur ami, son dernier désir a été de me faire partager son secret. Et puisque de nombreuses années se sont écoulées depuis que l’histoire a été écrite dans les livres de Dieu, je vais juste vous raconter ce dont je me souviens.
Depuis que je me connais, j’ai été et je reste un rêveur. Mon enfance, je l’ai passée à lire, à écrire et à flâner sur les collines et les plaines autour de mon quartier. J’adore reconnaître les arbres anciens, envahis par la mousse, les nids d’oiseaux cachés aux aisselles des branches, découvrir des lacs à l’eau froide et limpide, bordés de roseaux, où se promènent paisiblement quelques canards et une foulque noire… Pourtant je n’ai pas vécu tout seul. Personne ne peut vivre tout seul. J’ai été encouragé par ma mère et par mon seul ami. Et c’est de lui que je veux vous parler maintenant.
C’est au cours d’une vadrouille que j’ai rencontré mon ami. Septembre était clément mais frais. Tard dans l’après-midi, je suis parti rendre visite à mes amis, les quelques canards sauvages qui erraient encore sur le lacs à l’extrémité de la forêt. Et là-bas, je l’ai trouvé. Il était seul dans le brouillard qui se levait à fleur d’eau. Il se tenait assis et regardait le jeu des canards, qui n’étaient aucunement intimidés. Il se trouvait à l’endroit même où j’avais l’habitude de m’asseoir, mais je l’y ai laissé pour chercher un autre endroit de repos. C’était la première fois que je le voyais là-bas, mais j’avais l’impression de le connaître. Il me semblait de deux ou trois ans plus âgé que moi. Un corps svelte aux bras et aux jambes longues. Sa tête était couverte d’une crinière charbonneuse, derrière laquelle te regardaient deux yeux noirs pleins d’intelligence.
Nous sommes restés quelques temps au bord du lac sans mot dire. A la tombée du soir, nous sommes partis vers la maison. D’autres jours aussi, nous nous sommes revus auprès de ce lac, mais on n’avait pas trop envie de gâcher le charme de cet endroit. Au printemps suivant, nous nous sommes rencontrés de nouveau et notre curiosité nous a conduit à entamer la conversation, puis plus tard, à nous lier d‘amitié. Comme il connaissait ma nature et mes préoccupations, cet ami m’accorda toute sa confiance pour me dévoiler l’histoire qu’il avait vécue.
Ainsi tout a commencé de manière banale, lors d’une sortie vers le moulin à la périphérie de la ville, sortie qu’il n’aurait du faire normalement que le lendemain, de bonne heure. Mais avant que tout fut fini, personne n’eut été plus heureux que mon ami, si toute cette histoire fut restée ordinaire et ne se fut transformée en un événement aux répercussions cosmiques.
Qu’allait-il faire au moulin ce soir là ? Il allait chercher de la farine. Il attendait plusieurs invités pour le lendemain, et bien qu’il eût encore du pain, il voulait mettre à table du bon pain frais. Le boulanger lui avait promis une boule énorme et si savoureuse que ses invités n’eussent jamais la chance d’en goûter de meilleure. Mais dès que le boulanger s’était mis à pétrir, il s’était rendu compte qu’il manquait de farine pour finir. Alors vers le soir, il avait envoyé mon ami, pour chercher de la farine. Et il est parti, sans savoir ce que l’avenir lui réservait. Les évènements ont commencé au moment où il sortit du moulin. Au lieu de se mettre directement en route pour la boulangerie, il déposa son sac pour reprendre son souffle. La soirée était fort belle et le soleil couchant invitait à jeter un dernier regard alentour. C’est à cet instant qu’il les aperçus. Non loin de là, à une cinquantaine de mètres du moulin, à demi cachés derrière une butte, près d’une Cadillac rose, se tenaient… cinq lutins. Ils bavardaient bruyamment tandis qu’ils jetaient des regards effrayés tout autour. Il semblait qu’ils étaient arrivés sur notre planète absolument par hasard. Et juste quand ils passaient par ici, ils sont tombés en panne de cette poussière magique dont ils alimentaient leur voiture. Ils trouvaient que tout était bizarre et très différent par rapport à leur planète et ils cherchaient un indigène à qui demander l’aide.
Tout d’un coup, ils remarquèrent mon ami, qui se tenait immobile et les observait bouche bée. Comme il n’y avait personne d’autre aux environs, ils décidèrent de lui parler, apparemment très pressés et désespérés. Tous les cinq, ils se sont approchés et se sont présentés :
- Bonjour, étranger ! Nous venons de la planète Quindinback, la planète des lutins. Mon nom est Willy et voici mes amis : Squichi, Zindy, Mindy et Consiliorus.
Mon ami était resté muet. Comme ils ne recevaient pas de réponse, Willy continua :
- Nous sommes partis dans le monde chercher du secours. Notre roi est disparu et nous n’arrivons pas à le retrouver. Est-ce que tu veux nous aider?
A peine le lutin eut-il fini de parler que mon ami, qui venait de reprendre ses esprits, se précipita et essaya d’attraper le lutin. On sait que si l’on attrape un lutin, celui-ci exaucera tout désir. En le serrant contre sa poitrine, il lui dit :
- Willy, je promets de faire de mon mieux pour vous aider, mais ensuite vous devrez exaucer pour moi tout désir.
Les lutins se sont alors consultés entre eux et ont dit :
- Nous sommes d’accord, mais il reste encore un problème. Notre voiture est restée sans combustible. Nous avons besoin de poussière magique.
- Là, je ne pourrai pas vous aider, répondit mon ami. On n’a pas de poussière magique pour les voitures. On utilise de l’essence.
- Qu’est-ce que tu as dans ton sac ?
- Juste de la farine, pour le boulanger.
- Hmm… Essayons ta farine !
Mon ami se mit à rire en entendant cette drôle d’idée, mais il leur donna la farine. Les lutins la prirent et se dirigèrent vers la voiture. Zindy sortit une petite clé en or de sa poche, ouvrit une petite trappe et mit la farine à l’intérieur. Comme par merveille, la voiture commença à ronronner doucement, prête à se mettre en route.
Pendant tout ce temps, Mindy demandait à Willy :
- Laisse-moi aussi conduire la voiture !
- Mais te souviens-tu ce qu’il t’est arrivé la dernière fois ? Tu as détourné un satellite de son orbite.
- Je promets de faire attention ! S’il te plaît ! S’il te plaît !
Willy répondit à grand-peine :
- D’accord, d’accord, je vais te laisser cette fois aussi, mais il faut que tu passes ton permis de conduire quand on arrive à la maison.
Et ils sont tous montés dans la voiture, Mindy au volant, mon ami avec eux, sans oublier d’emporter aussi la farine. La voiture, au lieu de prendre tranquillement la route, s’est levée doucement et démarra à toute vitesse vers la planète des lutins. Sur la route, Mindy conduisit tellement mal qu’ils renversèrent la lune, aussi bien que leurs estomacs. Frôlant dangereusement la ceinture d’astéroïdes, ils faillirent tomber sur Saturne et éraflèrent la peinture de la Cadillac en heurtant Calysto. Enfin arrivés à destination, ils avaient le vertige et tous envie de vomir.
Consiliorus avertit Mindy :
- Vas vite te cacher avant que Willy ne te transforme en cafard !
La voiture atterrit dans le village où vivaient les cinq lutins. Ce village s’étendait à perte de vue. Les maisons étaient faites de champignons aux chapeaux multicolores. Plus tard, mon ami apprit qu’elles étaient faites en massepain et en pain d’épices. Les chemins qui traversaient le village étaient parsemés de bonbons et de caramels. Chaque maison était entourée par une palissade en chocolat et dans les cours, au lieu des fleurs, il y avait des barbes à papa. Les lutins aimaient beaucoup les sucreries, semblait-il.
Après qu’ils se soient reposés, Willy prépara pour mon ami un sac à dos avec de la nourriture et de l’eau pour sept jours et sept nuits. Avant qu’il ne se mette en route, Willy lui donna un cor doré et lui dit :
- Quand tu souffleras dans ce cor, nous apparaîtrons. Mais ne l’utilise que si tu trouves notre roi ! Et mon ami se mit en route. Il quitta le village. Un chemin poussiéreux s’étendait devant lui à perte de vue, sillonnant parmi de basses collines. Il marcha tant qu’il pu et arriva à la lisière d’une forêt. Non une forêt ordinaire, mais bien une forêt enchantée, car les arbres pouvaient se mouvoir d’un endroit à l’autre pour lui bloquer le passage. Comment franchir ces arbres ? Il s’assit pour se reposer, manger… et réfléchir à un plan. Non loin de l’endroit où il s’était arrêté, s’entrebâillait l’entrée de la tanière d’une taupe, qui, en flairant l’odeur de nourriture, sortit au dehors. Quel ne fut pas son étonnement d’entendre la taupe lui demander, à voix humaine, un morceau de brioche.
- Viens et prends tant que tu veux, dit mon ami en déposant un gros morceau de brioche sur l’herbe. La taupe s’en régala. Puis remarquant le grand cœur de mon ami, lui dit :
- Je sais quel est ton chagrin. Tiens-moi cette noisette. Si tu en manges, tu deviendras tout petit et tu pourras rentrer dans ma tanière. De là, je te conduirai par mes galeries jusqu’à l’autre bout de la forêt. Dit et fait. Et quand ils sont arrivés à l’autre bout, elle lui a donné une noix qui, après qu’il l’ait mangée, lui rendit sa taille humaine. Il la remercia pour l’aide accordée, prit congé et reprit sa route.
Et il marcha encore et encore, jusqu’à ce qu’il aboutit à une plaine constellée de fleurs, tellement belles et parfumées qu’on y ressentait le besoin de s’asseoir et de ne plus jamais partir. Comme il restait parmi les fleurs, tout d’un coup apparut une abeille, qu’il saisit (hap !) en plein vol.. Mais pris de pitié, il rouvrit sa paume et la libéra. L’abeille reprit son vol, mais revint seule se poser au creux de sa main. Elle y déposa deux petites tasses de nectar, une tasse de nectar jaune et une autre de nectar rouge, doux et parfumé. L’abeille lui dit :
- Si tu bois du nectar rouge, tu deviendras un géant et ainsi tu pourras échapper au charme et au parfum des fleurs. Après avoir traversé la plaine, bois de la tasse au nectar jaune et tu redeviendras comme tu es maintenant. Ainsi aidé par l’abeille, mon ami échappa à la plaine aux fleurs enchantées.
Et encore se mit-il en route et marcha jusqu’à ce qu’il arrivât devant un fleuve immense. Sur la berge on pouvait voir les traces d’un pont, mais il était clair qu’il ne pouvait pas traverser par là. Comme il restait au bord de l’eau à réfléchir à une façon de se tirer d’affaire, il remarqua les poissons argentés qui jouaient sous le miroir de l’eau. Il eut alors envie de manger du poisson frais, car il en avait marre des vivres du sac à dos. D’une aiguille et d’un bout de ficelle, il improvisa une canne à pêche et essaya d’en prendre au moins un. Il sentit vite la ligne s’alourdir et remonta un bien beau poisson. Mais quand il allait le frire, il vit que le poisson le regardait avec tellement de douleur dans ses yeux qu’il eut pitié et voulut le relâcher. Avant de sauter dans l’eau, le poisson laissa tomber de sa bouche une petite bouteille remplie d’une potion bleue. Sur la bouteille était inscrit :
De cette bouteille si tu bois,
Un poisson tu deviendras,
Cette eau tu traverseras,
La cascade bleue tu joindras,
Le roi tu rencontreras.

Il pensa que beaucoup de choses bizarres lui étaient arrivées depuis qu’il avait quitté sa maison et qu’il s’en était plutôt bien sorti. Ainsi se décida-t-il à boire la potion, puis il se jeta dans l’eau. Il sentit bientôt que l’eau coulait plus vite, encore plus vite. Il était arrivé à une cascade. Il commença à avoir peur, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Quand il arriva en bas, au lieu d’eau, il se vit atterrir sur un tas d’arêtes. Il essaya de bouger et remarqua qu’il était redevenu humain. Il se leva et regarda tout autour. A quelques mètres de l’eau on pouvait voir une petite maison, semblable aux maisons du village des lutins. La maison était simple… un lit, une chaise, une table sur laquelle se trouvait une assiette pleine d’arêtes. Il semblait que le lutin venait de manger. Il pouvait alors s’expliquer la présence du tas d’arêtes près de l’eau. Dans la maison, se tenait assis un lutin vieux et sympathique, un livre à la main, et qui le regardait par-dessus ses lunettes. Il avait une barbe longue et blanche comme la neige, un corps rondelet et un visage rond, au regard souriant.
- Qui es-tu et qu’est-ce que tu fais par ici ? demanda mon ami au lutin.
- Je suis le roi des lutins et j’ai fui mes sujets. Tu le comprendras un jour. Vas-y maintenant, tu peux utiliser ton cor.
Mon ami porta le cor à sa bouche et souffla avec force. Sitôt fait, Willy surgit auprès d’eux. Content de revoir son roi, Willy les ramena tous, en un éclair, dans le village des lutins.
Tout le monde était très content, sauf le roi retrouvé, qui ne l’était pas. Les lutins organisèrent une grande fête en l’honneur du roi. Ils disposèrent de longues tables, chargées de toutes sortes de gourmandises : des dindons entiers, frits, des montagnes de poulets, des porcelets. Une vache entière tournait à la broche. Des salades bien épicées comme ils aiment bien, les lutins, débordaient d’énormes coupes, des montagnes de purée et des marmites pleines de sauce hollandaise. Un aspic de foie gras était préparé dans une marmite vaste comme un lac. Les délicatesses suprêmes étaient un gâteau grand comme un palais, orné de fruits et de chantilly, portant au sommet une figurine en chocolat ayant le visage de mon ami. Des centaines de variétés de gâteaux et de gelées de toutes les couleurs étaient préparées, prêtes à être mises sur les tables. On avait aussi préparé des bananes flambées, brûlantes comme le soleil d’été, des salades de fruits dans un récipient haut comme un palmier, de sorte qu’il fallait une échelle pour pouvoir s’en servir, des fruits glacés et de la glace, tellement froide et moelleuse que la langue gelait en la léchant. Tout le monde mangeait et se réjouissait. Quand, soudainement, Willy prit une flûte en or et souffla. Tout le monde se tut. Il appela mon ami, le remercia pour l’aide apportée, et le pria d’exprimer son désir.
Mon ami répondit :
- Je veux être le roi des lutins.
Ils en restèrent bouche bée. Seul le roi retrouvé, au comble du bonheur, disparu à sa cachette, qui n’était dorénavant plus secrète. Les lutins tinrent conseil, mais ils se devaient selon leur promesse d’exaucer son désir. Finalement, ils s’estimèrent ravi d’avoir un roi tout jeune et qui ne s’enfuirait pas comme le précédent.
C’est ainsi que commença une nouvelle vie pour mon ami. Willy posa sur sa tête une couronne en or, ornée du symbole des lutins, un trèfle à quatre feuilles. Il posa sur ses épaules une cape bleue comme le ciel et lui remit aussi un sceptre qui lui conférait les mêmes pouvoirs que ses sujets. Ils lui montrèrent l’endroit où il allait vivre : un palais qui semblait être fait de gelée rouge, avec des vitres en sucre candi, de gigantesques portails en chocolat et une tour brillante en caramel. La source de lait doux coulait près du palais et, de l’autre côté, il y avait une source du miel le plus parfumé auquel il eût jamais goûté de sa vie.
Tard le soir, ils sont tous partis dormir et le nouveau roi se coucha sur un lit en pain d’épices. Le lendemain, ils se réunirent tous encore pour fêter leur nouveau roi et ainsi pendant trois jours, à manger et à boire. Le quatrième jour, ils eurent envie de danser et donc, ils se chaussèrent et commencèrent à danser avec ardeur. Comme mon ami ne connaissait pas leurs danses, ils lui offrirent une paire de chaussures enchantées, qui, une fois chaussées, se mettaient à danser toutes seules.
Et encore ainsi pendant plusieurs jours. Les lutins semblaient infatigables, mais mon ami commençait à s’en lasser. Il se demandait s’il allait festoyer comme ça toute sa vie. Depuis plus d’une semaine déjà ils faisaient ainsi bombance, quand quelque chose arriva qui les stoppa net les lutins. Une petite tache apparut dans le ciel, qui s’agrandissait. Quand elle se fut rapprochée, elle se transforma en un oiseau bleu, aux plumes peintes de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il planait gracieusement au-dessus tout le monde, comme s’il cherchait quelque chose. Puis, laissant tomber une plume jaune dans la paume de mon ami, il disparut à l’horizon. Les lutins en restèrent abasourdis. Cet oiseau apparaissait très rarement et annonçait des changements dans leur vie, et pas uniquement des changements pour leur plaisir. Les légendes disaient que pour celui qui avait une plume de chaque couleur de l’arc-en-ciel, ses qualités devenaient des défauts, et que toute bonne personne devenait méchante. Les lutins connaissaient la légende, mais ils n’étaient pas autorisés à la dire à mon ami. Il fallait qu’il se débrouillât tout seul. Or, mon ami était tellement charmé par la beauté de l’oiseau et par les couleurs brillantes de ses plumes, qu’il oublia tout et tous et se mit à suivre l’oiseau bleu. De temps en temps celui-ci laissait tomber une plume, que mon ami s’empressait de ramasser. Il ne passa pas longtemps avant qu’il eût des plumes de toutes les couleurs et dès lors commença le changement. Il oublia le sourire, ne parlait plus doucement avec ses sujets, il leur criait dessus et les grondait pour la moindre erreur. Fêtes et danses leur étaient désormais interdites, ce qui rendit les lutins très tristes, car ils aimaient beaucoup danser. Ils commencèrent à l’éviter et n’allaient plus chez lui demander conseil, comme ils le faisaient avec l’ancien roi.
Exaspéré par cette nouvelle vie, un jour, Willy prit son courage à deux mains et se rendit devant mon ami.
- Ecoute, mon roi, tu as beaucoup changé depuis la visite de l’oiseau bleu. Tu as perdu la bonté de ton âme, tu es toujours fâché et rien ne te plaît. Dis-moi, comment pourrait-on t’aider ?
- Ote-toi de ma face, Willy ! Je suis votre roi et je fais selon mon bon vouloir.
Willy s’en alla, peiné d’avoir été ainsi traité. Il se dirigea vers la bibliothèque pour demander conseil à Consiliorus. Celui-ci prit un livre dans une étagère et lui dit :
- Ce livre s’appelle « La licorne » et voilà ce que j’ai trouvé dans mon périple à travers ses pages : « Si tu as trouvé toutes les plumes de l’oiseau bleu et que tu en sois devenu méchant, tu peux redevenir bon. Pour cela tu doit prendre un cheveu de la crinière d’une licorne, le plonger dans de l’eau et, au bout de trois jours, boire cette eau. »
Willy prit aussitôt la décision de se mettre en route. Il appela ses amis et leur dit :
- Nous devons sauver notre roi. Je prends la route tout de suite. Qu’allez-vous faire, vous ?
- Nous nous cachons où l’on peut, dit Mindy.
Squichi, le plus courageux d’entre eux, dit lui aussi :
- Allez, les amis, nous devons y aller. C’est nous qui l’avons trouvé, nous qui avons exaucé son désir et qui ne l’avons pas arrêté quand il s’est mit à ramasser les plumes. En outre, c’est lui qui a retrouvé notre roi, tandis que ceci était de notre tâche. Mais nous avons préféré faire la fête et danser au lieu de le rechercher sérieusement. Moi, pour ma part, j’y vais. Qui vient avec nous ?
Consiliorus, Zindy et Mindy décidèrent de se joindre à eux, car ils étaient meilleurs amis et formaient la meilleure équipe de tout le royaume. Le lendemain donc, ils se mirent en route. D’après d’anciennes légendes, Willy savait qu’il y avait une licorne qui vivait sur la montagne Pointue, une montagne dont on distinguait à peine la pointe enneigée, loin à l’horizon. Consiliorus, le plus sage d’entre eux, se rendit chez le roi et lui dit :
- Nous allons essayer de t’aider. Nous serons partis pendant quelques semaines. Mais parce que le vieux roi s’échappait sans cesse et se cachait de nous, je te conseille, toi, de nous attendre. Si tu t’enfuis et que tu ne reviennes plus ou que tu n’envoies pas quelqu’un te remplacer, dans dix ans la terre sera maudite et portera malchance à tous ses habitants.
Il s’en alla, laissant mon ami réfléchir à ses paroles. Il passa chez lui prendre quelques petites bouteilles de filtres enchanteurs, car on ne sait jamais ce que nous réserve un tel voyage. Il rejoignit alors ses amis.
Après trois jours de route, ils aboutirent à une mer de sable. Que du sable, à perte de vue, sans possibilité de contournement. Alors s’engagèrent-ils droit devant. A peine eurent-ils fait dix pas, qu’ils entendirent un grondement sinistre et un ver géant surgit devant eux. Consiliorus sortit de son sac à dos une de ses potions magiques. Sur la bouteille on pouvait lire :
Si tu en prends, comme un tourbillon tu partiras,
A la vitesse de la lumière, cinq minutes du pouvoir tu auras.
Chacun en pris une rasade, Mindy en a pris davantage, car elle était très douce, la potion, et c’est ainsi qu’ils réussirent à traverser le désert. Ils poursuivirent leur route jusqu’à une région vallonnée. Et comme ils traversaient une vallée assez étroite, juste en son milieu la route était barrée par quelque chose d’énorme et jaune. C’était un gigantesque morceau de polenta. En le voyant, Squinchi dit : « Ce sont encore ces deux géants qui se sont querellés et ont jeté leur dîner ». Pendant qu’ils échangeaient leurs avis sur la façon de traverser, car ils n’avaient pas trop envie de faire demi-tour et prendre un autre chemin, Mindy, qui était le plus gourmand et le plus affamé, s’assit et commença à manger calmement.
- Ah voilà, quelle bonne idée nous a donné Mindy. Que diriez-vous de faire venir un troll pour nous débarrasser de cette polenta ? dit Consiliorus. J’ai sur moi une potion parfaite pour attirer les trolls toujours affamés.
Il jeta la potion sur la polenta et une odeur enivrante se dégagea. A l’instant, un troll apparut et engloutit tout en un clin d’œil. Les lutins étaient contents. Le troll lui-même était ravi et bien repu, excepté Mindy, qui n’avait pas réussi à manger à sa faim.
Après avoir réussi à quitter la vallée, ils entamèrent l’ascension de la montagne recherchée. Plus ils montaient haut, plus les jours étaient frais, les pentes couvertes de forêts de sapins et on pouvait voir par endroits des taches de neige. A mi-montée, ils tombèrent sur une vaste prairie, mais couverte par une couche de glace luisante et étincelante sous la lumière du soleil.
- Qu’allons-nous faire maintenant, Consiliorus? demanda Willy.
- Pas de souci. J’ai sur moi une potion qui, si je la verse sur la glace, la fera fondre et nous pourrons nous frayer un chemin au travers.
Consiliorus à leur tête, ils suivirent tous le chemin dégagé par celui-ci au milieu de la glace et parvinrent de l’autre côté. D’ici ils atteignirent vite les contrées où vivait la licorne. Mais vous n’en croiriez pas vos yeux, ce sont deux licornes qu’ils découvrirent , une blanche comme le lait et une autre rouge comme le sang. Consiliorus leur conseilla de prendre un cheveu de la licorne blanche et non de la licorne rouge, car la licorne blanche portait la pureté et la bonté. Ils agirent ainsi tout comme on leur avait indiqué et regagnèrent leur village. Surprise : le roi avait disparu. Que lui était-il arrivé ?
A peine les lutins étaient-ils partis en quête de la licorne, que mon ami avait fuit le village et était retourné sur la terre.
Depuis lors, les années ont défilé et le moment approchait où mon ami devait prendre une décision. Hélas il est tombé malade et c’est sur son lit d’hôpital qu’il m’a raconté toute l’histoire. Son dernier désir fut que je sauve la planète de la malédiction des lutins. Alors, je dus attendre l’automne suivant pour faire leur rencontre.
Et, par un septembre au parfum d’encens, nous nous sommes rencontré, toujours près du moulin. Comme j’avais déjà pris ma décision, je leur en fis part :
- Toi, Willy, tu as prouvé être le plus sage, courageux, bon et honnête et tu as aidé les tiens. Pourquoi ne voudrais-tu pas être le roi des lutins ? Et si jamais tu as besoin d’un conseil, moi, je serai ici chaque automne.
Les cinq se sont regardés l’un l’autre et ont répondu :
- Tu nous as donné un bon conseil.
- Mais qu’est-ce qu’on va faire de la malédiction ? demandai-je.
- Parce que tu nous as aidé, la planète est sauvée. Et en un clin d’oeil ils avaient disparus.
C’est ainsi que finit cette histoire inhabituelle et je ne veux même pas penser à ce qu’il serait arrivé si la malédiction n’avait été ôtée.
Il fait de nouveau un septembre doré. J’attends près du moulin la visite de quelques amis du lointain cosmos, les lutins.


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