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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-09-14 | |
Le 22 décembre 1989, 7 h - à la radio, le journal dans le ton de l'époque bénie de la dictature ("l'époque d'or"): victoires, essor, dépassement du plan de travail, engagement, records, inventions, même les conditions climatiques sont supérieures à celles des pays occidentaux. Dans cet état, les objets perdent leur forme, matérialité, sens; les images se déroulent en accéléré sur le fond de sentiments de haine, dégoût, espoir, certitude, explosion de joie, état de veille, exubérance, calme, désillusions, renoncement, désir d'oubli et de changement, équilibre et indifférence.
(...) Ces images enchaînées représentent, en résumé, la séquence de la vie personnelle mise à l'épreuve par les plus hauts défis, quand rien (de ce qui est dangereux et risqué) n'a été étranger pour moi, quand j'ai réalisé que chaque personne porte son destin sans que l'autre puisse avoir une responsabilité, c'est comme dans la souffrance quand tu es seul et que personne d'autre ne peut la prendre en charge. J'essaie d'établir un ordre linéaire ou, au moins, en spirale, de ces événements: le pari avec Doru sur la chute de Ceausescu, la rencontre avec Dan, effrayé par l'exécution par balle du général Milea, le coup de téléphone à Arad à 11 h 30 environ, comme un pressentiment de la fuite de Ceausescu, 12 h : 05, la fuite de Ceausescu, l'annonce de la nouvelle, la migraine digne du "Livre des Records", les voitures qui klaxonnent sur le boulevard Tomis, 12 h : 30, devant le siège du Parti, les masses qui crient: À bas le communisme!, À bas le dictateur!, 13 h : 00 - dans une salle, prend forme, ad hoc, un comité révolutionnaire, l'intervention brutale qui accuse le style communiste, les courses faites à la "Securitate" pour négociations (j'étais accompagné par Dan Antonoaie) puis, à la "Marine Militaire", avec l'acteur V. Cojocaru; le 23 décembre 1989 - les discutions avec l'amiral I. Stefan - je constate, à cette occasion, la perte de la boussole par l'armée; le 24 décembre 1989 - conversation téléphonique avec l'amiral Iordache - sa lâcheté en dit long, dans une seule phrase: "notre devoir est de ramasser les morts dans les rues". J'étais convaincu, même avant cet appel, de l'étroitesse de vue de nos officiers, de leur manque de capacité de prendre les bonnes décisions, d'être conscients de la responsabilité assumée. Le 12 janvier - la joie de Mincu… la plus grande victoire sur le communisme! Le 13 janvier - on revient; Le 28 janvier - l'arrivée des mineurs à Bucarest. Le 29 janvier - la rencontre avec Stefan et le fait que j'aie réalisé que la Révolution avait pris fin, plus précisément, avait pris une tournure non souhaitée. La politique vise seulement l'homme en ce qu'il a de plus vulgaire et éternel. J'ai traversé une période quand j'avais décidé de participer à l'histoire, en me jetant dans le tumulte du présent avec tout l'enthousiasme, pour ne pas laisser le temps s'écouler à côté de moi. J'ai eu l'impression d'avoir participé aux événements similaires à ceux de '48. Je refusais même de dormir. J'avais l'esprit occupé tout le temps où j'étais debout: pendant la journée, dans le tumulte du quotidien… et la nuit, dans la lecture et l'écriture des articles. Je condamnais le salut "à vos ordres!" (Vivez de longues années!), qui était devenu comme un salut nazi. Au début, j'étais heureux de la reconnaissance des valeurs de notre intellectualité. C'était la période où je croyais profondément que les pensées qui ne finissent pas par des gestes concrets, sont parfaitement inutiles. Avec le collègue Dumitrascu, nous avons préfiguré la structure de l'Université "Ovidius", mais le 28 janvier nous nous sommes séparés et, en même temps, je me suis séparé de tout mouvement. (...). .................. note: traduit du roumain d'après "Voiajul" (Le Voyage) - de Ioan Mircea Popovici, livre paru chez Muntenia, 1994 |
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