Enfant, ces quelques vers venus des îles m’avaient profondément marqué ; « Écoute plus souvent les choses que les êtres. La voix du feu s’entend, entends la voix de l’eau ! Écoute dans le vent le buisson en sanglot ; c’est le souffle des ancêtres. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. »
Alors j’ai écouté le vent. Longtemps je suis resté assis là, sans rien dire, avec la brise pour compagne. J’ai compris que tous les sons de la Terre étaient encore présents, chantant à nos oreilles hélas fermées aux discours de la nature. Au loin l’écho s’en va, diminuant peu à peu, jusqu’à le croire éteint. Illusion ! L’air frissonne encore du souvenir de nos pères…
Il fallut des années de travail pour construire cette machine capable de retrouver, par de puissants calculs, les musiques, les sons et les mots du passé. Éole, dieu des vents, tu m’as fait ton ami ; merci de me révéler les secrets d’hier.
Quand ma parabole s’oriente dans l’air du soir, les voix d’autrefois éclairent ma nuit. Molière, Voltaire, Pasteur, César et Alexandre ! Ma science vous fait reprendre force et vigueur ! Pour moi seul… Les hommes baignent dans l’Histoire, dans la Vérité, et ne le savent pas !
Mais aujourd’hui, puissant Éole, réponds à ma prière ; je veux que tu me livres le plus grand des secrets. Ma machine t’écoute, impatiente et fébrile, vibrante du pouvoir de la fée Électricité. Je veux entendre le commencement ! Le tout début ! Éole, je veux entendre le premier mot de la création… MAINTENANT !

« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous interrompons nos programmes pour vous informer de cet événement incroyable ; les scientifiques du monde entier restent sans réponse face à ce phénomène que nul n’aurait imaginé ! Aujourd’hui, à 18h37 précises, heure de Greenwich, le vent s’est arrêté de souffler sur toute la