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La Bibliothèque des mots (fragment)
prose [ ]
[Un étranger parmi les autres]

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par [h.p.sebastian ]

2009-04-25  |     | 



Un seul mot.

La Bibliothèque.

Et quelques pas dans la chambre. Et c`était tout. C`était la fin non seulement d`un mot, mais aussi d`un livre. Un livre que j`aimais beaucoup pendant les années quand j`étais étudiant dans une grande université. Dans mon pays. Dans un espace dont je ne me rapelle pas du tout le nom.

Voilà, mon pays sans nom. Mais le pays des écrivains connus partout dans le monde.

Simple et profond, je commencais mon histoire et celui des livres. L`histoire des livres et de moi-même.

Je regardais les livres et je me taisais. Je ne disais aucun mot. Je ne faisais rien. Je m`assoyais sur une des chaises qui se trouvait dans la chambre et je feuilletais un livre.

Le livre de Ionesco.

Eugène et tout ce qui tenait de la dramaturgie disparaissait pour toujours. Toujours était un mot étrange. J`aimais le théâtre de Ionesco. Les masques étaient toujours les mêmes, mais les scénarios se confrontaient avec une crise. C`était la crise du personnaje. Non, pas du tout. C`étais la crise d`un lecteur qui ne pouvait pas faire la différence entre la solitude et l`absurde de la situation. C`était une situation qui supposait une sorte d`indiférence. Peut-être l`absurde et la parole qui se cachaient devant la fenêtre large ouverte. Je me taisais encore.

Je parlais silencieusement avec mon double. Mon double c`était moi. Moi c`était le double. J`écrivais sur la feuille du papier blanche des mots inconnus. Je venais de faire du théâtre. Mais je n`étais pas un metteur en scène. J`étais un simple spectateur. Je me taisais. Je me fachais contre les imbeciles. Contre les gens qui ne lisaient aucun livre. Contre les gens qui venaient à la bibliothèque pour se moquer d`autres personnes. Et de moi aussi. Tout le monde se confrontait avec la crise des personnages, des mois qui ne reconnaissait pas les droits d`un dramaturge.

Le grand dramaturge était toujours celui qui se révoltait contre ses spectateurs, contre ses propres jeux mélancoliques. La mélancolie c`était une notion abstraite, une sorte de folie qui se manifestait chez tous les écrivains depuis l`enfance jusqu`à la mort parmi les mots. Et les mots étaient la chose la plus naive qui gouverne l`âme. Et l`âme était la sensibilité des inconnus. Et l`inconnu devenait ombre. Et l`ombre devenait pendant la nuit ange. Et l`ange devenait homme. Et l`homme était un spectateur. Et le spectateur se moquait de son créateur. Et le créateur était le pauvre Ionesco. Simple et profond. Le théâtre et ses crises. Moi et la chute dans la nuit des ennuis. Simple. Et profond.

Je ne parlais que d`un simple livre et d`un simple dramaturge. Le seul. Les mots et la vie d`un étranger.

Moi.

Je suis ce moi qui se dirigeait vers la nuit.

Non, pas du tout.

Je me dirigeais vers le ciel.

Non, pas du tout.

Je me dirigeais vers le théâtre et vers les spectateurs.

Oui, c`était vrai.

Moi, le seul individu qui aimait le jeu des artifices, des étoiles et des animaux. Les animaux qui étaient des rhinocéros. Mes rhinocéros signifiaient la vie des neutres. Les neutres pouvaient être mes pensées. Les pensées des autres dramaturges et des autres enfants. J`étais un enfant des livres et des spectacles. Un enfant du théâtre. Sans être un génie en herbe je lisais trop.

Un livre par jour ? Non, je mentais. Je lisais des pages pour tous mes amis. Je lisait comme une femme qui n`aimait que les pages sans coleurs des lettres d`amour. L`amour et ses mots. Les mots d`un inconnu. Mes mots autour d`un théâtre que Eugène proposait dans chaque jour, chaque nuit, chaque semaine, chaque mois.

Eugène et moi, nous deux à la recherche des rhinocéros.










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