Il ne bougeait pas.
Face à lui, la Faucheuse l'observait de ses orbites vides.
Sa faux prête à frapper, rejetée vers l'arrière, la lame cherchant le ciel.

Il ne bougeait pas.
Il voyait la lame parcourir une belle trajectoire, tranchant le vent. Sa peur le tétanisait.

La Faucheuse ne bougeait pas.
Elle semblait attendre. Mais attendre quoi ?
Son premier geste...
Il ne bougeait pas.

La menace présente et statique vrillait chaque muscle, chaque nerf.
Il voyait la lame entamer son flanc, entrer en lui, taillant l'os et la chair avant de monter pointe au ciel.
La Faucheuse ne bougeait pas.

La sueur glacée lui piquait les yeux.
Ses yeux écarquillés d'horreur à quelques centimètres de son assassin.
Les yeux dans... rien.
Il ne bougeait pas.

Il se voyait coupé en deux morceaux distincts au niveau des hanches, son buste basculant vers l'arrière avant d'exploser tel du verre en percutant le sol.
Milliers et centaines de milliers.
Il savait cela.
Il ne bougeait pas.
Il savait cela ;
ils ne bougeaient pas.
Il savait cela ?
Il savait cela ?

Il bougea...
Elle bougea...

Courbe harmonieuse, métal étincelant, trajectoire parfaite.
Le sol eut peur, le ciel se crut blessé.

Il ne mourut pas.
La Faucheuse se remit en garde, telle qu'elle avait toujours été.
Intact...
Il pensa qu'elle allait rire mais elle ne rit pas.

Il vivait et bougeait.

Et que brûlent les vieilles icônes.